Pensée Spirituelle
"Quand nous partons en quête de ce monde, nous méritons les cadeaux qu’il nous offre en temps et lieu ; mais quand nous partons en quête du Céleste, c’est nous-mêmes que nous trouvons, et la vie qui est en nous est ce qui crée les étoiles"
(Guy FINLEY)
(Guy FINLEY)
Péricope Biblique
"Heureux ceux qui ont une âme de pauvre en ce monde, car le Royaume des Cieux est à eux"
(Mt 5, 9)
(Mt 5, 9)
UN SEUL MONDE ? D’AUTRES MONDES ? UN MONDE DE MONDES ! Jordan, il est sympa vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! très prévenant hier soir, c’est lui qui vient spécialement ce matin dès sept heures me préparer mon petit-déjeuner (omelette aux poivrons, ouah !). Vers onze heures il me rejoint sur la route pour me signaler que comme le monastère envisagé exige une étape trop importante, son frère et lui m’ont « réservé » une place à Strumica, et même ce soir il m’enverra un mail pour me demander si j’ai bien trouvé ce logement et comment je vais : que demander de plus ? Alors, c’est vrai que cela fait du bien d’avoir à ses côtés, DANS UN MONDE DE PLUS EN PLUS DIFFERENT DU NÔTRE HABITUEL une personne attentionnée, qui permette d’avoir quelques repères … car déjà sur la route ce n’est guère facile aujourd’hui (tiens, ce ne sont plus que des pavés, ici, on se croirait sur Paris – Roubaix !), avec la chaleur qui reprend de plus belle et les véhicules qui roulent vite au point de faire vibrer en une caisse de résonnance ces … pavés (un excellent cas de Travaux Pratiques d’étude physique du champ acoustique !) ce qui fait que je vibre à chaque pas … De plus, pas un troquet dans cette région, donc pas d’arrêt-ravitaillement ! enfin, puisque l’étape s’en trouve raccourcie grâce à Jordan et à son frère, je prends mon mal en patience. On m’a bien dit que Strumica est une belle ville, c’est vrai pour le micro hyper-centre : très « touristique » ! quant au reste, alors que je gagne mon gîte tout trouvé de ce soir et situé dans l’enceinte de l’église « des quinze martyrs de Tiberiopolis », il me faut passer par des quartiers plus pauvres, dont celui des Turcs-Roms : UN AUTRE MONDE. Peut-être plus pauvre et plus humble que notre monde occidental ambiant, mais surtout grouillant de vie différente : à observer d’un œil neutre donc ! Voilà l’église, je dois être accueilli par le Père Dimitri, qui n’est pas là et c’est Sofia (comme la capitale, lui dis-je), la seule avec qui je peux communiquer en anglais parmi une fourmilière de femmes qui préparent la cuisine, qui m’installe, m’offre à boire et à manger, et avec qui je peux échanger. La question est : « où suis-je ? ». Ce n’est pas un monastère, ni un presbytère, c’est un autre monde situé au cœur d’un autre monde dans un autre monde … En réalité, c’est une sorte de centre d’accueil de jeunes travailleurs … orthodoxes, faut-il le préciser ! Pour préciser les lieux : située en plein quartier turco-rom, cette église des quinze martyrs de Tiberiopolis qui date de 1973 ne présente en réalité guère d’intérêt en elle-même. Son site fait cependant l’objet de fouilles archéologiques (qui ont permis de mettre au jour plusieurs couches de constructions datées du IVe au Xe siècle), en raison de la présence d’une basilique plus ancienne où aurait été enterré un groupe de quinze martyrs chrétiens qui, à l’époque de l’empereur byzantin Julien l’Apostat (361-363), avaient refusé d’abjurer leur foi, ce pourquoi ils avaient été suppliciés. Et je passe l’après-midi dans ce havre de paix, sous les tonnelles d’actinadia (kiwis) à foison, au bord de la pelouse parcourue par divers animaux dont des paons. Un p’tit coin d’paradis ? une arche de Noé au milieu d’un faubourg populeux ? Certainement les deux à la fois … puis visite des lieux, l’église, assez moderne, les fouilles archéologiques des anciennes constructions, des aménagements assez kitsch avec montagnes en rochers et statues diverses, le magasin de cierges et de bondieuseries : à voir ! … Et tandis que les femmes s’affairent sans relâche à faire la tambouille pour un régiment, le père Dimitri arrive. Un vrai pope, plus tout jeune, je lui suis présenté mais il ne parle que sa langue natale, alors les échanges ne sont pas intenses (mais Sofia joue bien son rôle) … L’heure du dîner, des plateaux repas à la table des jeunes travailleurs qui affluent en grand nombre, un peu de discussion avec ceux qui parlent anglais : encore UN TOUT AUTRE MONDE. A observer une fois encore d’un œil neutre donc ! … Pas d’office ici ce soir, alors je pense faire une petite balade en ville, dans l’hyper centre, pour « voir du beau monde », et je dois commencer par traverser le quartier Rom, monde très particulier de vie intense et d’animation assez surprenante … Et c’est là que je ne peux plus dire sans me vanter que j’ai un certain sens de l’orientation. Je me dirige au feeling dans la bonne direction, qui ne dois pas être la bonne car je ne trouve pas le but … Retour donc au gîte, en m’égarant encore dans la ville inconnue : ah, cet AUTRE MONDE quand on n’a pas les repères classiques habituels … Bon j’y arrive (sinon je pourrais peut-être tourner encore, et même en demandant, ce n’est guère aisé), mais je retrouve bien le « microcosme rassurant » où je vais passer une nuit à entendre les discussions des travailleurs presque (pour certains du moins) en repos hebdomadaire, témoins de NOTRE MONDE !