Information spéciale :
Au revoir l’Italie, Bonjour la Slovénie
Pensée Spirituelle
"Ne demande pas : 'Qui a raison ?',
demande: 'Que puis-je apprendre de toi ?' "
(Rabbi Alon GOSHEN-GOTTSTEIN)
Péricope Biblique
"Les gens simples apprendront à bien juger"
(Pb 1, 4)
Vous êtes-vous déjà demandé ce que pouvait représenter une frontière politique entre deux pays ? Bien-sûr, en avion, c’est facile, il suffit de passer la police des frontières, le portique rayons X et la douane … En voiture, aussi c’est facile, quand cela existe encore, il y a des bureaux un monument, des drapeaux … Eh bien là, entre l’Italie et la Slovénie = Rien. Par le chemin pris, pas même un panneau, à croire (déjà fait) que j’ai pensé être tombé dedans ! car le fait de partir à l’improviste, sans rien avoir préparé, de ne pas avoir de carte détaillée, cela peut laisser des fantaisies … Et tout cela tient une fois encore, non dans les miracles (décidément le Béage que je suis ne sera jamais béatifié) mais au moins dans les signes. Celui d’être atterri un peu par hasard à la Villa Nazareth hier soir, le fait de penser à demander le meilleur chemin ce matin au réceptionniste, le fait que celui-ci me regarde avec des yeux à la Zébulon – « Comment, vous n’y allez pas en voiture ? » –, Le fait qu’il m’indique qu’il y a une piste cyclable qui part d’un pont à 20 mètres de l’hôtel et qui aille jusqu’en Slovénie … Et voilà qu’il n’y aura finalement pas d’inquiétude pour quitter cette ville frontalière tentaculaire. Car tout va se faire en douceur, selon cette fameuse piste qui emprunte une ancienne voie de chemin de fer. Pas de grosses montées, tout en douceur, pas de bruit, seulement quelques vététistes et marcheurs, seulement et toujours la nature à l’état pur. Ca et là des témoins architecturaux ferroviaires (ah ce grand tunnel qui s’éclaire peu à peu à mesure que l’on avance, féérique) … Mais le tout complètement à l’inconnu, sans carte : Où vais-je aller ? Eh bien, au bout d’une vingtaine de km, un panneau, qui fait revenir à la dure réalité des choses : Je vais dans un monde inconnu !
Car si le paysage est le même d’un côté et de l’autre, c’est bien la main et la pensée de l’homme qui a mis des frontières, passages plus ou moins étanches. Celui-ci entre l’Italie et la Slovénie a été « Titovément » bloqué pendant des années, il est transparent aujourd’hui (pour combien de temps ?). Mais la vraie différence, ce sont les constructions, le mode et le niveau de vie et … la langue. Ah celle-là, je m’en aperçois très vite, au sortir de l’ex-voie ferrée, alors que je prends une route avec une carte italienne non détaillée et dont les noms ne correspondent pas (Rijeka en croate, Fiume en Italien, facile, non ? et cela date d’il y a plus de 60 ans, quelles cicatrices). Je songe sur le bord de la route qu’il y a toutes les chances plus une que je parte dans le mauvais sens, immédiatement un autochtone s’arrête, me propose à manger du cervelas local qui repose entre ses genoux et le volant, et me parle avec des mots qui utilisent à la fois toutes les lettres qui paient au Scrabble … Je n’y comprends que couic, bien sûr j’avais deviné que j’allais dans le mauvais sens, on se comprend comme un martien discutant avec un uranusien, et sans se faire prier il me ramène en voiture à mon point de départ (4 km tout de même). Merci monsieur le Slovène, vous me démontrez très rapidement le côté positivement jovial de votre nation ! La leçon : premier geste, acheter une carte routière (le pays est petit à franchir à cet endroit, mais), puis un solide plat chaud qui vous tient au corps, et c’est parti. La route est belle, moins fréquentée que prévu, les paysages très agricoles, les villages dispersés et bien tenus, c’est sympa ! Et même les gens qui me font un petit signe de tête … Bien sûr cela ne suffira pas à trouver un logement à l’étape prévue (on en maintenant en pleine désorganisation du trajet !), quelques-uns parlent l’italien, non il n’y a pas de prêtre, faites encore 6 km, « c’est pas beaucoup » (disent-ils de leur chaise longue !) … Et enfin, arrivé à Podgrad, il y a bien une église (belle), une cure (belle), mais le curé n’est pas là et sa bonne ? / sœur ? / gouvernante ? me reçoit en m’expliquant ce que je suis sensé comprendre : il n’y a pas de place pour moi (c’est vrai qu’ils sont quand-même deux dans le presbytère, qui n’a que trois portes et quinze fenêtres rien que sur la façade) ! Alors tout de go, je vais chez « Isabelle », un p’tit hôtel sur le bord de la route. Repos ce soir, un excellent plat de cochon rôti (la spécialité du coin ?!), et coucher car c’est vrai, la journée fut pleine de surprises et le bonhomme n’est pas élastiquement résistant ! mais quel beau pays, peut-être pas assez connu, plutôt champêtre alpin par ici. Un lieu de villégiature pour les vacances ? Pourquoi pas ! mais demain sera un autre jour, un autre pays ! (ben oui les amis)