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Bienvenue sur mon blog !!! Son but : Marchons ensemble ! et avançons sans ampoules vers la Terre Promise

Association

L'association PAIX - EIRHNH - SALAM - SHALOM ("Paix" en Français, grec, arabe et hébreu translittérés) :

En quoi consiste-t-elle ?
Créée le 21 Avril 2011, cette association a pour but de promouvoir des actions concrètes de rapprochement entre les peuples, dans le cadre de la paix dans le monde et du dialogue inter-religieux.
Pour 2011, l'action principale consiste en "première mi-temps" à rallier à pied Bois-Guillaume à Jérusalem ... puis en "seconde mi-temps" à déposer dans une fente du mur des Lamentations tous vos messages de paix ... puis en "troisième mi-temps" de partager ensemble tous ces moments de rencontres sur la route !


Comment y adhérer ?
Si vous le souhaitez, vous pouvez apporter votre contribution [sans déduction d'impôt possible], à titre d'entreprise-sponsor ou de particulier-bienfaiteur, en envoyant un chèque libellé à l'ordre de l'Association PAIX-EIRHNH-SALAM-SHALOM et du montant que vous souhaitez à l'adresse suivante: chez Monsieur Benoît MOULIN, 344 Chemin de Clères, 76230 BOIS-GUILLAUME.
Cette contribution servira pour aider les personnes qui voudront bien accueillir sur le chemin ...


Le Blog et l'Anti-Blog :
Chaque jour (ou presque !!!) sur ces pages, vous retrouverez :
- Le blog du pèlerin,
- L'anti-blog du co-pilote, Amédée BOURAIN ainsi que la pensée de celles et ceux qui m'ont accueilli pour un soir !!!

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afin d'illustrer l'évènement de notre Ben - Vos commentaires dans le message du 10 Novembre - Message à Tahar !

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Les Colombes de la Paix !!!

mercredi 31 août 2011

Jour J + 116 : Selimpasa => Istanbul (46 kms - Total = 3826 kms)

Pensée Spirituelle
"L’impression est le juge naturel du premier moment. La discussion l’est du second"
(Jean le Rond d’ALEMBERT)
 
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Ne vois-tu pas que Dieu sait ce qui est dans les cieux et sur la terre ? Pas de conversation secrète entre trois sans qu'Il ne soit leur quatrième, ni entre cinq sans qu'Il n'y ne soit leur sixième, ni moins ni plus que cela sans qu'Il ne soit avec eux, là où ils se trouvent. Ensuite, Il les informera, au Jour de la Résurrection, de ce qu'ils faisaient, car Dieu est Omniscient."(Sourate 58 [la Discussion], Verset 7)
 

Les discussions par ici peuvent durer des heures … En effet, enfin après quelques jours de dialogues de sourds et peut-être même sans le savoir l’usage de la langue des signes créée pour ces mêmes sourds (non que les turcs soient sourds et muets, bien au contraire !). Je vais pouvoir refaire marcher mes cordes vocales et les muscles liés à la parole … Non pas que cela commençait à me manquer (quoi que), mais le fossé de la langue, faut bien le combler, ne serait-ce que de temps en temps ! Alors voilà, départ de bonne heure du bord de mer, facile car de discussion à cette heure matinale aucune, tout le monde dormait dans cette pseudo-auberge de jeunesse (les jeunes comme chacun sait sont des animaux nocturnes !). La route devient de plus en plus impossible au fur et à mesure qu’Istanbul approche, mais je tiens le choc …. jusqu’au bout. A la fin, d’ailleurs, je longe la mer au plus près, petites ruelles non carrossables et terrains vagues abandonnés, mais sans me perdre car quand on sait que deux énormes mosquées dominent la partie la plus réputée d’Istanbul, Sultan Hammet (Sultan le Magnifique), et qu’on les voit de loin, elles sont alors comme la mer pour le marin. Peut-être mêmes que les minarets ont – aussi – été bâtis pour cela , qui sait ? Donc je débarque sous la chaleur un rien tropicale à Istanbul, tombe sur des touristes (facile à trouver ici, espèce qui est loin d’être en voie de disparition !), on se prend un pot. Evidement, eux qui viennent de Londres par avion, ils ont mis un petit peu moins de temps que moi, et ils ont plein de questions à me poser, alors le pot s’enchaine sur un second puis un troisième … Je leur demande où ils logent, ils m’indiquent un petit hôtel, et comme il faut que je patiente jusqu’au soir, à l’heure de disponibilité de mes hôtes Eva et Ilker, je me paye le culot de me pointer avec ces dits-touristes au dit-hôtel à deux pas (et non dans un lieu-dit, lol !), en sollicitant « la douche du pèlerin ». Eh bien, ce ne sera pas la douche écossaise, le patron, sensible à mon histoire « pas banale » (dit-il en … français), m’offre la douche et même un apéro ! Et là-encore c’est une discussion, au début genre agence de renseignements (vous êtes fou … mais c’est génial … vous devriez écrire un livre …je vous loge gratis si vous n’avez pas d’adresse … et revenez quand vous voulez …). Bon, c’est pas tout cela, faut que je m’y retrouve dans cette ville mégapole de plus de 30 millions d’habitants, qui ressemble à New York ou Venise avec ses mers qui la traversent (rappelez-vous, le Bosphore, la Corne d’Or, vous l’avez bien appris à l’école, non ?), mais aussi au Caire par son aspect fourmilière humain et grouillante ! alors, après une visite – rapide de l’immense mosquée Sultan Hammet (avec mon sac à dos que l’on me demande dans un premier temps de vider devant tout le monde par vérification de sécurité, mais une bonne discussion – encore une, en petit nègre – sur les thèmes de mon voyage m’ouvrent grandes les portes de la « maison d’Allah » !) et de Sainte-Sophie (là, mon sac à dos, il est bien gardé) … Puis un tramway (moderne), puis un funiculaire (avec tunnel), puis un autre tramway (de deux siècles passée), puis une bonne demi-heure à pied … Et j’arrive enfin … chez Eva et Ilkner …

Jour J + 116 : Amédée


Ah ça, des mosquées, bien-sûr, moi qui n’étais jamais sorti du jardin d’Amélie (ben oui, Amélie Poulain, vous la connaissez ?), j’en avais jamais vu autant ! Mais alors là, c’est géant, un vrai hall de gare à l’intérieur, une immense coupole … Et à l’extérieur, des espèces de constructions comme des doigts tournés vers le ciel coiffées de trucs comme des dés à coudre pointus, et qui font tous seuls de la musique vocale plusieurs fois par jour … Ben, il m’a dit le nom de ces colonnes qui sont pas des clochers (forcément, il y a des haut-parleurs, pas des cloches), il paraît que c’est des minarets … Alors, au p’tit hôtel où on a pris un pot offert en arrivant et que Ben il m’a sorti du sac pour m’aérer un peu, sur le bord de la rambarde, là, tous les japonais du lieu, ils sont arrivés pour me prendre en photo … Et y’en a même un qui a dit que sur sa photo, avec la mosquée aux six tours par derrière, je ressemblais à un septième minaret. Non mais, est-ce que j’aie une « mine à raie ? ». Du coup, j’ai été un peu vexé, et puis, vous avez déjà vu un nain ressemblant à un doigt tourné vers le ciel, vous ? Mais bon, Ben, il m’a dit que si j’étais le septième, c’est justement le chiffre de la plénitude … Alors je suis redevenu Béage, « Amédée le Béage du Minaret de la plénitude » ! Me voilà maintenant noble, avec ce nom à tiroir ! Et naturellement, quand on a raconté l’histoire ce même soir, avec Eva, Ilker et les deux étudiantes allemandes, ces dernières, qui ont eu plus de considérations pour moi que les émissaires de l’empire du soleil levant, elles ont bien ri mais aussi elles m’ont félicité pour ma perte du rang roturier : Merci Anna et Frederica !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Anna et Frederika  d'  Istanbul

Ainsi donc, quand j’arrive – enfin – chez Eva et Ilker, sans me perdre n’est-il pas, je sonne, on m’ouvre, je monte les trois étages, et je tombe nez à nez dans l’appartement non pas avec un couple mais avec deux jeunes « Mädchen »… et c’est là que tout est drôle, une fois-encore. Car pendant trois quarts d’heures, il y aura d’un côté comme de l’autre une totale méprise sur l’interlocuteur / interlocutrices ! Moi, je pense que c’est Eva, ma logeuse, avec une copine, et je m’étonne qu’elles parlent si bien l’allemand et l’anglais ! Et elles, elles croient que je suis un ami de la maisonnée, turc, qui parle aussi ces deux langues ! Et on a tellement parlé qu’on s’est monté un super scénario sans le savoir, et on a bien rigolés ensuite quand le pot aux roses a été dévoilé, lorsque « la patronne et le patron » sont arrivés, revenant d’une ballade en VTT sur les îles du Prince ! Alors évidemment, ça a mis tout de suite une ambiance assez géniale. Avec donc Anna et Frederika, jeunes étudiantes allemandes de Bonn, vadrouillent dans le pays elles-aussi grâce à Couch Serving, mêlant à la fois quelques jours de tourisme et des recherches dans le cadre de leurs études de danse mêlée à de l’anthropologie – encore une association étonnante de la part des étudiant(e)s actuel(le)s, non – ? Du coup, comme Eva parle l’allemand en plus du turc et Ilker quelques mot d’anglais en plus du turc aussi, le dîner sera une vraie « Tour de Babel, avec du multi-langues et des efforts de traductions simultanées (et vous, vous ne devez rien comprendre à mon histoire, mais c’est pas grave !). Ah, on aura bien rigolé ! Anna est très intéressée par mon projet, et moi, je me documente sur leurs études, sur le fait par exemple qu’elles aillent à Ephèse non par souci d’archéologie ou de théologie, mais justement pour rencontrer des gens du même créneau d’études (ah bon, cela se trouve ? mais je ne peux vous en dire plus, adressez-vous au « père de cette méthode » : Rudolf Steiner, philosophe, occultiste et penseur social autrichien, fondateur de l'anthroposophie, qu'il qualifie de « chemin de connaissance », visant à « restaurer le lien entre l'Homme et les mondes spirituels » ... Ca vous en bouche un coin de conversation, non ?). Et quand l’heure – fort tardive – du repos tant attendu par tous est arrivé, Anna et Frederica me notent un p’tit mot sympa et qui veut tout dire sur mon fameux p’tit carnet ! :

"Une rencontre gaie et amusante : trois personnes arrivant de coins divers, se présentant mutuellement. Une incompréhension dans leurs discussions (qui est qui ?) de par l’absence de nos hôtes, Eva et Ilker. Nous avons ensuite passé une merveilleuse soirée où le turc, l’allemand, l’anglais et le français se sont mêlés ! Nous vous souhaitons une merveilleuse poursuite de votre projet, et que tout aille bien pour vous !" (Anna et Frederika)

mardi 30 août 2011

Jour J + 115 : Marmara Ereglisi => Selimpasa (44 kms - Total = 3780 kms)

Pensée Spirituelle
"Vis au milieu des hommes comme une abeille au milieu des oiseaux"
(Azrat Ali Ul MURTAZA)
 
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur de l'aube naissante, contre le mal des êtres qu'Il a créés, contre le mal de l'obscurité quand elle s'approfondit, contre le mal de celles qui soufflent (les sorcières) sur les nœuds, et contre le mal de l'envieux quand il envie »."
(Sourate 113 [L’aube naissante], les 5 Versets)
 

Bienheureux qui comme la mouette … Bienvenue à vous, cliqueurs assidus de souris, sur ce blog qui n’est peut-être pas votre préféré … mais si vous lisez ce texte c’est qu’une fois encore vous vous êtes faits prendre ! Voilà, Istanbul se profile, avec sur le côté gauche de la route, des villes-champignons qui surgissent régulièrement de nulle part (je ne comprends pas, parce que pour que les champignons poussent, il faut la pluie, au pire la rosée, et ça, c’est pour moi une espèce en voie de disparition ! Du coup, ça fait montage photo … Photo que je ne prendrai pas comme d’autres ce jour, car cela n’a aucun intérêt …), et sur le côté droit de la route, la mer de Marmara, une vraie splendeur à contempler sans modération … Ou plutôt avec, car sur tout le littoral (excepté au niveau des villes mais ça pue littéralement), les militaires ont pris possession de cette splendeur avec barbelés et miradors (qu’y a-t-il à craindre donc ?). Et bien-sûr, avec la théorie que vous connaissez maintenant du « juste milieu », au milieu donc , entre les deux, toujours cette fameuse voie presque rapide ! Bon, je ne vous écrirai pas une pièce de théâtre , avec (pour les culturés d’avant la guerre, celle du Golfe !) des décors de Roger Hart et des costumes de Donald Cardwell !!! Du coup, trois petits arrêts, j’en profite car maintenant il y a à nouveau foule aux terrasses de café, et je suis – un peu – chargé de mettre de l’animation … Mais ça va bien, car ce soir, eh bien ce soir, j’ai une adresse, presque « les pieds dans l’eau » : une « auberge de jeunesse », avec des étudiants et des jeunes (mais pas seulement des jeunes, lol !) de tous pays, dont … beaucoup de japs !. Ca va être sympa, je le sens, vivent les dortoirs de dix personnes avec lits superposés (ça vous dit ?), vive la terrasse au dernier étage avec vue sur la mer, vivent les rencontres et les conversations, et là … même les turcs ils ne parlent pas que le turc (du coup, je ne me mets pas à l’apprendre, j’attends que vous me donniez des leçons, à mon retour !!!). Ah, si vous saviez comme il est bien le Ben, bien comme les mouettes qui elles aussi ont vue imprenable sur la mer, et qui ont la liberté d’aller loin et – assez – vite, sans subir le CO et le CO2 … C’est décidé, je me réincarnerai en mouette (et ici elles sont propres, c’est pas comme en France, elles gardent leurs excréments et on n’a pas besoin de leur dire « vos gueules, les mouettes ! »). Bien le bonsoir, dormez bien, braves gens, moi je vais bien dormir car, pour tout vous dire, on a fait à plusieurs une séance hammam turc, et même si ça ronfle dans le dortoir, ça ne dérangera que les moustiques (et pas les mouettes) …

Jour J + 115 : Amédée


Eau et gaz à tous les étages, vue sur la mer imprenable. Oui, je sais, on ne s’en fait pas dans cette auberge de jeunesse (au fait voilà encore un sujet : les jeunes, les vieux, les jeunes-vieux et les vieux-jeunes : vous avez des idées ?)… Regardez, ça vous fait envie, de vous faire servir par le barman que je suis venu ? Non, je ne vous le refais pas, le « z’aviez qu’à venir », vous pourriez définitivement nous en vouloir, d’autant plus qu’à Istanbul, Ryan Air c’est pas cher (sauf quand on reste bloqués, ça vous rappelle quelque chose, Milan ?) … Bon, on va manger léger ce soir, parce que le repas d’hier, il a moyennement passé (c’est pas la fôte à Inès, non !). Par contre on va bien discuter avec pas mal de jeunes (bien oui, Papy, c’est bibi), dont surtout notre jeune polonais sympa comme tout : à toi, merci Tomek !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Tomek  de  Selimpasa

Pour lier contact avec Tomek, pas difficile, il a la partie du lit superposé juste en dessous de la mienne. Faut bien être diplomate pour la nuit à venir, non ? Même pas drôle, parce que même pas la peine. Tomek, il est aussi rapide que moi pour lier connaissance ! Au point qu’avec d’autres on organise une virée au hammam turc (là, je ne vous raconte rien, si vous étiez venus, les masseurs vous auraient déboîter votre dos déglingué, et là, c’est comme Synthol : « ça fait du bien là où ça fait mal … ») !) Puis on visite une mosquée, puis deux, puis trois … Puis on fait une terrasse, puis deux, puis trois ! et Tomek, ben voilà qui il est : il a 21 ans (mon fils ?), il habite Varsovie mais est étudiant en quatrième année dans une ville du sud de son pays, et dans deux matières à la fois : « production scientifique » et « philosophie ». Mélange intéressant et à creuser, n’est-il pas ? et il est vachement cultivé et intéressé par des tas de sujets. Mon périple et ses éternelles questions, la paix dans le monde, à quand la paix entre les israéliens et les palestiniens … Je lui laisse vous dire lui-même ce qu’il a envie de faire « quand il sera grand ! ». En tout cas, avec ta bouille d’ange, Tomek, t’es aussi comme une mouette et tu dois avoir besoin, comme ton saint patron, de voir pour croire … Car t’es sacrément baroudeur ! invitation est prise pour Varsovie, invitation est prise pour Bois-Guillaume, et là … vous serez des nôtres, braves gens sédentaires ! :

"What’s a wonderful trip ! I enjoy you, but I can’t do it with you, I’m student … I enjoy your ideas of peace and of speaking between the religions, later i want to work for these subjects and for human rights … Tell me when you will arrive in Jerusalemme ! Very friendly !" (Tomek)
(Quel merveilleux voyage ! je t’envi mais je ne peux pas le faire avec toi, je suis étudiant... J’aime beaucoup tes idées de paix et de dialogue entre les religions, plus tard je voudrais travailler pour ces sujets et pour les droits de l’homme … Dis-moi quand tu arriveras à Jérusalem ! très amicalement)

lundi 29 août 2011

Jour J + 114 : Tekirdag => Marmara Ereglisi (45 kms - Total = 3736 kms)

Pensée Spirituelle
"Demain, qui gouvernera le monde ? Personne, sans doute. Et c’est là le pire. Aucun pays n’aura plus le moyen de maîtriser les richesses et les problèmes de la planète. Et personne ne voudra d’un gouvernement mondial …"
(Jacques ATTALI)
 
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. La course aux richesses vous distrait, jusqu'à ce que vous visitiez les tombes. Mais non ! Vous saurez bientôt ! Vous saurez bientôt ! Sûrement ! Si vous saviez de science certaine. Vous verrez, certes, la Fournaise. Puis, vous la verrez certes, avec l'œil de certitude. Puis, assurément, vous serez interrogés, ce jour-là, sur les délices."
(Sourate 102 [La Course aux richesses], 8 Versets)



Trop, c’est trop ! Vous deviez bien vous douter, après la séance du « rien » d’avant-hier et après la séance des « limites » à dépasser ou pas d’hier, il fallait bien qu’on en arrive à la fin du tryptique : le « trop » … car, par exemple, concernant mon voyage, faut-il aller jusqu’au bout, ou bien dois-je considérer que c’est trop et dans ce cas on arrête. Je vous rassure (ou je vous inquiète) tout de suite : on continue – grâce à qui, à Amédée, à mes chaussures, à mon bâton, à vous … –, De même, et c’est là où je souhaite en venir, dans notre société actuelle, ou devrais-je plutôt dire dans nos sociétés actuelles, ne pousse-t’on pas le bouchon trop loin ? Ainsi par exemple, le buffet du petit déjeuner à l’hôtel ce matin, sympa, non ? mais alors, quel gachis fort probablement (surtout si tous les clients sont comme moi, à ne pas trop apprécier le salé …) ? De même les musulmans, ne poussent-ils pas le bouchon trop loin, avec leur Ramazan qui les épuise, eux-mêmes et leur pays, économie et dynamisme ? De même, cette abondance de moyens, de tentations, de constructions, d’acquisitions ? A-t-on besoin de tout cela ? Pour prendre un autre exemple au hasard : Moi ! rien (ou pas grand-chose) dans le sac à dos … Seulement le nécessaire, mais est-ce encore trop ? ou pas assez ? Aïe, il y avait longtemps que je m’étais posé des questions existentielles de ce type ! autre exemple, sur le trajet d’aujourd’hui, ces quatre dizaines de kilomètres entièrement sur la bande d’arrêt d’urgence de la voie rapide, n’est-ce pas un peu trop ? Et n’est-il pas regrettable que les turcs aient rayé de la carte la petite route bien tranquille qui devait bien exister auparavant ? Et cette pollution et ces voitures, n’est-ce pas un peu trop, le tout étant un peu lié … Eh bien, j’ai eu la réponse, enfin une réponse : celle du « juste milieu », celle du compromis … A trouver : celle de la sagesse, voilà voilà …en arrivant à Marmara Ereglisi, je prends un pot au premier troquet venu (j’en pouvais plus, ah ces derniers kilomètres …), et je suis servi par Ines et Achoub, pas bien vieux mais déjà bien marqués semble-t-il par la vie. Ils habitent dans cette ville depuis toujours, ils n’en sont jamais sortis, ils n’ont rien (ou vraiment pas grand-chose, d’autant plus qu’ils n’ont pas d’enfants et que leur famille vit très loin). Alors pour améliorer un peu leur existence, ils ont ouvert un petit café, dans les jardins entourant la place. Bon, le trop, c’est qu’il n‘était pas forcément nécessaire de leur part de jouer aux attrape-touristes en revêtant leurs plus beaux couvre-chefs (à moins que ce ne soit pas des déguisements, mais – peut-être suis-je mauvaise langue – que ce soit peut-être dans leurs traditions d’honorer ainsi leurs clients ?), mais les gens doivent aimer cela, la preuve, c’est chez eux que je vais … je « discute » avec eux (Achoub, il a un peu vécu en son temps … en France), et même ils « discutent » avec moi ; ils sont sympas, je dois paraître sympa, ils paraissent fatigués. Enfin à l’heure de la rupture du jeûne, eh bien, ils vont rentrer chez eux dans leur petit appartement, et ils fêteront alors (enfin ?)… la fin du Ramazan, peut-être un peu esseulés … me feraient-ils signe, me poseraient-ils « la » question ? mais ils n’osent pas trop me le demander, poussant les limites de leur réserves de pauvres … Alors, c’est peut-être un signe, quand je leur dis que je cherche un lieu d’hébergement pour ce soir, ils me disent, sans trop se concerter et sans trop réfléchir : ben chez nous, c’est petit, c’est pauvre, mais si voulez … et voilà une bonne expérience : la fête de la fin du Ramazan, avec eux, autour d’un repas frugal (complété par ce que j’ai pu trouver, et finalement, on en a eu … beaucoup). Pas trop de discussions, ou tout au moins sur des sujets divers et variés mais quelle importance ? En tout cas, rien que le fait d’être contents ensemble, dans nos limites, entre le rien et le trop, ça a été un bel exemple de vie, un épiphénomène certainement bien plus adapté que l’abondance surfaite du buffet de ce matin, et que je souhaitais tout simplement partager avec vous !

Jour J + 114 : Amédée


Chez Ines et Achoub, on n’a pas trop voulu faire de photos de leur intérieur (bien qu’ils se soient dépensés pour nous rendre un p’tit lieu cocooning). Par contre, en attendant la fin de la journée et la fermeture de leur petit bar de fortune, on est allés prendre quelques photos sur la digue. Ah là, ça fait tout de suite très classe, peut-être un peu trop, non ? Mais finalement, c’est bien cette soirée qui a été classe, car c’était pas … rien. Les limites de l’accueil, ce principe cher aux musulmans, ont été repoussées dans dépasser ni le rien ni le trop. Ah, si toutes nos soirées pouvaient être aussi chaleureuses, intérieurement … Merci Ines et Achoub !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Ines et Achoub  de  Marmara Ereglesi

Evidemment, dans ce périple, je joue au yoyo. La marche, un coup ça va, et le lendemain on zyeute de loin les bornes kilométriquesL’accueil, un jour c’est portes ouvertes, et le lendemain, on cherche désespérément … la porte … et nos hôtes, un jour, c’est la plage de cocotiers, et le lendemain, c’est la banquise … Et bien aujourd’hui, c’est comme le plat de viandes : un mixed grill. Car avec nos hôtes de ce soir, Ines et Achoub, ça a été la chaleur de l’âtre dans une isba de Sibérie … Et c’est bien cela qui fait qu’ils sont au top du top des nominés de l’hôtellerie de charme, celle où l’on est bien quel que soit le confort, celle où l’on n’a pas besoin de parler beaucoup, de savoir ce que fait l’autre, de quelle religion il / elle est, combien il / elle gagne, ce qu’il / elle a comme projets. On est … en paix ! Allez, cette paix d’Achoub dont j’ai été le dépositaire, je vous la transmets, à graver si vous le souhaitez en chacun et au plus profond de nous !

"Vous êtes venus nous honorer dans notre modeste demeure pour célébrer l’Aid Al Fitr. Merci pour votre générosité … Qu’Allah, le Dieu le Miséricordieux, vous apporte la Paix, à transmettre à votre famille et vos amis, et à tous les humains que vous allez croiser lors de votre pèlerinage" (Ines et Achoub)

Colombe envoyée par Eveline à notre Ben !!!

dimanche 28 août 2011

Jour J + 113 : Malkara => Tekirdag (42 kms - Total = 3691 kms)

Pensée Spirituelle
"L’homme ne saurait connaître la loi, mesurer ses limites, qu’en passant outre"
(Arthur ADAMOV)
 
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Bienheureux sont certes les croyants , ceux qui sont humbles dans leur Salat, qui se détournent des futilités, qui s'acquittent de la Zakat, et qui préservent leurs sexes [de tout rapport], si ce n'est qu'avec leurs épouses ou les esclaves qu'ils possèdent , car là vraiment, on ne peut les blâmer; alors que ceux qui cherchent au-delà de ces limites sont des transgresseurs."
(Sourate 23 [Les croyants], Versets 1 – 7)


Quelles sont nos limites à ne pas dépasser ? Vous vous en doutez bien, dans cette charmante ville pas trop résidentielle de Markara où rien ne s’est passé (ce qui en a amusé plus d'un(e) d’entre vous), je ne vais pas faire de vieux os et rester trop longtemps. Y’a des limites à ne pas dépasser ! Je pars donc un peu comme un voleur dès le lever du jour … synchronisé avec le muezzin. Pas besoin de rajouter une bande son à l’image du film de la journée … Et je vais encore vous décevoir, il ne se passe toujours pas grand-chose aujourd’hui, la route qui atteindra finalement Istanbul, à une centaine de kilomètres de là, est désespérément à quatre voies, avec heureusement une bonne zone-limite sur le côté pour marcher. Nouveauté, personne ne me fait signe, à part quelques coups de klaxons des voitures roulant en sens inverse ! Ah, voilà la mer qui se profile, la mer de Marmara … Est-ce un synonyme du mot « vent » ? En tout cas, le temps est plus que couvert. Une seule hâte, arriver à la limite du jour fixée. Au lieu de gîte (enfin d’hôtel, fort probablement) le plus vite possible … Mais ce ne sera pas avant 15 heures au prix d’une seule halte boisson gazeuse avec colorant comme on n’en fait plus chez nous, plat de viande et de salade mixte … Ah, voilà cette ville de Tekirdag, embarquement par ferrys pour ceux qui veulent gagner l’autre côté de la mer de Marmara … Ce ne sera pas une petite ville, de l’animation à la limite digne du « Port d’Amsterdam » de Jacques Brel, avec les marins et la morue, … Manque (et c’est bien cela ici la limite) que la bière qui ne coule pas à flots, et même pas du tout, car elle est désespérément absente en cette période ramazan. Comment vais-je m’alimenter en benzine ? Ne vais-je pas tomber en panne sèche ? Du coup, je vais dépenser sans limite. Le logement sera dans un hôtel d’un standing certain, mais que voulez-vous, je n’ai pas l’énergie de chercher un hôtel de passe (lol !), et puis, il y a vraiment un souci : la limite … de la « barrière de la langue » … mais finalement, cela fait du bien, une bonne sieste, sans limite … Vous connaissez mon péché mignon pour la baignade, eh bien non, pas ici, car il y a des limites à ne pas dépasser ! pas de plage, trop de vent … Seules les mouettes s’agitent sans aucune limite (et finalement, elles ont bien raison !) en cette fin d’après midi, heureusement le Ramazan est limité en durée : il ne dure pas six mois ! Ah, oui, seul personnage amusant de la journée, Ali (encore un !) qui m’aborde et va me raconter sans limite sa vie, ses femmes, sa religion toute personnelle, enfin, un turc haut en couleurs … Et comme je le revois le soir, à la limite … du jardin public, alors que je vais manger, il m’accompagne ! là, je mange différemment des limites que je m’étais fixé. Je commande du poisson avec de la salade de haricots le tout devant être arrosé d’eau gazeuse, on me servira des boulettes de viande avec des frites et du fanta … Vaut mieux ne rien dire et donc rester dans les limites de ses paroles, ils ont l’air tellement fatigués … Allez, on tente la morale de la journée : demain sera un autre jour, et au moins on a un peu avancé dans le nombre de kilomètres (pas si limité que cela …) de notre démarche ! Mais j’espère bien que la Jérusalem céleste, ce sera pas comme ici, qu’elle sera sans limites, parce que sinon, on risque d’être un peu déçus, à la limite !

Jour J + 113 : Amédée


Il y a tellement de monde, un nombre illimité, sur la promenade le long de la mer, des amoureux du Dimanche, des marins en manque de bateau qui vogue ou de compagne, des failles en promenade dominicale attendant le repas du soir, ou des voyageurs prêts à gagner l’autre rive, que je préfère fixer mes limites et prendre le frais sur la fenêtre de notre chambre … Y’a pas de musique, mais il y a des CDs qui bougent au vent, joli, non ? Allez, nous on a chaud en cette fin de soirée … Alors Ben, en rentrant, il m’a raconté sans limite les histoires d’Ali, hautes en couleur. Du coup, on a passé une super fin de soirée avant de dormir, car demain, il y a encore de la route. Allez, pour ton côté rigolo, merci Ali !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Ali  de  Tekirdag

Donc Ali, pas du tout le même genre que l’Ali d’avant-hier (vous vous souvenez, le fonctionnaire très strict dans ses limites qui attend l’évènement pour faire son rapport), notre Ali de ce soir, il a tout fait en illimité, me dit-il : Il a vécu, en Europe Occidentale, en Amérique – comme il dit – et il est revenu au pays, pas de chance pour lui, il n’a pas trop réussi en affaires. Alors il a eu la nostalgie du pays, et ici, il tient me dit-il une « petite affaire » (certainement limitée, mais de quoi s’agit-il ?) … Et comme pendant ce sacré Ramazan, à la limite ça ne rapporte rien, eh bien, il ne l’ouvre pas, son affaire (comme cela, on aura pas à aller la voir !). Il a eu de belles aventures, illimitées dans tous les sens du terme, comme il dit, avec des femmes et avec des amis, mais maintenant ... les seules aventures qu’il a, elles sont plutôt limitées : c’est avec ses vieux parents … Bon, il se pose lui-même ses limites, il a pas l’air de jeûner, pas plus que de respecter les cinq piliers de l’Islam. Pour lui c’est pas le plus important, c’est de se fixer (comme il dit, parce que ce mot, il vient de lui !), c’est :

"Il faut profiter à fond de la vie, on ne sait pas ce que demain nous réserve … Alors vous, profitez de votre voyage, moi, je suis bien ici ! Peut-être qu’un jour, j’irai en pèlerinage, mais pas comme cela ! Portez-vous bien … Et merci pour la soirée !" (Ali)

samedi 27 août 2011

Jour J + 112 : Kesan => Malkara (43 kms - Total = 3649 kms)

Pensée Spirituelle
"Le temps, dit-on, ne vient qu’une fois, mais on dit aussi qu’il faut avoir le temps de l’attendre"
(Leon Battista ALBERTI)

Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Par le Temps ! l'homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s'enjoignent mutuellement la vérité et s'enjoignent mutuellement l'endurance"
(Sourate 103 entière [Le temps], 3 versets)


Le temps qui passe … Il y en qui vont être satisfaits aujourd’hui, celles et ceux qui trouvent que mes textes sont trop longs … C’est vrai ! alors pour leur faire plaisir, je vais faire court. D’autant plus que je n’ai pas grand-chose à vous dire, car rien ne s’est passé … Tout fermé ce matin au départ (ah oui, au fait, on est Samedi, donc hier on était Vendredi, la grande journée de prière surtout en période Ramazan, c’est pour cela que l’agitation était anormale – Je commence à perdre pied dans les calendriers … –) Rien non plus dans le vent et la poussière sur cette route toute droite – A part un petit village où je ferai une halte courte mais chaleureuse – Rien dans la ville d’arrivée déserte à souhait, encore plus crasseuse et pauvre que la veille. Rien dans l’hôtel où il n’y a pas un seul autre client et où la tenancière ne parle pas un traitre mot. Rien dans le jardin public où tout somnole en attendant l’heure de la rupture du jeûne, un peu plus il est vrai au kebab-restau ouvert après la rupture du jeûne. Rien non plus cette nuit une fois que le muezzin a arrêté ses vocalises. Ce fut une journée, sans rien ! et qu’est-ce que je dois donc répondre à celles et ceux qui me disent « merci ! » d’avoir fait si court ? eh bien je réponds :
de rien !

Jour J + 112 : Amédée


Là, Ben il exagère un peu, car il s’est passé des choses, sur la route. Pour tromper la monotonie, nous avons entrepris de ramasser des objets de grande valeur sur le bord du fossé. Jugez plutôt … ! Et moi, ma trouvaille préférée, c’est cette paire de belles sandalettes dotées de gros diamants, trouvées à quelques centaines de mètres de distance l’une de l’autre. Celles-là, on les garde dans le sac à dos, et je les offrirai en cadeau à ma Gnomette promise, qui je l’espère attend mon retour avec impatience, sous son abricotier d’un balcon de la Rue d’Herbouville … J’espère qu’elle appréciera mon cadeau ! M’enfin, c’est vrai que cela a été une journée de rien, même si nos p’tits octogénaires pratiquant le Ramazan à votre manière, ils ont une pêche telle qu’ils nous ont bien amusé : merci à vous !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Ahmed  de  Malkara

Pas grand-chose à vous dire non plus aujourd’hui sur les personnes rencontrées. Personne ce matin car tout était fermé à Kesan … Ce soir à Malkara, accueil sinistre de la tenancière de l’hôtel qui mâche tellement son chewing-gum que je ne comprends pas ce qui sort de sa bouche, en turc ou en autre chose … Ah si, dans le seul village traversé par la grand route aujourd’hui, je suis hélé par un groupe d’hommes âgés attablés à la terrasse du bar local. Je vais peut-être représenter l’attraction du jour, mais très sympas, ils m’invitent à prendre place à côté d’eux … Et immédiatement le tenancier me sert un petit verre de thé. Ils font le Ramazan, me disent-ils, mais à la turque ! avec cigarettes et thé dans la journée. Cela ne change pas grand-chose, me dit Ahmed, « l’intellectuel » de la bande », qui veut tout traduire (en allemand) des questions de ses collègues et de mes réponses. Tiens, ils sont très intéressés par les rapports entre les religions, et leur grande question sera : « Pourquoi vous n’allez pas à La Mecque, après Jérusalem ? »  Vous auriez eu une réponse à leur apporter, vous ? Et puis « vous repartez déjà ? ». Oui, c’est vrai, il ne s’est passé qu’une heure et quart depuis que je me suis assis, j’ai encore quatre heures à marcher … Et pourtant, j’étais si bien ici avec eux … :

"Vous allez de France à Jérusalem ? à pied ? moi je suis déjà allé en France, il y a seize ans. En train ! c’est plus rapide ! Nous sommes honorés par la présence d’un pèlerin dans notre village … Vous ne voulez pas rester un peu plus longtemps ? Non, alors bonne route !" (Ahmed)

vendredi 26 août 2011

Jour J + 111 : Ferres (Grèce) => Kesan (Turquie) (46 kms - Total = 3606 kms)

 Information spéciale :


 Au revoir la Grèce, Bonjour la Turquie 

Pensée Spirituelle
"Qu’il est dur de ne rien faire quand tout s’agite autour de soi …"
(Proverbe Français)

Péricope Coranique
"C'est Dieu, le Tout Miséricordieux qui vous fait voir l'éclair qui vous inspire crainte et espoir. Et il crée les nuages lourds. Le Vacarme Le glorifie par Sa louange, et aussi les Anges, sous l'effet de Sa crainte. Et Il lance les foudres dont Il atteint qui Il veut."
(Sourate 13 [Le tonnerre], versets 12 – 13a)


Du désert à la vie … Trop de silence ? Trop d’agitation ? C’est incroyable comme les repères se perdent vite ! au départ, finalement les gens sont loin d’être matinaux … Alors, quand je veux partir à 7 heures, tintin à l’hôtel pour le p’tit dèj ! Pas grave, je trouve le seul magasin ouvert de la ville, qui vend des feuilletés au fromage au poids, un vrai régal … Et parmi les acheteurs matinaux, ça papote, mais qui c’est ce routard, et pourquoi il s’est arrêté ici. Ah, vous êtes français, Sarkozy ! Strauss-Kahn ! et leurs femmes ! on a une belle réputation !!! Allez, je prends la route, celle vers la frontière, pas un chat, excepté des véhicules militaires = zone à risque ? Puis l’autoroute vers la Turquie, magnifique, mais qui semble ne mener nulle part. Je l’emprunte sur la bande d’arrêt d’urgence pendant 8 kms (soit une heure et demie) et seules 9 voitures me dépassent. Y’a pas plus de danger ici pour les pèlerins que pour les tortues ! Arrivée au poste frontière, pour quitter la Grèce pas de problème, mais pour gagner la Turquie, aïe ! j’avais été prévenu il y a deux jours … que mon « contrat » de « à pied, tout à pied, rien qu’à pied » allait tomber à l’eau … car entre les deux pays, une rivière, sur la rivière un pont, sur le pont des piétons, mais qui sont des militaires des deux parties et qui se regardent – c’est le cas de le dire – en chien de fusil … mais de pérégrin piéton. Là c’est pas possible, y’a trop de risque certainement à déclencher une guerre froide ! alors seule solution, me dit le douanier grec, demander à un automobiliste de me véhiculer … Pas trop dur, seulement vingt minutes d’attente, vu les véhicules au compte-goutte … Et me voilà parti pour 400 mètres en voiture, le début d’un relâchement ? (et j’espère que vous, fidèles lecteurs, ne m’en voudrez pas …). Ca passe tout seul côté turc, je descends et remercie mon chauffeur (qui est venu de Grèce acheter des cigarettes en duty-Free et qui repart en sens inverse illico presto … Et me voilà propulsé sur une grande ligne droite, une « voie rapide » avec ses poules qui traversent la route et qui ont creusé des trous (les fameux « nids de poules turcs »), avec ses charrettes, mais aussi avec ses voitures qu’on voit plus en France depuis un certain temps … et là ce n’est plus le silence du côté grec, c’est déjà une certaine effervescence ! Allez, encore cinq heures de marche, et voilà Kesan, abordée par ses zones d’immeubles plutôt délabrés, assailli par des enfants sympas qui piaillent et demandent (mais faudrait peut-être arrêter de fouiller dans mes poches, non ?) … Et puis sous le soleil, c’est la grande sieste. Personne dans les rues … Pour trouver un logement, pas le choix, ce sera un petit hôtel, dont Amédée vous donnera des nouvelles !) : Allez, la Turquie c’est beau et / mais c’est couleur locale, on va s’adapter … On va s’adapter notamment à la vie grouillante dans les rues, aux petits magasins, aux odeurs, au thé servi dans de petits verres dès qu’on s’assied … Ce qui est le cas quand je rencontre Ali, avec qui je vais bien passer deux heures, à discuter ou à attendre … Que le temps passe ! voilà bien une vie rêvée : Attendre le prochain évènement qui permettra d’attendre ensuite l’évènement d’après … Heureusement qu’il y a de la musique, le muezzin n’arrête pas ce soir, mais pourquoi ? (réponse demain, si vous n’avez pas trouvé – comme moi – …)

Jour J + 111 : Amédée


Quelle vie grouillante, ici ! y’en a de toutes les couleurs, de tous les habits, de tous les âges. Dès que la chaleur tombe, c’est une vraie fourmilière dans les rues … Et c’est fatigant, quand on se rappelle le silence des routes grecques de ce matin ! On serait presque pressés de retourner dans notre petite chambrette, pas chère, dans cet hôtel assez défraîchi … Mais où tout le monde nous regarde avec le sourire et semble bien vouloir nous rendre service. Il ne doit pas y avoir beaucoup de touristes qui s’arrêtent ici … Et puis, le turc, c’est une langue pas facile à comprendre, je sens que la barrière de la langue va sacrément exister ici … Heureusement qu’il y a des gens qui cherchent à lier connaissance, et parmi eux, notre copain de sieste dans le jardin public, avec qui on a pu discuter … ou attendre : merci Ali !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Ali  de  Kesan

Ali, il a mis du temps à se réveiller, quand j’ai pris place à une table sur la terrasse du troquet, sur la place principale. Il dormait comme tous ses voisins … C’est dur, le Ramazan, qu’il me dit, dans un anglais pas évident … Non pas que je l’intrigue, mais le temps doit lui paraître long, car son rôle, me dit-il, c’est d’être assis ici, et d’attendre … D’attendre que rien ne se passe ! Ali, il travaille dans l’administration (je n’en saurai pas plus, secret défense, probablement), et comme c’est le Ramazan, il y a à craindre paraît-il des débordements, surtout avec la fatigue qui s’accumule … Alors Ali, s’il y a agitation, il est là pour faire un rapport, et s’il n’y a pas agitation, eh bien il attend là qu’il y ait une éventuelle agitation pour faire le-dit éventuel rapport : beau job, non ? Du coup, moi, je suis l’occidental qui débarque, non pas pour créer de l’agitation, mais on ne sait jamais … Au moins, avec Ali, on discutera de la Turquie, de la religion, du Ramazan, et de tous ces petits sujets qui permettront … d’arriver à l’heure de la rupture du jeûne (et alors, moi j’irai manger le meilleur kebab jamais englouti, et lui, il ira faire … son rapport ! :

"Bon pèlerinage, moi, La Mecque, je ne sais pas si j’irai, ou alors, en avion ! passez un bon moment en Turquie, vous verrez, les gens sont très sympas !" (Ali)

jeudi 25 août 2011

Jour J + 110 : Alexandroupolis => Ferres (36 kms - Total = 3560 kms)

Pensée Spirituelle
"Tout repas commencé avec une assiette vide doit se finir pareil"
(Jean de la FONTAINE, devise du gourmand)

Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Ô les croyants ! Vous sont permises, aujourd'hui, les bonnes nourritures. Vous est permise la nourriture des gens du Livre, et votre propre nourriture leur est permise"
(Coran, Sourate 6 – la table servie – Verset 5a)


Voilà –enfin – venir le passage de la Chrétienté à l’Islam , non pas avec pertes et fracas (on est loin des Croisades), mais grâce à … un bon repas ! … mais d’abord, petit récit de la journée : bain dans la piscine au lever du jour, personne … le petit-déjeuner était prévu, mais décidément rien ne bouge, pas plus Nadia que les casseroles de la cuisine … j’y ai accès, je pourrais presque m’y faire moi-même cuire un œuf … mais je préfère aller m’en faire cuire un ailleurs (j’avais pris mes précautions). Traversée d’une partie d’Alexandroupolis la belle endormie, un petit café au seul troquet ouvert du coin (décidément c’est par ici déjà carrément l’hibernation au fond du terrier grec), puis je marche, je marche, je marche. Décor de Far-West, même pas Lucky Luke qui m’aurait bien proposé de monter avec lui sur son Jolly Jumper de cheval … pas non plus un Dalton qui aurait mis quelque ambiance : rien, la désolation d’une plaine et de sa végétation ravagées par le soleil ! et même pas non plus de mirage, y’a pas de village en vue, heureusement que je suis un tonneau-porteur d’eau ambulant … Alors que voulez-vous que je vous raconte, braves gens pris par le cycle stressant du métro-boulot-dodo ? Eh bien que la quasi-totalité du temps, il n’y a sur ce lopin de terre pas âme qui vive … et c’est là que Yakub fait son apparition :
le monde de l’Islam commence à être bien ancré par ici !

Jour J + 110 : Amédée


Sympa la soirée chez Yakub ! j’étais même de la partie, Ben, il avait expliqué ma présence à notre hôte du soir, en disant que peut-être que cela amuserait les enfants ! En tout cas, on a bien mangé, on a bien bu, on a bien ri, on s’est pas couché tôt (ils devaient se relever quelques petites heures après avant la reprise du jeûne). En tout cas, ce qui est vachement bon, c’est le pain azyme tout frais sorti de leur four spécial … Et ce four, il est tellement joli que Ben il se demande s’il va pas en faire faire un à la maison … Bon, l’ambiance a été au top, quelques moustiques ont – peut-être – été un peu dérangeants, mais là où j’étais placé, près de la source de chaleur, ils ne s’y sont pas risqués, et puis, vous savez, moi, j’ai la peau dure ! Ah, vous les humains, vous vous croyez forts, mais vous êtes des petites bêtes fragiles, et pourtant, même si elles laissent des traces (y’a qu’à voir les genoux et les bras de Ben !), les petites bêtes n’ont jamais mangé les grosses, elles veulent simplement un peu de partage … sanguin ! bonne fin de Ramazan et peut-être sur la route d’Istanbul, Yakub !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Yakub  de  Ferres

Yakub, lui non plus, je ne lui avais rien demandé … J’étais presque arrivé à Ferres, espérant bien trouver un petit hôtel pas cher … Et puis à un feu rouge, il s’est arrêté, m’a demandé comment j’allais et si je voulais qu’il m’emmène … Je lui fais la réponse habituelle, il me dit qu’il comprend bien (enfin !), qu’il va quelques affaires en ville, un peu plus loin, et que si je veux il peut m’emmener à un petit hôtel pas cher … Ce qui se passe ainsi ! il m’attend, et me prend en charge. Pour le remercier, que puis-je faire, lui payer un pot ? Eh bien non, Yakub, il est musulman et il pratique le Ramazan … mais il reste un peu à la terrasse de l’hôtel, et pendant que je sirote mon eau gazeuse, ce qu’il comprend très bien (au point qu’il en est volontairement de sa poche : c’est l’hospitalité, me dit-il) … Yakub, il me dit tout de suite qu’il est turc … comme les cent mille turcs qui vivent de ce côté de la frontière grecque … De quand cela date ? lors du démantèlement de l’empire austro-hongrois, à la suite de la première guerre mondiale, des soldats turcs ne sont pas retournés chez eux mais sont restés ici. Ce fut le cas pour le grand-père de Yakub … et trois générations sont prospéré ici … Alors Yakub, il se sent turc … même s’il me dit avoir la nationalité grecque. Le génome de la provenance géographique est bien ancré, non ? D’ailleurs, spécialisé dans une affaire de cartes de visite professionnelles, Yakub il va une fois par semaine à Istanbul (peut-être nous reverrons-nous sur la route, me dit-il ?) récupérer ce qu’il a commandé par Internet auprès d’un prestataire ! Alors comme tout bon turc, Yakub est musulman, et comme tout bon musulman, il pratique le Ramazan. Voilà pourquoi cela ne lui est pas évident de me loger ce soir (d’autant plus qu’il habite à 20 kms en amont de Ferres) … Mais ce soir, il va venir me chercher, à l’heure de la rupture du jeûne, ce sera le repas traditionnel, et après, il me ramènera ! voilà qui est fait, une très bonne soirée, très bon, trop bon et trop à manger … et à boire ! Mais quelle ambiance même si nous ne sommes pas très nombreux (c’est la crise, m’explique-t-il, il se rattrapera le 29 Août pour la fête de la fin du Ramazan) … Seul bémol, sur cette terrasse sous les étoiles, où sont les femmes ? Une soirée unique donc, avec pas mal de discussions (notamment la France : Sarkozy et sa femme, Strauss Kahn et sa femme, la Côte d’Azur et ses femmes, …, Mais aussi l’écart de la religion chrétienne par rapport à l’Islam – dans ce sens-là, mais pas dans l’autre, sic !) avec ou autour de moi, je ne comprends pas tout (c’est fait pour ?). Il va falloir que je me mette sérieusement au grec moderne et à l’arabe ! :

"Bienvenue à cette soirée de rupture du jeûne du Ramazan ! J’espère qu’ainsi, nos religions sauront se parler et s’aider, plutôt que se déchirer … Nous aussi, nous avons notre pèlerinage, mais il est plus simple que le vôtre ! Alors, permettez-nous de profiter un peu du vôtre et de vous encourager, et qu’ainsi vous alliez jusqu’au bout Insh’Allah … Et que Dieu Le Miséricordieux vous bénisse, Hamdoulilah" (Yakub)

mercredi 24 août 2011

Jour J + 109 : Komotini => Alexandroupolis (47 kms - Total = 3524 kms)

Pensée Spirituelle
"L’écho de grandes et nobles vérités traverse l’âme à chaque instant. Si seulement nous voulions l’écouter en restant silencieux, nous entendrions bientôt notre propre éternité résonner dans ce silence qui, tout à coup, nous serait plus précieux que tout"
(Guy FINLEY)

Péricope Biblique
"Et toute la multitude se tut. Et ils écoutaient Barnabas et Paul qui racontaient quels miracles et quels prodiges Dieu avait faits par leur moyen parmi les nations"
(Ac 15, 12)


Alternance de bruit et de silence, d’agitation et de quiétude au rythme des saisons ? au rythme de la vie qui permet des temps de congés et des temps de travail, le tout ponctué par le début et la fin de la vie balnéaire ? Oui, bien normal, mais pourquoi si tôt ? Arrivant une fois de plus sur le bord de la mer Egée après ces zig-zag dus aux éléments naturels et aux fantaisies humaines, on s’attendrait à trouver, en ces deniers jours d’Août, de la vie, du bronzage, des sports nautiques … Mais si l’on évite la grande ville du coin, Alexandroupolis, car on en a un peu assez de la modernité avec plus de 38 kms parcourus sur une voie rapide sans aucune fantaisie et sans traversée de villages au cœur d’une région sauvage presque inhumaine (eh oui, y’a qu’une route !), et si l’on se prend de fantaisie d’atteindre une petite cité balnéaire qui présente bien sur Internet en se disant que cela sera bien sympa, on ne se trompe pas … Et on se trompe. Car c’est loin d’être désagréable, mais même ici, en cette fin Août, il n’y a aucune ambiance. La saison est définitivement enterrée … Au point que personne ou presque le soir aux terrasses (en dehors des moustiques dévastateurs, ce qui fait que le garçon de café, avant-même de vous amener le traditionnel verre d’eau, vous présente un flacon d’huile à la citronnelle – il paraît qu’à 22 heures pétantes, ils vont se coucher, quelqu’un peut m’expliquer ? –). Et surtout … tout est vide, les magasins, comme les plages, comme les rues d’ailleurs … Je me risque dans un hôtel aux couleurs des îles Cyclades, légèrement excentré. J’ai vraiment l’air de réveiller tout le monde ! et je serai seul de seul ce soir. A moi le bar, les deux piscines, la piste de danse … et la chambre-suite qui m’est finalement presque donnée par Nadia, petit bout de femme qui ne parle que le grec mais qui rigole dès qu‘on lui dit quelque chose !

Jour J + 109 : Amédée


Moi c’est pas compliqué, je m’aventure partout dans l’hôtel et dans ses jardins, dérangé ni par le personnel (Nadia + Nadia + Nadia …), ni par les clients (Ben + moi). Bon, on dira que c’est pas trop bien entretenu, comme un peu partout dans la Grèce touristique actuelle, cela se laisse aller … mais les piscines sont remplies et Ben en profite, pas trop gêné par d’éventuelles éclaboussures … Pendant que moi, eh bien j’essaie de réparer le jet d’eau décoratif, mais plus d’alimentation d’eau et plus d’électricité pour les spots colorés … Dommage, on aurait bien aimé un son et lumière en petit comité, sans entendre les papiers de bonbons et les bruissements de pop-corns de nos voisins … Ce soir, il faut dire, après le coucher des moustiques, il n’y a plus que les vers luisants pour nous tenir compagnie (et là, on a bien la lumière, mais pas terrible pour la musique, non ?) … On se serait presque crus ce soir invités dans une villa de rêve sur une île pas loin d’ici, par Nadia qui finalement a ramené des copains et des copines, mais tout ce petit monde somnole autour de la piste de danse sans disc-jockey, bref, tout va bien dans le royaume des sourds-muets ! allez, pour ta gentillesse et ton geste commercial, merci Nadia !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Nadia  d'  Alexandroupolis

Nadia, ce qui lui a plu dans mon projet, c’est pas la marche … c’est pas Jérusalem … c’est pas la paix … c’est pas le dialogue interreligieux … non, c’est simplement, finit-elle par me dire, qu’elle a envie d’aller elle-aussi sur la Côte d’Azur et elle aimerait que je lui donne des tuyaux … Mais des tuyaux, j’en ai pas, pas plus d’adresses que de combines – comme elle me dit – pour voyager pas cher, car elle se dit qu’aller à pied à Cannes c’est peut-être une bonne solution, mais quid pour un p’tit bout de bonne femme qui considère qu’un kilomètre à pied ça use les souliers mais beaucoup plus la personne ! Bon, en fait, Nadia, elle est employée ici, l’hôtel a été superbe, le patron ne s’en occupe pas et n’est jamais là, les clients se sont faits rares cet été, que voulez-vous c’est la crise à la fois de l’offre et de la demande ! Du coup, elle me fait le tarif de location d’hiver des chambres, au ras des pâquerettes, qui sont grillées par le soleil actuellement … :

"C’est la première fois que nous accueillons un pèlerin d’une si longue distance, et vous êtes notre seul client. Vous êtes donc notre hôte, bon repos avant les prochaines étapes, que Dieu vous garde … et priez pour nous !"(Nadia)

mardi 23 août 2011

Jour J + 108 : Porto Lagos => Komotini (37 kms - Total = 3477 kms)

Pensée Spirituelle
"Le bonheur, souvent, se construit au détriment de quelqu'un, et ce n'est plus le bonheur. Le vrai bonheur est de mettre son bonheur dans le bonheur d'un autre"
(Jacques de BOURBON-BUSSET)

Péricope Biblique
"Louez l'Eternel ! Heureux l'homme qui craint l'Eternel, qui trouve un grand plaisir à ses commandements. Sa descendance sera puissante sur la terre, la génération des hommes droits sera bénie. Le bien-être et la richesse sont dans sa maison, et sa justice subsiste toujours. La lumière se lève dans les ténèbres pour les hommes droits, pour celui qui fait preuve de grâce, de compassion et de justice. Il est bon que l'homme fasse grâce et qu'il prête, qu'il règle ses affaires conformément au droit, car il ne sera jamais ébranlé. On se souviendra toujours du juste. Il ne redoute pas les mauvaises nouvelles, son cœur est ferme, plein de confiance dans l'Eternel. Son cœur est affermi, il n'éprouve aucune crainte, au point qu'il regarde ses adversaires en face. Il distribue ses bienfaits, il donne aux pauvres, sa justice subsiste à toujours, il relève la tête avec gloire."(Ps 112, 1 - 9)


Ah, le bonheur, il existe bien sur terre, nous l’avons rencontré ! encore ce soir, grâce à Couchserving (je vous préviens, vous n’avez pas fini d’en entendre parler, on est – ou on devient –génération Internet ou pas !) un bon accueil à l’arrivée, une bonne soirée accompagnée d’un bon repas ! … Mais d’abord, quel lever de soleil sur la lagune ! ici, pas besoin de l’appel du chant du muezzin pour l’appel à la prière, les moines orthodoxes ont un réveil dans les neurones … On frappe discrètement à ma porte (je l’avais demandé), et direction l’église sur l’ilot principal, les chants liturgiques ont commencé, à la lumière des bougies en cire d’abeille (ou plutôt, signe des temps me dira-t-on, en paraffine (Comme Canada Dry, ça a la couleur de la cire et la substance de la cire, mais ça coûte moins cher, ça brûle plus vite et ça enfume moins !)) … J’ai le droit, honneur m’est donné, avec les moines (ils sont sept, chiffre fixe, celui de la plénitude) sur une table au soleil levant face au petit ilot. On me propose de rester (« cela me fera du bien … ») une journée de plus, mais je dois avancer … Plein de recommandations pour la route (attention au soleil, aux bêtes et … aux autochtones), des demandes de prière et des cierges (en cire cette fois-ci ?) à brûler au saint-Sépulcre … et je pars. Encore une fois personne sur la route, encore une fois pas de villages (ou bien des hameaux excentrés), encore une fois le cagna … Après les marais c’est la steppe, après la steppe, quelques arbres, pas de troquet, pas de point d’eau, un peu le bout du monde, non ? Du coup, je me parle à moi-même, curieux, non … Tiens un début de zone industrielle, plus que cinq kilomètres jusqu’à Komotini ? Facile à se repérer dans cette ville à taille humaine, propre et tranquille, multi-nationale et multi religieuse (et même – le fait est assez inhabituel en Grèce mais on n’est pas loin de la frontière, à voir la quantité de bâtiments, de véhicules et de troupes militaires par ici … Très légèrement plutôt musulmane, comme 50,4 % de la population de la ville de Komotini, une faible majorité – mais une majorité quand-même - pourcentage rappelant les résultats électoraux en France. La majorité doit tenir compte de la minorité … qui doit tenir compte de la majorité, non ?), le temps de gagner la place principale ombragée et piétonne, envahie par des cafés branchés, et mon téléphone sonne. C’est – déjà – Vicky qui me demande : « where are you ? » ! Faut dire qu’avec Vicky, on échange des mails depuis quelques jours, on va pouvoir enfin savoir … qui on est ! Alors on s’attable pour faire plus ample connaissance autour du verre de l’amitié, le courant passe immédiatement, accompagné par la présence d’amies dynamiques … Avec Vicky et son mari Miltos, je vais passer une super soirée, dans une maison de rêve à la périphérie de la ville, mais, comme cette maison est toute neuve (ils y ont emménagé il y a à peine deux mois) et qu’ils ont chez eux de la famille pour la semaine, ils ont prévu une solution pour moi !! Devinez quoi, un hôtel qui donne sur cette fameuse place centrale, et devinez quoi, j’y dors à l’œil , je n’ai rien à débourser (il paraîtrait que ce sont des amis à eux qui ont l’hôtel, mais je me pose des questions). Et comme Vicky et Miltos, ils ont leurs occupations, je prends mes quartiers d’été (le grand luxe, trop c’est trop !), une bonne sieste, la lessive de la semaine pour être un peu plus présentable pour mes hôtes inattendus il y a peu ! Visite de la ville sous le cagna, bien-sûr comme partout en Grèce, tout est fermé pour ce début d’après-midi – Ah la sieste grecque, elle doit être inscrite dans la Constitution !). Alors je fais de même, végétant quelque peu à une terrasse de café … et je ne tarde pas à être abordé par Nikos Pourtsidis, journaliste et qui tient l’Office du Tourisme du lieu. On discute, bientôt rejoints par quatre jeunes du cru : Qeano (Theano), DimitriV (Dimitris), NikoV (Nikos) et Dimitra (Dimitra). Mon projet, mes étapes, mais pourquoi ? et pour quoi ? et comment ? pi tout pi tout … Suivent bien sûr les traditionnelles photos, des réflexions intéressantes des jeunes (du genre : « vous refaites des Croisades … ? ») et la promesse par Nikos d’un article dans le journal local (on verra bien !). Donc après-midi farniente (vous me direz peut-être que ça change pas grand-chose à l’habitude, mais quand le thermomètre extérieur de la pharmacie au coin de la rue affiche 42°C à l’ombre, j’aimerais bien – et c’est bien vrai, pari tenu, lol – que vous soyez là, avec moi, qui commence peut-être un peu trop à m’habituer dans mon personnage peut-être pas de phare éclairant le monde (quoi que, avec mes couleurs qui sont de moins en moins dans le manuel, on pourrait se demander …), mais au moins de bête curieuse-attraction du jour !) Bon c’est pas tout cela, la journée s’avance à la grecque, la sieste est terminée, la ville renaît … et Miltos vient me chercher pour gagner à la périphérie de la ville, une maison moderne toute cubique entourée d’un splendide terrain sur lequel poussait il y a encore peu de temps le meilleur coton du monde (et sur lequel poussera « un jour » une végétation paradisiaque !). Mais ce soir, la soirée sera pas coton, plutôt sur du velours ! Ah, que vivent les repas grecs sous le ciel étoilé parmi les moustiques et les enfants diablotins !

Jour J + 108 : Amédée


On s’attendait à être accueillis et de trouver un p’tit coin de bonheur, on nous a quasiment déroulé le tapis rouge ! Voilà une jeune famille comme on les apprécie … Chez eux, c’est sympa, ça ressemble un peu à une construction en lego, Le Corbusier au possible ! Et même si on aurait pu y trouver un p’tit coin pour étendre nos duvets (non mais, moi-aussi j’en ai un !), ils ont préféré nous accueillir à l’hôtel … Et là encore j’ai bien joué au … pompier de service : petite inondation sur notre balcon due à la climatisation, j’ai tout de suite couru dans l’escalier de service pour dérouler le tuyau … Bon d’accord, Ben, il a dit que ça servait à rien de ramener encore plus d’eau, mais le rouge me va si bien, vous ne trouvez pas ? Alors j’ai renroulé le tuyau, et nous avons rejoint notre gentille famille : Comme à la télé : une « famille formidable » ! Merci Vicky et Miltos !

Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :

 Vicky et Miltos  de  Komotini

Le bonheur, ça se trouve, et ça se cherche ! Qui peut donc se permettre de critiquer les rencontres par Internet ? Des gens qui se rendent disponibles pour « prendre en charge » un pérégrin crazy et lui proposer de lui rendre des « services aux petits oignons », ça fait du bien aujourd’hui sur notre terre, non ? Biku (Vicky) et MiltoV (Miltos), ils ont bien d’autres chats à fouetter : du boulot tous les deux, deux jeunes jumeaux de cinq ans, troublions au possible, mais aux noms angéliques et apostoliques : AggeloV (Angelos) et QeofiloV (Theophilos), une maison toute neuve qu’ils n’occupent que depuis deux mois, un immense jardin où tout reste à faire, leurs parents et grand-mère qui ont débarqué depuis une semaine … et voilà qu’un pérégrin pointe son nez : et ils disent « Oui ! ». Vicky (qui considère que sa plus grande réussite, ce sont ses hommes !) se rend disponible, Miltos joue le chauffeur, le repas grec typique à base de brochettes, d’aubergines et de boisson au lait est succulent, la nuit étoilée sans moustiques, et la discussion est là, avec les sujets désormais habituels, les grecs et les turcs, les grecs et les « macédoniens », les grecs et les gipsy-Roms, la politique et ses ministres, le boulot et les vacances, l’argent et les réductions de salaires dues à la crise, les voyages, les enfants, la vie, les chrétiens et les musulmans (les relations sont sereines ici), les orthodoxes et les cathos, … Vaste programme, non ? enfin voilà, espérons qu’ils viendront bientôt en Normandie (et au Parc Astérix, parce que Miltos, il est dingue du Grand Huit en bois, qui grince à grand bruit quand le wagon passe dessus !), même si Vicky (qui a vécu très longtemps en Allemagne) sait que par chez nous, il … pleut ! mais ici ce soir (et encore demain matin), c’est la chaleur et la richesse de la rencontre ! à prolonger et à étendre sans modération, n’est-il pas ! :

"Nous te souhaitons un voyage agréable et des paysages et des rencontres superbes, et une bonne santé ! En espérant bien nous rencontrer l’année prochaine en France !" (Vicky et Miltos)

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