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Bienvenue sur mon blog !!! Son but : Marchons ensemble ! et avançons sans ampoules vers la Terre Promise

Association

L'association PAIX - EIRHNH - SALAM - SHALOM ("Paix" en Français, grec, arabe et hébreu translittérés) :

En quoi consiste-t-elle ?
Créée le 21 Avril 2011, cette association a pour but de promouvoir des actions concrètes de rapprochement entre les peuples, dans le cadre de la paix dans le monde et du dialogue inter-religieux.
Pour 2011, l'action principale consiste en "première mi-temps" à rallier à pied Bois-Guillaume à Jérusalem ... puis en "seconde mi-temps" à déposer dans une fente du mur des Lamentations tous vos messages de paix ... puis en "troisième mi-temps" de partager ensemble tous ces moments de rencontres sur la route !


Comment y adhérer ?
Si vous le souhaitez, vous pouvez apporter votre contribution [sans déduction d'impôt possible], à titre d'entreprise-sponsor ou de particulier-bienfaiteur, en envoyant un chèque libellé à l'ordre de l'Association PAIX-EIRHNH-SALAM-SHALOM et du montant que vous souhaitez à l'adresse suivante: chez Monsieur Benoît MOULIN, 344 Chemin de Clères, 76230 BOIS-GUILLAUME.
Cette contribution servira pour aider les personnes qui voudront bien accueillir sur le chemin ...


Le Blog et l'Anti-Blog :
Chaque jour (ou presque !!!) sur ces pages, vous retrouverez :
- Le blog du pèlerin,
- L'anti-blog du co-pilote, Amédée BOURAIN ainsi que la pensée de celles et ceux qui m'ont accueilli pour un soir !!!

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afin d'illustrer l'évènement de notre Ben - Vos commentaires dans le message du 10 Novembre - Message à Tahar !

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Les Colombes de la Paix !!!

vendredi 30 septembre 2011

Jour J + 146 : Dörtyol => Iskenderun (53 kms - Total = 4949 kms)

Pensée Spirituelle
"Pour les soufistes, l’Amour est savouré, mais son essence demeure incomprise."
(Jacqueline KELEN)
 
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Le Messager a cru en ce qu'on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi les croyants. Tous ont cru en Dieu, en Ses anges, à Ses livres et en Ses messagers. […] A Dieu seul appartiennent l'Est et l'Ouest. Où que vous vous tourniez, la Face (direction) de Dieu est donc là, car Dieu a la grâce immense. Il est Omniscient."
(Sourate 14 [Al-Baqarah [La vache]], Versets 285a ; 115)


Aujourd’hui comme depuis déjà quelque temps, je ne vous parlerai pas de ma vie sur le chemin, ni de ce qu’y vois, mais de l’expérience unique que j’ai pu ressentir dans un voyage-éclair sur Konya, ville tentaculaire et champignonesque au cœur de la Turquie … Car si de base je suis quelque peu « crazy », je l’ai été encore plus, le temps d’une soirée, pour faire plus de huit heures en car aller et retour pour gagner le berceau de Mevlana et de la culture soufie, avec en apothéose, le « Sema », spectacle-imprégnation de la danse des derviches tourneurs. Vous verrez, si vous avez le courage de lire jusqu’au bout, que tout y est codifié, interprété, symbolique, vivant, décapant. Car ce n’est pas un spectacle à voir, c’est vraiment à vivre, avec des « interprétants » (plus que des musiciens ou acteurs - danseurs ») qui nous font rentrer dans leur monde, dans leur voie, dans leur chemin vers le divin … Ce n’est pas un pèlerinage en ligne presque droite, c’est une démarche rotation sur soi-même … Rien que pour cela, le passage par Konya à la rencontre des « Mevlevis » devrait être … humainement obligatoire, tant elle semble logique, bien conçue et orchestrée, universellement adaptée à tout un chacun, croyant ou non, de toute religion, de tout courant de pensée, et / ou simplement … humain ! (ah, j’oubliais de vous dire que le « Sema » ou danse des Mevlevis – derviches tourneurs, est inscrit depuis 2008 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, par l’UNESCO. Notre liste s’allonge …) :


 La cérémonie des derviches - tourneurs
 
"Sema", la cérémonie de derviche de tourbillonnement, qui résulte de l'inspiration de Mevlana Celaddin-i Rumi (1207 - 1273), fait partie des coutumes, de l'histoire, des croyances et la culture turques. "Sema" comporte sept parties, dont chacune symbolise une étape du voyage mystique vers la perfection, appelée "l'Ascension" ("Miraç" en turc).
La science contemporaine confirme avec certitude que la condition fondamentale de notre existence consiste à tourner. Il n'y a aucun objet ou être vivant qui ne tourne pas, et ce qui est en commun entre eux est la révolution des électrons et des protons dans leurs atomes, lesquels sont les constituants de toutes les choses, depuis les particules les plus petites jusqu’aux astres dans le ciel. En conséquence de cette similitude, tout tourne dans l’organisme au moyen de la révolution dans ses atomes, à la fois dans les éléments structurels du corps, par la circulation de son sang, par son arrivée sur la terre et son retour, mais aussi dans sa révolution avec la terre lui-même.
Cependant, tous ces phénomènes sont des révolutions naturelles, inconscientes. Mais l'homme est le propriétaire d'un esprit et d'une intelligence qui le distinguent et le rendent supérieur à d'autres êtres. Ainsi, "le tourbillonnement des derviches" ("Semazen" en turc) pousse leur esprit à participer à cette similitude partagée, celle de la révolution de tous les autres êtres.
La cérémonie "Sema" représente un voyage mystique de la montée spirituelle de l'homme par l'esprit et l'amour pour atteindre "la Perfection" ("Kemal" en turc). D’abord assis sur une peau de mouton (représentant l’animalité de l’ego), ils se lèvent (pour montrer qu’ils quittent cette animalité pour se tourner vers la spiritualité, puis ils tournent … et c’est alors qu’en tournant vers la vérité, un groupe de derviches grandit par l'amour, abandonne son ego, trouve la vérité et parvient à "la Perfection". Et il revient ensuite de ce voyage spirituel comme étant un homme qui a atteint la maturité et une perfection plus grande, afin d'aimer et d’être utile à toute la Création et à toutes les créatures, sans distinction de croyance, de classe ou de race. Les derviches, avec leurs coiffures (représentant la pierre tombale de l'ego), leurs jupes blanches (représentant le linceul de l'ego), naissent spirituellement à la vérité en enlevant leurs manteaux noirs (représentant la mort de l’ego, dont ils se débarrassent ainsi) et ils voyagent et avancent vers la maturité spirituelle, en empruntant les étapes d'une cérémonie "Sema". Au début et à chaque étape de la cérémonie "Sema", tenant leurs bras en position de croix, ils représentent Dieu, le numéro un, et témoignent ainsi de l'unité de Dieu.
Puis en faisant tourbillonner, leurs bras ouverts, leurs mains droites dirigées vers le ciel et prêts à recevoir la bienfaisance de Dieu, regardant en haut, ils tournent leurs mains gauches vers la terre et, tournant de la droite vers la gauche, ils pivotent autour du cœur. Ceci est donc le chemin pour transmettre avec vigilance le cadeau spirituel de Dieu au peuple, que Dieu "voit selon un regard divin". Car en tournant autour du foyer, de la droite vers la gauche, ils embrassent avec affection et amour toute l'humanité et toute la Création.
La cérémonie "Sema" consiste donc en plusieurs parties ayant des significations différentes :
  1. Le « Sema » commence par une panégyrique "Nat-I serif" adressée au Prophète, Muhammad, lequel représente l'amour et tous les prophètes avant lui. Les louer permet de louer Dieu, qui les a tous créés.
  2. Cette panégyrique est suivie par un son de tambour, symbolisant la divinité du Créateur … "Kun=Be!".
  3. Alors suit une improvisation de musique instrumentale ("Taksim" en turc) en ayant recours à un instrument à vent avec anche fait en de roseau, appelé un "ney", ce qui représente le premier souffle, celui qui a donné la vie à tout : le souffle Divin.
  4. La quatrième partie est celle où les derviches se saluent et exécutent leur promenade circulaire trois fois répétée appelée le "Devri Veledi", le tout accompagné par de la musique appelée "Peshrev". Cette partie symbolise le salutation d'âme à l'âme, lesquelles sont dissimulées dans les formes et les corps organismes.
  5. La cinquième partie est le "Sema (le tourbillonnement), qui consiste en quatre saluts ou" Selams ". Au début et à la fin de chaque salut, le derviche témoigne de l'unité de Dieu avec son apparence :
    • a. Le premier salut est la naissance de l'homme dans la vérité, à travers le sentiment et l'esprit. Il représente sa reconnaissance complète de l'extase de Dieu, Lequel est vraiment le Créateur et son propre état d'être.
    • b. Le deuxième salut exprime le ravissement de l'homme, devenu témoin de la splendeur de la Création, devant la grandeur de Dieu et son omnipotence.
    • c. Le troisième salut est la dissolution du ravissement au sein de l'amour et ainsi le sacrifice de l'esprit dans l’amour. C'est la soumission complète; c'est l'annihilation de moi dans la personne aimée, dans Son unité. Cet état d'extase est connu comme étant "le Nirvana" dans le Bouddhisme et "le Fenafillah" dans l'Islam. Dans le Bouddhisme, ceci correspond à l'état le plus haut d'extase. Cependant, le rang le plus haut dans l'Islam est le rang atteint par le Prophète : il est appelé le serviteur de Dieu, et donc en cela son messager. Le but de "Sema" n'est donc pas l'extase intacte et la perte de pensée consciente, mais la réalisation de la soumission à Dieu.
    • d. Le quatrième salut : de même que le Prophète est monté "sur le Trône" et qu’ensuite il est retourné à sa tâche sur la terre, les derviches tourneurs, après la fin de leur voyage spirituel et leur montée, retournent à leurs tâches et à leur état d'obséquiosité. Ainsi les derviches tourneurs « sont des serviteurs de Dieu, de Ses Livres, de Ses Prophètes et de toute la Création … » (Sourate 2 [Al-BAQARAH (LA VACHE)], Verset 285). À la fin de leur salut, ils présentent à nouveau leur apparence caractéristique, avec leurs bras entrecroisés sur leurs poitrines pour représenter l'unité de Dieu, avec pleine conscience et pleine émotion.
  6. La sixième partie de la cérémonie "Sema" consiste en une lecture du Coran, et plus particulièrement du Verset : « A Dieu appartiennent l'Est et l'Ouest et partout où vous vous tournez, il y a Dieu. Il est Universel, Omniscient » [(Sourate Al-BAQARAH (LA VACHE)] , Verset 115).
  7. La cérémonie "Sema" s’achève par une prière pour la paix et les âmes de tous les Prophètes et tous les croyants. Et après l'achèvement de la Cérémonie "Sema", tous les derviches retournent silencieusement à leurs cellules pour la Méditation ("Tefekkür" en turc).

Jour J + 146 : Amédée


Moi, ces histoires d’hommes qui savent pas rester en place, j’en ai déjà l’expérience avec Ben et ses potes … Mais alors là, reprendre pendant une heure le tramway alors qu’on s’est payé une après-midi entière à visiter des musées et des mosquées, et tout cela pour aller voir des hommes drôlement habillés qui ne pensent qu’à tourner sur eux-mêmes alors qu’ils pourraient tranquillement rester en place, c’est pas trop mon truc. Moi, ma méditation, c’est tranquille au chaud sous la couette … Alors ce soir, c’est ce que j’ai fait, et comme ça, demain matin, j’aurai pas des valises sous les yeux, vous savez bien que je suis un peu flemmard pour porter quoi que ce soit, je suis mieux au fond du sac … Alors bien au chaud, sous l’édredon à mes couleurs (merci Ömer !), je vous remercie de ne pas faire trop de bruit en partant … Et si vous pouviez avoir la gentillesse d’éteindre la lampe en sortant, j’en ai pas besoin, moi, pour accéder à ma voie de lumière ! Bon tournis les chéris ! mais au fait, toi Huseyin qui connais bien les représentations de Sema, tu y trouves quoi ? Allez, t’es sympa, t’as tout expliqué à Ben qui me le redira peut-être, merci pour tout, Huseyin !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Huseyin  d'  Iskederun - Konya

Et voilà Huseyin ! il a pas pu me loger, parce qu’il a déjà deux hôtes qui s’incrustent un peu chez lui depuis une semaine … Dommage, mais comme cela j’ai fait la connaissance d’Ömer et de ses potes ! mais ce n’est pas pour cela qu’Huseyin, il me laisse tomber, bien au contraire. Il est prof de « Drama » à l’Université, alors comme la rentrée vient de se faire, donc un peu débordé, mais il va me consacrer la soirée entière, pour s’occuper de moi, c’est déjà sympa, mais aussi pour m’emmener voir le spectacle de clôture du festival international de musique mystique de Konya. Et là j’ai vraiment de la chance, si j’ai voulu faire ce voyage éclair à Konya, c’est justement pour voir une telle représentation, typique du courant de pensée introduit par Mevlana. Mais pour Huseyin, ce n’est pas qu’un show, c’est aussi un moment à vivre, car il est croyant, drôlement profond, il doit vvre son théâtre comme il vit sa vie … Et c’est ainsi que, sans oublier en chemin de méditer devant le tombeau de Mevlana, nous gagnons le chemin du centre de festival, tout beau presque tout neuf, pour ce spectacle officiel … Avec des officiels qui se permettent (comme d’hab en Turquie, me dit-on) d’arriver une demi-heure en retard et de partir sans aucune discrétion avant la fin (suivi en cela par une bonne moitié de l’assistance, gr……). Sympa pour les derviches, nul pour l’aspect représentation politique, pitoyable pour le respect de la pratique du sema et la profonde implantation vécue de ce courant ici, au beau milieu de la Turquie … Mais c’est comme cela, notre beau pays traversé, du bien, comme … du moins élégant … Bon, pour moi, c’est absolument superbe, indescriptible, à vivre, et en même temps très … énigmatique. Cela n’empêche pas que, même si je n’ai pas tout compris, avec les explications d’Huseyin, j’ai trouvé cela très beau, dans tous les sens du terme … Même pas semblant long, et pourtant ! Allez, c’est fini, on reste imprégnés de la musique soufie et on a tendance à regagner dans notre bulle notre banlieue par notre tramway qui lui, ne tourne pas sur lui-même, mais qui file bien vite, en laissant les autres hôtes d’Huseyin, un peu du genre baba-cool, artistes et journalistes, des pays plus à l’Est, aller vivre la suite des évènements, peut-être descendre en ligne droite une bonne boisson, mais certainement pas un chaï pour lequel il leur faudrait encore tourner et tourner … La cuillère dans le verre. Bravo et merci Huseyin pour cette expérience unique, un des clous du « spectacle de mon périple » ! Quant à toi, tu vas retourner à tes multiples occupations, tournée et retournée vers les autres … Et j’espère bien qu’après Cuba et de nombreux pays, je pourrais te faire la revanche et te présenter une bonne danse normande – à défaut, ce sera une bonne bourrée auvergnate –.Tu verras, chez nous on ne tourne pas aussi vite !

"I am sorry that I could not host properly … I respect your project so much, because you are following your belief. And I hope that, end of the way, you will getting closer to yourself the longest road in the world, inside of us. I wish you luck on your path" (Huseyin)
(Cher Benoît, je suis désolé de ne pas avoir pu personnellement t’accueillir. J’ai tant de respect pour ton projet, parce que tu es en train de suivre ce en quoi tu crois. J’espère qu’à la fin du chemin, tu seras encore plus proche de toi-même, cette plus longue route dans le monde, celle en nous … Je te souhaite toute la chance sur ton chemin)

jeudi 29 septembre 2011

Jour J + 145 : Ceyhan => Dörtyol (51 kms - Total = 4896 kms)

Pensée Spirituelle
"Une pièce de théâtre doit être le lieu où le monde visible et le monde invisible se touchent."
(Arthur ADAMOV)

Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre. Il s'y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d'autres versets qui peuvent prêter à d'interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclinaison vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Dieu. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : « Nous y croyons, tout est de la part de notre Seigneur ! ». Mais, seuls les doués d'intelligence s'en rappellent."(Sourate 3 [La famille d’Imran] Verset 7)



Etait-ce un signe, il y a quelques jours, je vous disais que la vie était une vraie pièce de théâtre ! Je vous évoquais les décors, les costumes, et c’est vrai que j’étais à ce moment-là un peu « sec » sur le metteur en scène et les acteurs … Eh bien je les ai trouvés, aujourd’hui-même, pas loin de la fin de mon trajet au cœur de cette Turquie qui ne nous laissera pas sur notre faim, car ces drôles de personnages, colocataires d’un appartement originale, jeunes et branchés dans les arts théâtraux et autres, vont vous concocter une improvisation naturelle d’un drôle de type, à mi-chemin entre la tragédie grecque (pour laquelle il disent : « very easy to play », j’aimerais bien vous voir jouer cela avec eux !) et le magicien d’Oz … Je ne devais pas atterrir chez eux, mais changement de dernière minute …
 Le changement, je l’ai déjà depuis quelques heures, sur la route. Le ciel devient incroyablement lumineux, que du bleu profond, dans la végétation, je retrouve les agrumes alignés dans les champs comme des pions de bakgammon, boules vertes bien taillées et bien luisantes au soleil … Mais aussi des palmiers, signe de notre arrivée presque au fin-fond oriental de la Méditerranée … Mais aussi des immeubles et des maisons bien propres, peut-être une certaine richesse, en tout cas une certaine spécificité ! L’étape, vous vous en doutez, est longue, donc je fonce, je veux être le premier à assister à la pièce de théâtre du jour !
 Car je dois me rendre … à Konya (enfin c’est moi qui l’ai voulu), à la rencontre de Mevlana, des derviches tourneurs, de Huseyin et d’Ömer : les trois premiers, vous en entendrez parler pas plus tard que … demain, mais en attendant, après une bonne tripotée de transports en commun (faut être un peu fou, mais quand on veut découvrir les différents aspects de la Turquie !), me voilà arrivé à la périphérie de Konya, ville-foyer de la religion musulmane en Turquie et bien connue pour la présence toujours bien vivante de Mevlana. Et là donc, j’ai rendez-vous avec Huseyin devant le … poste de police de cette petite ville de Bosna, enfin un quartier de Konya, enfin on sait plus parce qu’à Bosna, il y a près de 90.000 habitants, partout c’est nouveau, partout ça monte vers le ciel, en partant une fois de plus de la rase campagne … Ah ce poste de police ! première question, au bout de cinq secondes, alors que j’ai tout juste posé mon sac à dos sur le trottoir. Que fais-je là adossé au muret ? Seconde question : ne serait-ce pas pour voir Huseyin, bien connu ici ? Et tout de suite, venez, un, deux, trois chaïs, sur le banc du commissariat dans la cour d’entrée fleurie et parée d’uniformes oh combien nombreux, un vrai lieu paradisiaque avec son décor, ses costumes (bleus, vous l’aviez deviné ?) et ses questions (la France ? le foot ? Sarkozy ? Carla ?) … Incroyablement sympas pour des représentants de la maréchaussée, qui ont l’air de bien s’y plaire, dans leur décor de rêve … J’appelle Huseyin, qui ne peut venir, il est en réunion quand je l’appelle, mais il me délègue un de ses amis, me dit-il … Et c’est là que je découvre Ömer, arrivant en vélo peu après. Jeune étudiant, il m’emmène un peu plus loin chez lui, m’accueille dans son « salon », m’installe un lit, bref me bichonne ! Je ne comprends pas tout de suite ce que je fais là, mais l’arrivée d’Huseyin et les conversations avec Ömer, à l’aide du traducteur Google anglais – turc – anglais aident bien les choses pour se comprendre. Ömer, il me parle en turc puis en anglais (car il s’y remet sacrément vite, à la langue de Shakespeare) de ses études, de ses passions pour le théâtre et pour les enfants, de ses projets à l’étranger, de ses lectures de ses livres, de sa vie, quoi … Impossible d’aider Ömer, il veut tout faire et me recevoir comme un roi, les courses comme la cuisine, ça commence à drôlement sentir bon ! Puis les coloc’s Deniz et Mustafa débarquent, ainsi que leurs copains / copines de fac, et là ce sera une super soirée bien animée, avec rires et chansons, un bon bain de jouvence de jeunes. Finalement, je l’ai trouvé cette pièce de théâtre, celle de la vie et celle de la jeunesse, avec un super jeu d’acteurs, interprétant à merveille le texte du Livre transmis par le prophète et la religion musulmane : l’accueil ! Et nulle équivoque dans l’interprétation de cette pièce, tout est naturel, inné, en même temps que sans façon. Rien que pour cette raison, j’ai bien fait de faire tant de route en bus, ce petit détour me fait découvrir un aspect des coloc’s, celui du théâtre et de la rencontre, monde magique et imaginaire, mais avec les pieds sur terre ! ah la Turquie et les turcs …

Jour J + 145 : Amédée


Chez Ömer et ses potes, ça a beau être géographiquement au sous-sol, dans une cave, c’est super bien rangé et bien arrangé ! On couche dans le salon avec des canapés rococo en bois et velours. La table, elle est digne du trois étoiles au guide Michelin, la douche elle est incroyablement grande, l’animation elle est faite par tous. Forcément, ils donnent dans le théâtre, donc dans le mime, la danse, le chant, l’improvisation, le grand spectacle donc ! Alors moi, le nain Amédée, avec ma tête de rigolo et mon costume de Monsieur Loyal qui ne passe pas inaperçu sous les projecteurs, ils m’aiment bien et ils m’adoptent illico ! Peut-être même que je vais rester chez eux un certain temps … Non je ne vais pas abandonner Ben, on est arrivés si près de Kudus maintenant, et puis, je m’y plais vraiment bien ici, mais franchement, cet animal félin bizarre, ce petit chat de cinq mois qui ne fait que des bêtises, je sens qu’il va vite fatiguer le vieillard que je suis peut-être devenu … Non, vous ne réagissez pas, pas sympas les gars et les filles, car vous me verriez, je suis le boute-en-train de la bande, ici, avec tous ces étudiants qui doivent être leaders à l’école du cirque ! Bon, dans cette caravane de la vie, dans ce groupe inattendu des artistes des planches, il y’a aussi des amis que l’on n’oubliera pas, comme Ömer, lui qui assure par sa présence et d’un gant de velours la gestion de la maisonnée. Lui, avec ses comparses, c’est vraiment une valeur sûre. On est reçus vraiment aux petits oignons, les mêmes qu’il met dans ses p’tits plats, les autres coloc’s ils sont bien gâtés, enfin, c’est pas nos oignons ! Merci pour tout, pour tant de gentillesse naturelle, merci les coloc’s, et toi, vivement que tu viennes en France et que tu réalises tout ce que tu souhaites, merci Ömer !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Ömer  de  Dörtyol

Dans cette ville pas si petite que cela (près de deux millions d’habitants, lol !) nommée Konya, ce devait être le professeur à l’université de « Drama » (traduisons donc par «théâtre dramatique », en l’occurrence Huseyin, qui devait nous héberger, ben et moi … Mais les choses ont évolué et c’est tant mieux ! car c’est finalement son élève – et ami – Ömer qui va s’y coller ! Encore une colocation, cette fois étudiante à 100 %, et même théâtrale, qui m’accueille. Le sous-sol d’un immeuble, des tuyaux à hauteur d’homme courent aux plafonds, mais que du bien propre, du bien rangé ! Je partage la chambre d’Ömer, séparé en mon coin salon de son espace par des panneaux blancs – de théâtre – Bien-sûr, un vrai petit confort ! très peu de lumière du jour (les vasistas sont si petits), mais la vraie lumière est dans la communauté, dans le cœur de chacun et de tous ; Ömer, il a 27 ans, en seconde troisième (sur quatre) année de licence de « Drama », à l’Université ici-même … Ses colocataires, Deniz le parachutiste imitateur parfait des singes et Mustafa (quel talent pour tous !) , bien que pas mal moins d’heures de vol au compteur, ils sont dans le même cursus … Une joyeuse bande à trois, pas nécessairement aussi baba-cools qu’on aurait pu l’imaginer, c’est qu’ils ont les pieds sur terre, ces grands étudiants ! et visiblement, c’est le plus souvent Ömer qui se charge des courses et de la cuisine (il adore cela et il faut dire qu’il sait y faire – Ah ses pois mange-tout, à s’en relever la nuit … Si d’aventure il en était resté, les autres se répartissent aussi les tâches … Et là donc, je suis super bien accueilli. Et c’est Ömer – vous vous en êtes bien doutés le « Couch-surfer de la bande » qui nous prend en charge, avec pour résultat une amitié plus que naissante, je deviens selon son choix son tonton, il devient donc mon neveu, blague pas tant que cela ! et à laquelle les nombreux collègues – visiteurs étudiants des deux sexes doivent se conformer ! il faut dire qu’Ömer il est absolument génial ; il a perdu sa maman, son papa, âgé est tout seul à Mesrin, et Ömer il est peut-être un peu esseulé sur Konya, mais il ne manque pas d’occupation. Ainsi rien que cette année, il court à la fois après ses cours (très diversifiés) à l’Université de « Drama », ses prestations d’enseignement d’improvisation théâtrale dans une école maternelle, et – fait nouveau – des cours de russe .. Car Ömer, il voit loin. Après sa licence sur Konya, il a bien l’intention de poursuivre son master à Moscou, Saint-Pétersbourg, en République tchèque ou en Pologne, enfin dans ces coins-là, parce que, me dit-il, ils sont doués dans ces Pays moins à l’Ouest … Et puis il retournera bien à Ankara, capitale turque du théâtre … En même temps qu’il a bien envie d’aller découvrir l’au-delà des frontières, alors il se lance à fond dans Couch-Surfing, dès maintenant pour accueillir à merveille, et bientôt sûrement pour la « revanche » ! Et Ömer, encore une fois malgré notre différence d’âge pour laquelle il me place affectueusement au rang de tonton, il est vachement mûr, vachement organisé, vachement plein d’idées. Une preuve, son blog : allez-y, direct sur www.patiyosanat.com, vous verrez combien déjà il a un vrai amour du théâtre, qu’il souhaite transmettre à la gente enfantine ! Sa vie, finalement comme celle de beaucoup de jeunes turcs qui souhaitent s’en sortir, elle n’est pas forcément toujours facile tous les jours, mais que d’espoirs pour un monde nouveau, peut-être celui du théâtre, mais aussi de la réalité, pas forcément celle du drame ou de la Commedia dell’arte, mais celle de la vie , celle que la religion musulmane en elle-même tente vaille que vaille de suivre, par la lecture du Livre …

"Mon cher oncle, j’ai connu un moment de détresse, mais depuis que nous avons commencé à nous rencontrer et à passer du temps ensemble …. J’ai oublié toutes ces difficultés, me voilà en paix. Je suis très heureux que tu sois venu chez moi et des conséquences de ton séjour parmi nous. J’espère que comme nous en avons parlé ensemble, je viendrai bientôt en France. Amitiés et meilleurs sentiments, encore une fois, je te dis à très bientôt !" (Ömer)

mercredi 28 septembre 2011

Jour J + 144 : Adana => Ceyhan (52 kms - Total = 4845 kms)

Pensée Spirituelle
"Nous sommes l’Arc-en-terre,
Signe aussi pur que l’Arc-en-ciel."
(Guillaume APOLLINAIRE)

Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Rien, vraiment, ne se cache de Dieu de ce qui existe sur la terre ou dans le ciel."
(Sourate 3 [La famille d’imran], Verset 5)
 
 
Encore une fois aujourd’hui, des paysages à perte de vue, comme on n’en voit nulle part dans notre petit hexagone. Les montagnes de chaque côté de la route, à une bonne distance, une vraie haie d’honneur encadrant le tapis rouge mais pas très rouge et plutôt gris qui nous sert de chemin vers le plus loin ! Et par ci-par là, ponctuant notre route un peu comme les sphinx honorant le pèlerin vers le mausolée du grand-père Atatürk – rappelez-vous donc, à Ankara, femmes et hommes de peu de mémoire, à défaut de peu de Foi !. Ici ce sont les petits villages, disséminés sur leur parterre couleur de paille. Tout ressemble ici à une toile de ce cher Vincent Van Gogh qui avait dû venir ici lui-aussi ! Eh oui, je vous parle encore couleurs aujourd’hui, tant le paysage est merveilleux, un peu frisquette peut-être ce matin mais le bonheur n’est-il pas à ceux qui se lèvent tôt ? Et ce soleil omniprésent (tiens, Râ n’est pas qu’au bord du Nil ?) ! et ces nuages à la Boudin, ne sont-ils pas impressionnistes au possible ? Et ces paysans ramassant leurs pommes de terre comme dans un tableau de Millet, pourraient-ils être encore plus naturalistes? Et ces tout cela dans des délimitations de champs rappelant du Braque cubiste, qui finalement n’a rien inventé ! E ce sourire sur le bord de la route de ces femmes trimant sans compter l’effort, laissant découvrir par moments sous leurs foulards (appelés « turbans ») vu leur réserve, une possible parenté avec un des modèles de ce cher Léonard, vous savez, cette Mona-Lisa énigmatique ? et quand on arrive à l’approche de la ville, les poteaux électriques d’habitude si laids dans le paysage ne se prennent-ils pas soudain pour des stabiles (ben oui, des mobiles immobiles et stables, quoi !) de Calder ? … Oui, je pourrais aller plus loin, rechercher d’autres adeptes du nuancier de la palette, je suis tellement pris par cette douce harmonie champêtre que j’en oublie carrément … de sortir l’appareil photo du sac ! Tant pis, je garde tout cela de cette vision magique pour moi seul, je ne cherche finalement qu’à vous faire envie, devant autant de beauté naturelle. Vous êtes invités à cette union sacrée du ciel et de la terre ! et pour le vin d’honneur de cette réjouissance, devinez ce qu’ils vous proposent, nos amis autochtones : pas le champagne à sabrer, trop vulgaire … pas notre cidre fermier cauchois, trop saoulant sous le soleil de plomb, non … un petit chaï ! et vous en reprendrez bien un autre … et encore un … et encore un … Ah, du moment que la vessie tient le coup ! Ca y est, nous voilà suffisamment réhydratés pour atteindre la prochaine ville (pas dur à la trouver, c’est la première depuis ce matin, et pourtant les kilomètres ont bien défilé – ah, si jamais je poursuis le tour de la Méditerranée, je tenterais peut-être des étapes de 60 kms !), et c’est là que je vais pouvoir passer dans le « Nouveau monde », de celui de la sueur sur le front à celui de la cellule grise, de celui des gens, accueillants, intelligents et chaleureux à celui des gens « instruits » (quel gros mot !) et tout-aussi accueillants, tout-aussi intelligents et tout-aussi chaleureux, Suna et Lokman : eux qui sont finalement … tout-aussi turcs (et si après, vous ne savez pas définir ce qu’est un turc ou une turque, j’en perds les quelques mots que j’ai appris, moi !), tout-aussi pros du chaï et du bakgammon !

Jour J + 144 : Amédée


On se serait crus dans un appartement résidentiel d’une tour newlook de Floride, la mer en moins ! L’ascenseur, j’avais complètement oublié ce que c’était … En plus il y en a deux, et ils marchent ! Pas courant depuis le mois de Mai, ça ! Et puis, un petit salon-télé design spécialement pour notre nuitée ! Et puis, une cuisine hyper moderne avec des petits repas cordon bleu ! Et puis, des échanges chaleureux malgré une barrière de la langue, qui n’a demandé qu’à être franchie (et le passage de la rivière a été plus que réussi !). Mais Suna s’y met à ce foutu-anglais passeport international, aidée dans cette tâche par Lokman ! et moi, dans tout cela ? Eh bien, véritable béage en ces lieux reposants, je furète dans le super appartement, découvre des copines de jeu qui s’emboîtent et se déboitent allègrement, et que notre jeune couple a dû ramener de son récent voyage en Ukraine. Une super idée, tu ne trouves pas, Ben, pour les randonneurs ? Oui, réfléchissez-y bien à deux fois, fidèles lecteurs stationnaires. Parce que si d’aventure on déposait un brevet pour des nains de jardin gigognes, eh bien cela prendrait pas de place dans le sac à dos d’un pérégr’nain ! Et moi, je ne serais pas tout seul, j’aurais tous mes potes avec moi ! bon, je vais en parler à notre équipementier « dix + pas court » préféré !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Suna et Lokman  de  Ceyhan

Me voilà hébergé par un jeune couple ! Suna et Lokman sont mariés depuis … un an. Enseignants universitaires tous les deux (design de la mode pour Suna, mécanique pour Lokman), très pris par leur travail, ils pourraient avoir d’autres chats à fouetter que d’accueillir un pèlerin de passage … Seulement voilà, Suna et Lokman, ils … adorent voyager ! En Turquie comme à l’étranger ! et comme ils sont fonctionnaires, ils n’ont pas besoin de visa, leur passeport a la couleur spéciale … verte (tiens encore une couleur aujourd’hui, mais … pour une fois, voilà la Turquie égalitaire battue en brèche. Pauvre Atatürk ! car comme ils sont fonctionnaires, la sécurité de l’emploi et quelques avantages, … Mes hôtes bénéficient de ce régime de faveur … Et peuvent aller librement sans visa dans des pays à l’Ouest. Tant mieux pour eux ; mais pour les autres ?! Bon, allez, chanceux Suna et Lokman, peut-être pas très bien payés mais quelle importance finalement, avec de tels avantages … Et tant mieux aussi pour moi, car je peux vous dire que leur ouverture et leur modernité, elle se lit déjà dans leur appartement, lumineux, spacieux, moderne, accueillant pour qui profite des lieux et qui sait évoquer avec eux leurs différents périples ! Ainsi, l’Espagne, l’Ukraine, l’Italie, Paris, ils connaissent déjà … Chypre ce pourrait être pour cet hiver, le retour en France l’année prochaine ? Pourquoi pas, l’invitation est lancée … Seule contrainte pour eux, outre l’aspect financier (tiens donc !), ils n’ont que dis jours de congés l’été (et une semaine en hiver). De quoi se plaint-on dans notre France râleuse … Ainsi Suna qui vient d’Ankara et Lokman qui vient du Nord-Est du pays seront certainement parmi ceux de mes hôtes qui aiment, mais aussi qui ont cette chance de pouvoir vadrouiller … Et ils savent en profiter ! alors, que vive l’ouverture des frontières, la « normalisation » des délivrances de visas, la terre a bien été inventée pour tous, non ? En tout cas, quelle gentillesse, quelle hospitalité, quelle disponibilité et quelle discrétion de votre part ! Mais aussi, quel fairplay ! car, quand je leur mets une pâtée au « Tovla » (ben oui, le Bakgammon en turc !), ils disent rien, ils sortent juste la bouteille de vodka accompagnée du RedBull local, pour fêter cela ! Ah, les universitaires turcs, ils ne seront pas les derniers à nous surprendre toujours !
 
"We were very happy to meet you. We hope you to be successful in the way of Peace. See you in a world of peaceful and happy" (Suna et Lokman)
 (Nous avons été très heureux de te rencontrer. Nous espérons pour toi tout le succès dans ton chemin de la Paix. Nous espérons bien nous revoir dans un monde rempli de paix et de joie)

mardi 27 septembre 2011

Jour J + 143 : Taşobası => Adana (51 kms - Total = 4793 kms)

Pensée Spirituelle
"Le chef du troupeau est un animal comme les autres."
(ANI)

Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Alors, les Anges l'appelèrent pendant que, debout, il priait dans le Sanctuaire : « Voilà que Dieu t'annonce la naissance de Yahya, confirmateur d'une parole de Dieu. Il sera un chef, un chaste, un prophète et du nombre des gens de bien »."
(Sourate 3 [La famille d’Imran], Verset 39)


Notre Père … notre grand-père … notre chef … Me voilà donc presque arrivé au bord de la Méditerranée, il y avait longtemps que je l’avais quittée ! Déjà cinq semaines en effet que je randonne (si l’on peut dire) en Turquie. Que d’aventures, quel pays extraordinaire, sympathique, vraiment différent de ce que l’on peut découvrir en n’y venant qu’une semaine dans un hôtel, à Izmir, Bodrum ou Antalya ! Et finalement, quelle chance j’ai ! Cela recommence à faire bien chaud dans la journée, la végétation est plus présente, signes que l’influence maritime se fait sentir, et c’est tant mieux ! Car les paysages désertiques, c’est bien beau, mais d’une part ça manque de couleurs (ah, ce beige – ocre uniforme, il ne manque que les dunes pour faire Sahara). Mais en plus comme il y a plus d’habitants par ici, il y a plus de maisons, donc plus de routes, et donc pas uniquement cette deux-fois-deux-voies de malheur ! pas de bande d’arrêt d’urgence sur les petites routes, donc je ne m’arrête pas, je fonce, j’avance, j’ai bien envie de la revoir, ma mer !

Et je me pose la question : Comment la Turquie a-t-elle pu et peut-elle arriver si vite à entrer dans l’ère moderne ? … Et bien-sûr en conservant ses traditions ! une des réponses, elle est facile : grâce au « grand-père des turcs », ainsi affectueusement dénommé par tous (ou presque tous) les gens que je rencontre. J’ai nommé Atatürk ! Bien-sûr vous savez tous mieux que moi tout sur sa vie, sa carrière, son œuvre, son influence … Je ne vous ferai pas son portrait, il est affiché ou bustifié ou statufié partout, et puis, je vous rappelle qu’il y a Internet pour cela, mais c’est bien grâce à lui et à son charisme, additionné du fait que l’époque devait être propice, en ce début du 20ème siècle (le ras-le-bol du sultanat ottoman, j’oserai dire assez dictatorial, la défaite lors de la première guerre mondiale aux côtés de l’Allemagne, l’humiliation des traités qui en ont découlé – dont celui de Sèvres –, la guéguerre avec les voisins grecs), bref, tout cela a entraîné la mise en place de la république turque en 1923 et toutes les réformes qui en ont découlé … Et finalement, quoi qu’on en dise, la Turquie a tiré son épingle du jeu, très vite et très tôt. Jugez plutôt, ont mises en place en moins d’une décennie un véritable bombardier de réformes : politiques (la nouvelle Assemblée nationale turque, l’abolition du sultanat, la proclamation de la République, l’abolition du Caliphat, …), sociales (l’égalité des droits de la femme avec l’homme et sa participation à la vie sociale et politique, les vêtements, … Mais aussi la mise en place du nom de famille, l’abolition des titres et surnoms), et de la vie de tous les jours (l’adoption de l’alphabet occidental adapté, du temps international, du calendrier et des nombres), et dans les domaines des lois, de l’économie (agriculture et industrie), de l’éducation, de la culture et des arts, … Une vraie lame de fond, un vrai tsunami peut-êre avec douleur, mais bien constructif … Bon finalement, pour le pèlerin qui traverse en bonne partie, le seul point inconvénient de cette « révolutions tranquille turque » en est … la radicale modernisation des routes ! Pas grave, en rentrant en France, « je me paierai … un GR ! ». Et me voilà arrivé dans une grande ville, Adana, pas de point de chute, pourquoi pas une petite auberge de Jeunesse ? Au moins, si je dois continuer à raconter par ci-par là mon aventure, il me suffit maintenant de montrer mon blog … Allez, il est tard, j’ai beaucoup marché, j’espère que vous ne m’en voudrez pas si je vous tire ma révérence et si je donne la parole à des « gagnants » des réformes grâce à Atatürk, j’ai nommé …. Özge et Yeliz, deux jeunes étudiantes, donc des femmes, rencontrées dans la coloc’ (encore elle) de Nidge, car particulièrement pour les femmes, Atatürk a été moderne et novateur (songez donc que c’est pas plus tard qu’hier jour pour jour que le roi d’Arabie Saoudite a signé un décret autorisant … le droit de vote aux femmes. Le « grand-père de tous les turcs » – aussi appelé de manière plus juste « celui qui est comme les ancêtres » – doit certainement se réjouir sous son mausolée, que j’ai pu visiter il y a quelque temps à Ankara, et qui est, il est vrai, particulièrement grandiose, impressionnant et respecté par ses visiteurs-vénérateurs (ce qui prouve s’il en était nécessaire l’attachement que lui vouent ses compatriotes : sujet à respecter et à ne pas plaisanter. Voilà enfin une unanimité politique qui fait bien plaisir ! – : Monsieur Atatürk, pour vous et pour tous vos compatriotes, pour ce mois de traversée inoubliable dans un pays aussi attachant et bouleversant en même temps que bouleversé, je ne pouvais que vous … rendre hommage !

Jour J + 143 : Amédée


Moi vous savez, l’histoire (dont turque), c’est déjà pas tellement mon truc (dont turc), mais en plus c’est toujours celle des grands hommes, et cela-même, je trouve que c’est un peu humiliant pour un nain ! d’ailleurs Atatürk, t’as fait plein de choses et plein de réformes, dont pour le sexe faible et les petites gens …, Mais t’as fait quoi pour les hommes de petite taille, hein ? Alors moi, ce que je garde comme souvenir de toi, c’est bien ton « allée de lions », peut-être un peu pompeuse (mais c’est pas toi qui l’a choisie, peut-être, t’étais mort depuis quinze ans quand on l’a construite), paraît-il un peu anatolienne à l’image du pays, mais peut-être aussi un peu égyptienne (mais non, t’as pas été pharaon !) menant à ton mausolée, dans la capitale. Eux, aux moins ces lions, ils ont beau être nombreux, ils font parler d’eux mais ils savent rester discrets, ils ont rien médit de moi (quelle dommage d’ailleurs qu’Esope et la fontaine ils n’aient pas écrit une fable, celle « du lion et du nain », ça vous en aurait bouché un coin et ça vous aurait servi de leçon, gens de peu de respects, à défaut de peu de foi) !.

».Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Özge et Yeliz  de  Nidge

Bon, je ne vais pas vous mettre les femmes à toutes les sauces, elles ont déjà eu leur heure (et même leur journée) de gloire dans ce blog, il n’y a pas longtemps … M’enfin, en songeant à toutes vos questions légitimes – qui rejoignent les miennes – sur la sécurité ou la non-sécurité pouvant se présenter dans quelques kilomètres (un clin d’œil particulièrement chaleureux à celles et ceux qui se sont exprimé sur ce point – n’est-ce pas, le duo de choc Christine et Yves –, mais aussi à tou(-te-)s les autres plus silencieux mais tout aussi inquiets) [et j’en profite pour vous dire que je ne prendrai aucun risque avant la Syrie ou pendant ; qu’on se le dise], eh bien, pour détendre s’il en est nécessaire ce sujet préoccupant à défaut d’être brûlant, Özge et Yeliz, nos deux jeunes étudiantes, elles ont lu dans le marc de café turc que j’ai bu, et, en vraies professionnelles, au moins en vraies devineresses convaincues de leur science, elles ont vu … que tout allait bien se passer, alors on y croit ! non, réellement, « on va faire gaffe », « on va voir et prévoir plus loin que le bout de son nez », « on va rester prudent », et en même temps, « on va essayer de faire confiance » … et du coup, « on verra bien » – d’où un certain réalisme sans optimisme ni pessimisme – (d’ailleurs, pour mémoire, il peut arriver n’importe quoi à n’importe quel endroit même sans prendre de risques, malheureusement, cela me rappelle – et peut-être que cela vous rappelle aussi – quelque chose à moyen terme …).

Bon alors, Özge et Yeliz, ces deux copines de fac de l’étudiant coloc’, elles ont tellement insisté pour écrire aussi l’autre jour dans le livre de bord du pèlerin de service … et ce dernier a bien dû (et a bien voulu) leur allouer cette faveur (à moins que ce soit en toute légalité : va falloir que je demande un jour à Atatürk si cette autorisation-là, il l’avait aussi prévu dans ses réformes …) :

"Everything was very fun and beautiful… another language, another culture, but common fun, common sharing... I was very happy for meet you. I’m glad that I meet. Everything for PEACE" (Yeliz)
(Toute notre rencontre a été très drôle et très belle … une autre langue, une autre culture, mais le même amusement, les mêmes réjouissances … J’ai été très heureuse de te rencontrer. Que tout se fasse pour la PAIX)

"I was very happy for meet you. Thank you very much for the photos. Thank you for your speech prepared for me in the video. welcome again. Everything for PEACE" (Özge)
(J’ai été très heureuse de te rencontrer. Merci beaucoup pour les photos. Merci pour le petit discours préparé à mon intention dans la vidéo. Bienvenue pour bientôt. Que tout se fasse pour la PAIX)

lundi 26 septembre 2011

Jour J + 142 : Pozanti => Taşobası (53 kms - Total = 4742 kms)

Pensée Spirituelle
"L’effort qu’on fait pour être heureux n’est jamais perdu."
(Emile-Auguste CHARTIER, dit ALAIN)
 
Péricope Coranique
"Quiconque désire [la vie] immédiate, nous nous hâtons de [lui] donner ce que Nous voulons, à qui Nous voulons. Puis, Nous lui assignons l'Enfer où il brûlera méprisé et repoussé. Et ceux qui cherchent l'au-delà et fournissent les efforts qui y mènent, tout en étant croyants ... Alors l'effort de ceux-là sera reconnu. [Car] Nous accordons abondamment à tous, ceux-ci comme ceux-là, des dons de ton Seigneur. Et les dons de ton Seigneur ne sont refusés [à personne]."
(Sourate 17 [Le voyage nocturne], Versets 18 – 20)
 

L’effort : c’est vrai que cela un fait un bout de temps maintenant que je suis parti … C’est vrai aussi que cela commence par moments à peser, avouons-le. Car même si cette marche se fait « toute seule », cela demande « un peu » d’effort physique, ne le nions pas ! Et puis, ce déracinement, peut-être même par moments cet isolement, ils nécessitent par certains côtés des efforts pour les surmonter en arrivant à trouver quelque part une certaine stabilité … Et puis, ces rencontres toujours nouvelles et si riches, il faut sans cesse faire aussi un autre effort, celui de se mettre à l’écoute de l’autre, de sa vie, de ses interrogations, de ses espoirs et de ses richesses, voire même de ses incompréhensions (et des miennes), souvent linguistiques, parfois pragmatiques … Et là, je ne vous parlerai pas des efforts gastronomiques, toujours aussi pimentés et sucrés, des efforts pour savoir quel jour on est (ça, ça devient peut-être le plus dur !), des efforts pour se projeter dès maintenant dans le proche avenir qui commence à approcher … à grands pas ! Ajoutons-y les efforts pour remplir le blog, assortis des efforts que vous faites pour me suivre (et c’est là que je vous associe : cela demande certainement de votre part un effort … surhumain) …

Mais tout cela, est-ce de l’effort ? car c’est finalement bien positif, puisque cela va mener à quelque chose. Et dès maintenant, quelle richesse pour le ciboulot et pour cette espèce de truc défini déjà de tout temps par les philosophes et que je qualifierai par le terme générique de « âme » ! Aujourd’hui donc, j’ai pu progresser grâce à tous les efforts fournis hier … Et demain je pourrai progresser grâce à tous les efforts fournis aujourd’hui (mais demain sera un autre jour il est vrai !). En tous cas, aujourd’hui encore, comme hier et comme demain d’ailleurs, ça vaut bien le coup de faire quelques efforts pour autant de plaisirs et de bons moments, non ?

Allez, ENCORE UN PETIT EFFORT de votre part, j’illustre mon propos. Je vous dirai que les hommes, les turcs, ils sont extrêmement ouverts et sympas, mais … ils n’ont pas dû faire l’effort de prévoir – ou même depuis de compter – le nombre de kilomètres entre leurs villes (ça peut servir, au moins pour le pérégrin) avant de bâtir ces dernières … ils y ont même mis quelques fantaisies … Alors pas évident, et même un sacré effort, ces plus de dix heures de marche … Mais bien obligatoires, si je veux trouver un arrêt de bus, lequel va me permettre de trouver le repos (rappelez-vous, je retourne à la colloc’, ce soir)… Vous me direz qu’à ce stade, j’ai fini de marcher et je n’ai plus d’efforts à fournir … Mais si vous y regardez à deux fois, c’est loin d’être fini, il y a encore plein d’efforts à fournir par moi et par les autres, pour que je puisse le trouver, ce repos bien mérité (non ?) et finir ma journée sans effort. Il va falloir, par exemple, que je fasse l’effort de traverser la route, puis l’effort d’attendre le bus, l’effort de faire signe au chauffeur du dit-bus pour lui demander de permettre à son bus de faire l’effort de s’arrêter, c’est alors que ce chauffeur de bus va faire l’effort de me comprendre … puis d’arrêter son bus et qu’enfin le bus va donc faire l’effort de s’arrêter. Un fois le bus à son arrêt ( ?), au tour à nouveau du chauffeur de faire l’effort d’appuyer sur ce bouton qui a fait l’effort d’être près de lui. Ce qui va permettre à la porte de s’ouvrir, laquelle porte va faire l’effort de s’ouvrir, et moi je vais faire l’effort de monter, de m’asseoir et de payer (ça au moins, c’est pas trop hard, ils ne pas chers les bus par ici !). Du coup c’est au préposé de le faire, cet effort de venir vers moi, de me demander quelques pièces et de me rendre ma monnaie pour retourner ensuite s’asseoir (à moins qu’il ne fasse l’effort de rester debout …). Il va alors me falloir faire l’effort de ne rien faire et d’attendre là assis sur le coffre de la boîte de vitesses pendant que le bus roule (avec quelque effort !). Puis je ferai l’effort à un certain moment d’appuyer sur un autre bouton près de moi pour demander l’arrêt. Le chauffeur fera les efforts successifs (c’est là que cela se complique !) de comprendre et d’appuyer sur la pédale de frein. Le bus fera l’effort de s’arrêter, le chauffeur fera l’effort d’appuyer sur le bouton près de lui pour permettre que la porte fasse l’effort de s’ouvrir (et à ce niveau de l’histoire, permettez-moi donc de passer maintenant sur tous les efforts que vont faire le chauffeur, le bus, la porte, les boutons – tous turcs, donc tous prêtes à faire des efforts –, … pour repartir) … Mais moi en tout cas, je vais encore devoir faire l’effort de me lever, de descendre du bus, de marcher un peu pour regagner pour une seconde nuitée mes copains de la coloc’, de sonner et d’entrer chez eux, non sans avoir oublié de faire l’effort de défaire mes chaussures avant d’entrer. Puis je ferai l’effort de pénétrer dans le salon et de m’avachir sur leur canapé … Et là, eh bien, je ne ferai plus trop d’efforts ! je me contenterai d’écouter et de partager la vie de mes coloc’s, eux qui font l’effort de me permettre de partager leur coloc ! Vous voyez, ce petit exemple pour montrer que c’est rien, finalement, le fait de marcher un peu, beaucoup, passionnément, à la folie peut-être … , c’est tout juste un peu d’effort, et puis c’est pas du tout épuisant … Mais pour moi comme pour vous, rien que le simple fait de prendre un transport en commun (mais peut-être n’en prenez-vous jamais – Pensez alors à tous les efforts que font votre voiture ou votre vélo, à moins que vous marchiez toute la journée – sans efforts –), tout le monde fait des efforts, moi, je n’en fais pas plus que vous, ce sont tout juste mes pieds qui en font … un peu … pour résumer ma démonstration, d’une part on en fait sans arrêt, des efforts, et puis d’autre part, ça vaut le coup de faire des efforts, non ? ainsi les turcs … pensez donc à Hüsnü, mon troisième larron de la coloc’, celui qui fait des efforts pour étudier encore à l’Université avec son copain Sefa, lequel fait le même effort, tous deux faisant l’effort … d’être copains !

Allons maintenant nous reposer, après tant d’efforts. Nous pourrons ensemble dire sans efforts que tout cela nous fait tous progresser … et qu’ainsi, nous allons être de plus en plus beaux … et forts !

Jour J + 142 : Amédée


Allez Ben, t’as bien marché aujourd’hui, tu t’es quasiment pas arrêté, t’as pas pris de photos, c’est un peu toujours la même route, le même paysage, les mêmes constructions, les mêmes gens, les mêmes cafés, le même chaï, encore un p’tit effort, on est presque arrivés, à la destination finale ! Moi, ce soir, je reste sous ma couette, ça me demande déjà un sacré effort d’ouvrir mes paupières pour vous saluer bien bas et vous sourire, en vous affirmant que la position horizontale, il n’y a que cela de vrai ! Ici, vous auriez vraiment dû faire l’effort de venir, ça vous pouvez le regretter, car on passe une super soirée, ce soir ce ne sera même pas une partie de cartes (ça demande trop d’efforts), on se contentera de rester tous ensemble sans efforts à refaire le monde (mais là, il y a peut-être pas mal d’efforts à fournir, on va même peut-être avoir besoin de vous, on fera l’effort de vous le demander …). En tout cas, que vivent les turcs, que vivent ceux qui font des efforts, ceux qui restent assis toute la journée à la terrasse d’un café comme ceux qui (re-)font les routes, ceux qui construisent, ceux qui qui instruisent, ceux qui restent assis si longtemps toute la journée sur des bancs d’école ou d’Université pour préparer la Turquie et le monde de demain, et pourquoi pas aussi (sujet de prédilection de Ben et de ses interlocuteurs tous les soirs, suite à des questions de ces derniers) l’Europe de demain ! alors que Ben et moi, on n’en fait pas trop des efforts, c’est tout droit, c’est pas loin d’être tout plat, il suffit encore par ici de suivre toute la journée la bande d’arrêt d’urgence ! Allez, les copains étudiants, si jeunes et si dynamiques, si positifs et si rigolos, vous qui faites l’effort de trouver que ma présence béagement amédéenne n’est pas trop ridicule et que la présence benoîtement envahissante du « crazy-walker », comme vous dites si bien, vous semble profitable, vous qui, il faut bien le reconnaître n’avez pas trop fait d’efforts pour apprendre l’anglais à la High School mais qui vous vous rattrapez maintenant en faisant l’effort de taper sur les touches de votre ordinateur à la page traduction turc – anglais de Google pour que Ben et vous, vous puissiez faire l’effort de vous comprendre, on vous dit bravo et bonne chance (et d’ailleurs, il sera certainement marqué sur vos bulletins scolaires à la fin du semestre : « poursuivez vos efforts ! »). Bon, moi, en attendant, ce soir, j’ai enfilé mes charentaises, enfin celles que Hüsnü, il a donné à Ben, mais je lui ai piqué, parce qu’elles me vont vachement bien et qu’elles sont assorties à mes habits !!! Allez, bonne nuit les petits, le marchand de sable va passer, on vous dit, sans aucun effort de notre part : merci Hüsnü et Sefa !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Hüsnü et Sefa  de Nigde

Hüsnü, il a de la chance de loger ici, à la coloc’. Bon, la location de l’appart, divisée par trois, cela ne coûte pas bien cher à sa famille, mais en plus il est mieux ici qu’au dormitory de l’Université ! Il a de la place, son indépendance, des supers flat-mates, et même la possibilité de faire venir plein de copains (et de copines, mais pour cela patientez-donc encore un peu !). Je vais vous dire, ici, cela ne désemplit pas, l’auberge, si elle n’est pas espagnole, elle est anatoliennement turque, et c’est encore mieux ! D’ailleurs, il y en a plein, des étudiants, donc des Universités, ici comme dans le pays, préparant une nouvelle jeunesse, une nouvelle force active … Bon d’accord, ils doivent bosser (un peu ?), mais ils pensent aussi à s’amuser (ça c’est sûr !), les potaches, et à bien rigoler, mais aussi à écouter et à comprendre l’autre ! Et là, j’avoue que je reste baba devant tant de service et de gentillesse, et tant d’entraide entre tous ces copains de fac (la matière : mathématiques fondamentales, aïe) et avec les autres !. Et puis son copain Sefa, l’amuseur de service, toujours présent et toujours là pour faire rire, il ne passe pas inaperçu, lui non-plus. Comme le dit Ural, mon pote Couschsurfing, ma présence et mon expérience leur apportent certainement quelque chose de nouveau, mais c’est – mathématiquement ! – réciproque ! Alors voilà, une fois encore cette incursion dans le pays de la convivialité pour tous les âges laissera sa trace indélébile, celle de la rencontre sans façon et sans … effort ! :

"You are a good person, you meet is very pleased to be assisting the target. We wish you success, in Allah – Cella Calalu" (Hüsnü)
(Tu es quelqu’un de bon, te rencontrer et d’assister à l’évolution de ton projet est très plaisant. Nous te souhaitons tout le succès, par Allah – le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux)

"Je suis heureux de t’avoir rencontré et de me donner cette opportunité. J’espère ne jamais oublier cela et de nous rencontrer à nouveau pour la Paix" (Sefa)

dimanche 25 septembre 2011

Jour J + 141 : Hasangazi => Pozanti (32 kms - Total = 4689 kms)

Pensée Spirituelle
"Quelle magnifique cohabitation qui fonctionne bien entre Chirac et Jospin ! Notre premier ministre sous les jets de pierre en Palestine : il y en a un qui n’a plus de cheveux sur le caillou et l’autre qui a encore des cailloux sur les cheveux !."
(Laurent RUQUIER)

Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Et il fut dit par Moïse à son peuple : « Cohabitez ce lieu et mangez [de ses produits] à votre guise, mais dites : rémission [à nos pêchés] et entrez par la porte en vous prosternant. Nous vous pardonnerons vos fautes. Et aux bienfaisants (d'entre vous,) Nous accorderons davantage."
(Sourate 7 [Al-Araf], Verset 161)


Encore un drôle de sujet, après celui de la religion et après celui des femmes : celui de la « Cohabitation » ! mais don’t worry, rassurez-vous, à sept mois de la présidentielle, alors que vu d’ici la France, c’est pour les turcs encore et toujours les mêmes questions : Sarkozy et ses challengers d’une part, Carla et son bidon d’autre part, et encore et toujours DSK et son Sofitel … Je ne l’aborderai pas sous cet angle ; triste spectacle en effet que la toile web donne comme image en pâture au monde entier … J’en arrive presque à regretter, face aux questions qui me sont posées, ne m’être jamais intéressé au football, autre image de prédilection par ici ! Non, la cohabitation, c’est ce qu’ont dû vive pendant des siècles les moines de ce petit monastère troglodytique que je vais visiter avec mes nouveaux compagnons dans l’après-midi … C’est aussi déjà ce pèlerin qui marche et qui investigue le pays – donc moi-même aussi – qui rencontre ses habitants pour des expériences partagées, c’est aussi le Ben accueilli le temps d’un soir dans une oasis d’un genre très actuel ! Du côté de la marche, me voilà maintenant sur les hauts plateaux, plus trop de cheminées de fées, plutôt par endroit de gros rochers diaboliquement dangereux quand ils tombent sur la route … Je commence à tracer à grands pas, l’étape du jour sera très courte, et la seule ville traversée sera celle de l’arrivée de l’étape : Pozanti où rien ne se passe, décidément, pas plus que dans le désert – steppe traversé depuis hier, dans laquelle elle semble avoir été artificiellement construite … Probablement, devant aussi peu d’étonnement de ma part, suis-je tellement devenu un réel co-habitant de cette Turquie pacourue aujourd’hui depuis un mois, à tel point que les choses ne me surprennent plus autant qu’il y a quelques semaines. Voilà tout juste ce qu’en dit Wikipédia : « Pozantı est une ville et un district de la province d'Adana, dans la région méditerranéenne en Turquie ; une autoroute moderne la traverse. Le seul monument historiquement intéressant dans la ville consiste en l’ensemble formée par la mosquée et la fontaine du général ottoman Cemal Pasa, bâti en 1919 et maintes fois restauré depuis … ». Ca vous renseigne, non ? et peut-être que comme moi, cela vous donne envie d’aller voir ailleurs ce soir ? Eh bien tout est prévu dans ce voyage finalement pas si mal organisé que cela … C’est un peu comme à l’école, comme je finis de bonne heure, j’ai le droit à une récréation, aucune perte de temps, je prends un bus semi-local pour une bonne petite quarantaine de kilomètres, à peine le temps de me retourner que je débarque déjà à la gare « Otogar » de cars de Nidge, pour reprendre illico-presto un bus encore plus local … et c’est là que je vais découvrir « Toki » de Nidge, et ses heureux … colocataires ! (il faut vous dire que j’avais cherché hier désespérément cette « ville » sur Internet hier pour la localiser, j’avais obtenu des centaines de réponses bizarres, une explication s’impose : je croyais donc que c’était le nom d’une ville à côté de Nigde, c’est un conglomérat de plein d’immeubles pareils des « T.O.K.I. » initiales signifiant « zone HLM », abritant ici plus de 5000 habitants d’un coup, au beau milieu de nulle part, à plus de dix kilomètes du centre-ville, heureusement bien desservi par les transports en commun ! il y en a donc deux ou trois à Nidge, des TOKI, et pareillement partout, c’est cela la Turquie actuelle) … En tout cas, là une fois de plus, je sens que je vais vous rendre jaloux par la merveilleuse rencontre (qui fait que j’y passerai deux nuits, entrecoupées une fois de plus de trajets en transports en commun encadrant l’étape de demain !. Mais ceci sera une autre histoire). Une après-midi de rêve se passe, rencontre de joyeux drilles autour d’un petit-déjeuner à 14h00 ( !), visite du monastère troglodyte d’Eski Gümüs (celui de la photo, entièrement creusé et sculpté dans le tuf, n’a rien à envier à ceux de Göreme, cars de touristes en moins. Fleuron des édifices des Xe et XIe siècles, réparti autout d’une immense cour elle-aussi creusée dans le roc patiemment par l’homme, Eski Gümüs hébergeait une trentaine de moines. Ses fresques (où se mêlent des scènes religieuses – dont de la vie du Christ –, des scènes de la vie profane, et des représentations de fables d'Esope) incarnent un style byzantin monastique qui se répandit dans une vaste aire géographique. Puis c’est direction la vielle ville de Nigde, sa célèbre mosquée (sur laquelle on détecte une représentation énigmatique d’un visage féminin au-dessus de la porte d’entrée – de telles représentations sont pourtant interdites dans l’Islam, est-ce un clin d’œil de l’architecte de l’époque ? bizarre … – et son micro-château. C’est intéressant, et même beau, mais combien est préférable la visite de l’appartement de la bande des trois – jamais moins, toujours plus avec ses visiteurs arrivant de partout – : je nomine, Ali, Üral et Hüsnü !

Jour J + 141 : Amédée


Bon une fois de plus, « on » aime bien me sortir du sac uniquement pour « me » montrer, on rigole bien de moi, mais rapidement on me fait participer, et même en peu de temps, je fais partie de la colocation … Alors je ne veux pas déranger, pendant que les humains ils jouent aux cartes (cela ne doit pas être trop difficile ce jeu, parce que, même si les règles évoluent sans arrêt au gré de tous, Ben, il a vite compris) … Moi, je préfère jouer au backgammon (le « tovla », en turc), pour une fois que Ben il ne le monopolise pas ! Allez, on ne va pas consacrer la seule soirée à toute cette bande de joyeux drilles, ils sont trop nombreux, on va y aller en plusieurs temps : Pour ce soir, merci à vous « les deux de la vie active de la coloc’ », bravo pour votre micro-société réussie, où se mêlent très jeunes et un peu moins jeunes, actifs et étudiants, originaires de tout le pays. Au moins, cela laisse supposer que si l’on s’en donnait la peine, cela pourrait aussi bien marcher à taille humaine plus grande !!! merci Ali et Ural !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Ali et Ural  de Nigde

Honneur ce jour aux deux travailleurs de la coloc’ : Ali, il est le plus ancien ici, il est même considéré comme le boss … Comme Ural, il est « lecteur » (comprenez enseignant) dans une école genre BTS … Il va bientôt certainement quiller la coloc’, faire son année de service militaire, et puis … se marier. Tous nos vœux ! Ali, il est super calme (comme tous d’ailleurs !), on peut même dire que les partenaires d’Ali, ils ont bien la chance, on ne peut trouver un « logeur » aussi idéal ! Autre occupant donc  : Ural, c’est vraiment « mon » interlocuteur, c’est par lui (il est le seul à parler anglais) et grâce à Couchsurfing que le contact a été noué … Bon, au départ, c’est vrai que c’est par lui que tout passe, mais après quelques temps, on y arrive ! Ural, il a 33 ans, originaire de Bulgarie où il a vécu jusqu’à l’âge de 11 ans, puis sa famille est venue en Turquie du côté de Terkirdag ( vous situez ? on y est passé il y a trois semaines, c’est à l’Ouest d’Istanbul, non mais …). Puis il a fait toutes ses longues études universitaires à Manchester en Grande-Bretagne, et il est revenu en Turquie pour faire son service militaire et enseigner l’électronique dans cette université (car le gouvernement turc, qui l’a « aidé » lors de ses études lointaines, l’attend forcément au tournant …). Et Ural, il a plein de projets pour occuper ses journées en dehors de son emploi du temps pas si mal fait que cela : du sport, des randonnées – il m’a même aperçu, me dit-il, il y a quelques jours dans la vallée rouge à Göreme, sans savoir que j’allais débarquer peu après chez lui !), des sites Internet, des déplacements à l’étranger (au moins, lui, il a pérégriné, peut-être pas à cheval, mais en tout cas à pied ou en voiture !). Et avec lui, plein de discussions intéressantes, toujours le pays, la politique, la religion (voilà-t-il pas qu’il me demande où Abraham serait mort ?!), mais aussi la vie en général, la sérénité, les engagements … Bon, pour le troisième larron (précisons quand-même qu’il n’y en a ni bons ni mauvais larrons dans cette aventure, pas plus que de crucifié !) : Hüsnü, il vous faudra attendre demain ! mais quelle cohabitation (rencontre inédite dans mon périple) réussie ici, quelle positivité partagée dans le respect de l’autre ! On est loin de certains égoïsmes ou de certaines égocentricités hexagonales ! Et puis, au cœur de cet appartement dans cette Toki, tout semble serein dans le fonctionnement, la cuisine, la vaisselle (même pas le droit de la faire …), mais aussi les repas, les visites, les amis ! Ah, si la terre entière pouvait fonctionner de même, on serait … en Paix, mon ami ! :

"You are a very happy person, and your happiness radiates all around you to all of us. From all the guests we had, you made us happiest. We would like to see you again. All the best wishes with your adventures and your future life" (Ali)
(Tu es quelqu’un de très joyeux, et ta joie rayonne partout autour de toi et vers nous. De tous les invités que nous avons eus, tu es le plus joyeux. Nous espérons bien te revoir à nouveau. Tous nos souhaits dans tes aventures et dans la poursuite de ta vie)

“ Hello ! I like your story. You have so lot to tell. I wish you the best in your travels and I hope you find the peace and the place you are looking for : Peace !" (Ural)
(Hello ! j’aime ton histoire. Tu as tant de choses à raconteur. Je te souhaite tout le meilleur dans tes voyages et j’espère que tu trouves la paix et la place que tu recherches : Paix !)

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