Information spéciale :
Message posté le 4 Octobre
Bonjour à vous tous !!!!
Message posté le 4 Octobre
Bonjour à vous tous !!!!
Il se trouve dans la superbe ville d'Alep situé au Nord Ouest
Il vient de m'envoyer un petit mail pour me / nous / vous rassurer :
Tout va bien !
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Hello,
me voila en Syrie,
passage de frontière sans aucun problème,
passage de frontière sans aucun problème,
Alep est une super ville et je suis héberge,
les gens sont très sympas et serviables,
Bien sûr je reste vigilant !!!!
Par contre, pour Internet,
ne vous attendez pas à des merveilles. Ben
Pensée Spirituelle
Et c’est là que la caravane se met en route, celle des temps modernes, avec des drôles d’animaux sans bosses comme les chameaux d’autrefois, mais sur roues, avançant sur la piste qui n’est plus sableuse mais bien brillante sous le soleil de ce coin un peu perdu entre deux pays séparés par … une frontière : franchissable ? infranchissable ? laissons les heures divines se dérouler …
Il a bien fallu que cette caravane, elle se mette en branle, ce qui n’est pas le plus facile, même au XXIème siècle ! nous étions passés à l’Otogar – traduisez « gare routière » – , hier soir, Ozan et moi, pour demander l’horaire de départ du bus d’Antakya pour Alepo. Un vieux grincheux peu loquace et déjà endormi au guichet nous annonce : départ 08h30 … Alors juste avant d’aller travailler, Ozan me dépose ce matin avec sa belle voiture à l’Otogar … Tiens, je retrouve le même vieux grincheux peu loquace mais peut-être moins endormi qui m’annonce de lui-même qu’il s’excuse mais qu’il s’était trompé et que le départ est non pas à 08h30 mais à 11h00. Heureusement que c’est dans ce sens-là ! il suffit de poireauter, d’observer les départs et arrivées des autres caravanes qui elles, ne vont pas tenter de la franchir, cette fameuse frontière, mais d’arpenter le désert turc … Et ça y est, notre caravane est là, un bus assez moderne, pas mal de gens, des turcs et des syriens, mais aussi quelques étrangers, deux russes en costume traditionnel, un jeune malaysien grande gueule et une mère et ses deux jeunes venant du Monte-Negro et se rendant à Alepo pour rejoindre leur père et s’apprêter à poursuivre leurs études (pour les jeunes). Comment le sais-je ? me direz-vous. Facile, dans ce genre de frontière, il faut x fois montrer ses papiers, alors les passeports n’arrêtent pas de circuler ! Que vous dire sur ce trajet de 80 kms … c’est le complet désert par ici, notre bus-méharée fonctionnant au diesel s’arrête quelque fois dans des oasis, je retrouve le trajet déjà effectué hier dans ce sens en chameau-diesel et dans l’autre en pèlerin- babouches. Comme il ne faut pas trop me faire remarquer (passera ? passera pas ? le rideau de fer local ?), pas d’ordi ni bouquin. Bref, je somnole comme tout le monde … Tiens, je retrouve le camp de réfugiés, vaste camping 5* de tentes immaculées sous un soleil de plomb : pauvres gens … Peut-être philosophes, ils n’ont pas l’air malheureux, mais quand-même … Et voilà la frontière, côté sortie turque, il nous faut descendre du bus et gagner à pied le poste de police, simplement patienter à la queue leu-leu comme à l’école primaire pour obtenir le tampon de sortie du territoire. Me voilà apatride français en zone franche … cela s’est passé comme une lettre à la poste internationale … Quelques kilomètres et une bonne heure après, le temps que la méharée ait retrouvé tous ses bédouins, voilà la seconde porte « bab » à passer … Pareil, on descend du bus, on gagne une immense pièce avec plein de guichets où il ne faut pas parler dans l’hygiaphone – il n’y en a pas – mais prendre son mal en patience et attendre qu’un employé daigne apposer son tampon sur le titre de nationalité dûment muni du visa, et qu’il vérifie de nombreuses fois, au cas où … Disons-le, tout le personnel est absolument charmant, ce qui laisse présager de belles rencontres syriennes ! Allez, le bus est fouillé par la douane, on ne sait jamais, on patiente encore un bon temps, dans cette oasis sans autre végétation que des troncs de béton surmontés de palmes tout aussi de béton et de fer grisâtre, le temps que les mêmes bédouins aient regagner leur animal porteur à roues, et c’est reparti par une route parfaitement entretenue, avec seulement beaucoup d’autres méharées et de chameaux à moteur circulant en tout sens en fonction de leur instinct, ce qui laisse supposer qu’il faudra faire drôlement attention pour la survie des âmes par ici … On avance en douceur, somnolant sous le doux balancement de l’animal tentant d’éviter à la fois ses congénères et les quelques obstacles déversés çà-et-là sur la piste … Et puis tout d’un coup, l’animal s’arrête et doivent descendre du bus les quelques touaregs – dont votre serviteur – qui se rendent non pas à l’oasis de Damascus plein Sud mais à celle d’Alepo vers le soleil levant (déjà bien au zénith !). C’était pas prévu, c’était pas marqué sur le dromadaire de service, on s’est fait rouler sans bosse, à nous de nous débrouiller pour trouver une autre caravane. Parmi l’équipée, notre malaysien qui ne comprend rien à la situation, et les trois monténégrins qui se chargent de bien critiquer ce pays qu’ils connaissent pourtant déjà bien … On n’a plus qu’à attendre un mini-bus local privé veuille bien nous charger avec notre barda … Cela ne tarde, pas, longue discussion de routine pour faire baisser le prix déjà pas élevé, et nous voilà repartis vite fait … mal fait, car le chauffeur s’aperçoit qu’il n’a plus de diesel … et c’est là que je découvre les effets de l’embargo international qui sévit sur le pays qui a bien du pétrole, certainement des idées mais une seule raffinerie et qui ne peut assurer toute la consommation locale … Visite donc de « la » station service plus loin vers Damascus, attente et discussions à n’en plus finir. La seule chose à faire est de la trouver, cette patience, on va t’en trouver, du carburant, pour toi, microus, drôle d’animal couleur locale ! Allez, va falloir appliquer les bonnes manières, être cool (n’est-ce pas mes trois co-voyageurs balkanais !), vivre dans ce décor naturel syrien bien sympathique bien que parsemé ça et là de bipèdes en tenue de camouflage comme s’il y avait des brigands parmi les buissons, un petit appel à mon hôte du jour, et me voilà débarqué, corps et biens devant un hôpital local à l’entrée d’Alepo… Saïd me rejoint peu de temps après, nous gagnons assez rapidement (pour une ville de trois millions d’habitants) son quartier bien tranquille en pierres de tailles. On se croirait – presque – en Europe ! Accueil dans la famille, présentation de Saïd (dentiste), de sa femme (professeur dans un établissement scolaire public) et de leurs trois jeunes filles (13, 11 et 6 ans) qui étudient dans le collège privé jouxtant la cathédrale catholique qu’ils fréquentent assidument … Merci les amis pour ce bon déjeuner typiquement syrien, pour votre accueil et la visite de votre appartement ! Encore un peu de discussions et nous gagnons l’appartement des parents de Saïd (absents en ce moment car ils résident dans leur maison estivale du côté d’Ohms – haut lieu actuel de la rébellion anti-gouvernementale). C’est là que je vais poser mon sac, dans un appartement bien tranquille, pas trop moderne mais typique d’ici. Il est quatre heures, Saïd part travailler, et moi, je pars à la conquête de cette ville, bien jolie dans ce coin chrétien. Plus de quatre heures de marche, pas de plan, un vrai labyrinthe, et pour m’y retrouver sans plan, c’est pas coton. J’ai plusieurs fois l’impression que je ne vais pas y arriver mais … vive le feeling ! et vers 21 heures, Abu me rejoint, nous partons rejoindre Abu, un syrien musulman retraité qui nous ballade lui-aussi dans les rues, petit kawa dans le jardin public bien colonial, puis dîner d’une pizza et retour … Finalement rien de bien spécial aujourd’hui, non ? si ce n’est … la découverte d’un nouveau pays, de nouveaux autochtones, d’une nouvelle vie, mais pourtant une chose n’a pas changé, malgré la violence latente à quelques pas : la caravane de la gentillesse et le sourire. Ah, que les frontières sont bien artificielles ….
ne vous attendez pas à des merveilles. Ben
Pensée Spirituelle
"Voyager nous permet de constater que si les peuples ont des frontières, la bêtise humaine n’en a pas."
(Jean AMADOU)
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Et dès que la caravane franchit la frontière [de Canaan], leur père dit : «Je décèle, certes, l'odeur de Joseph, même si vous dites que je radote»."
(Sourate 12 [Yusef – Joseph – ], Verset 94)
Et c’est là que la caravane se met en route, celle des temps modernes, avec des drôles d’animaux sans bosses comme les chameaux d’autrefois, mais sur roues, avançant sur la piste qui n’est plus sableuse mais bien brillante sous le soleil de ce coin un peu perdu entre deux pays séparés par … une frontière : franchissable ? infranchissable ? laissons les heures divines se dérouler …
Il a bien fallu que cette caravane, elle se mette en branle, ce qui n’est pas le plus facile, même au XXIème siècle ! nous étions passés à l’Otogar – traduisez « gare routière » – , hier soir, Ozan et moi, pour demander l’horaire de départ du bus d’Antakya pour Alepo. Un vieux grincheux peu loquace et déjà endormi au guichet nous annonce : départ 08h30 … Alors juste avant d’aller travailler, Ozan me dépose ce matin avec sa belle voiture à l’Otogar … Tiens, je retrouve le même vieux grincheux peu loquace mais peut-être moins endormi qui m’annonce de lui-même qu’il s’excuse mais qu’il s’était trompé et que le départ est non pas à 08h30 mais à 11h00. Heureusement que c’est dans ce sens-là ! il suffit de poireauter, d’observer les départs et arrivées des autres caravanes qui elles, ne vont pas tenter de la franchir, cette fameuse frontière, mais d’arpenter le désert turc … Et ça y est, notre caravane est là, un bus assez moderne, pas mal de gens, des turcs et des syriens, mais aussi quelques étrangers, deux russes en costume traditionnel, un jeune malaysien grande gueule et une mère et ses deux jeunes venant du Monte-Negro et se rendant à Alepo pour rejoindre leur père et s’apprêter à poursuivre leurs études (pour les jeunes). Comment le sais-je ? me direz-vous. Facile, dans ce genre de frontière, il faut x fois montrer ses papiers, alors les passeports n’arrêtent pas de circuler ! Que vous dire sur ce trajet de 80 kms … c’est le complet désert par ici, notre bus-méharée fonctionnant au diesel s’arrête quelque fois dans des oasis, je retrouve le trajet déjà effectué hier dans ce sens en chameau-diesel et dans l’autre en pèlerin- babouches. Comme il ne faut pas trop me faire remarquer (passera ? passera pas ? le rideau de fer local ?), pas d’ordi ni bouquin. Bref, je somnole comme tout le monde … Tiens, je retrouve le camp de réfugiés, vaste camping 5* de tentes immaculées sous un soleil de plomb : pauvres gens … Peut-être philosophes, ils n’ont pas l’air malheureux, mais quand-même … Et voilà la frontière, côté sortie turque, il nous faut descendre du bus et gagner à pied le poste de police, simplement patienter à la queue leu-leu comme à l’école primaire pour obtenir le tampon de sortie du territoire. Me voilà apatride français en zone franche … cela s’est passé comme une lettre à la poste internationale … Quelques kilomètres et une bonne heure après, le temps que la méharée ait retrouvé tous ses bédouins, voilà la seconde porte « bab » à passer … Pareil, on descend du bus, on gagne une immense pièce avec plein de guichets où il ne faut pas parler dans l’hygiaphone – il n’y en a pas – mais prendre son mal en patience et attendre qu’un employé daigne apposer son tampon sur le titre de nationalité dûment muni du visa, et qu’il vérifie de nombreuses fois, au cas où … Disons-le, tout le personnel est absolument charmant, ce qui laisse présager de belles rencontres syriennes ! Allez, le bus est fouillé par la douane, on ne sait jamais, on patiente encore un bon temps, dans cette oasis sans autre végétation que des troncs de béton surmontés de palmes tout aussi de béton et de fer grisâtre, le temps que les mêmes bédouins aient regagner leur animal porteur à roues, et c’est reparti par une route parfaitement entretenue, avec seulement beaucoup d’autres méharées et de chameaux à moteur circulant en tout sens en fonction de leur instinct, ce qui laisse supposer qu’il faudra faire drôlement attention pour la survie des âmes par ici … On avance en douceur, somnolant sous le doux balancement de l’animal tentant d’éviter à la fois ses congénères et les quelques obstacles déversés çà-et-là sur la piste … Et puis tout d’un coup, l’animal s’arrête et doivent descendre du bus les quelques touaregs – dont votre serviteur – qui se rendent non pas à l’oasis de Damascus plein Sud mais à celle d’Alepo vers le soleil levant (déjà bien au zénith !). C’était pas prévu, c’était pas marqué sur le dromadaire de service, on s’est fait rouler sans bosse, à nous de nous débrouiller pour trouver une autre caravane. Parmi l’équipée, notre malaysien qui ne comprend rien à la situation, et les trois monténégrins qui se chargent de bien critiquer ce pays qu’ils connaissent pourtant déjà bien … On n’a plus qu’à attendre un mini-bus local privé veuille bien nous charger avec notre barda … Cela ne tarde, pas, longue discussion de routine pour faire baisser le prix déjà pas élevé, et nous voilà repartis vite fait … mal fait, car le chauffeur s’aperçoit qu’il n’a plus de diesel … et c’est là que je découvre les effets de l’embargo international qui sévit sur le pays qui a bien du pétrole, certainement des idées mais une seule raffinerie et qui ne peut assurer toute la consommation locale … Visite donc de « la » station service plus loin vers Damascus, attente et discussions à n’en plus finir. La seule chose à faire est de la trouver, cette patience, on va t’en trouver, du carburant, pour toi, microus, drôle d’animal couleur locale ! Allez, va falloir appliquer les bonnes manières, être cool (n’est-ce pas mes trois co-voyageurs balkanais !), vivre dans ce décor naturel syrien bien sympathique bien que parsemé ça et là de bipèdes en tenue de camouflage comme s’il y avait des brigands parmi les buissons, un petit appel à mon hôte du jour, et me voilà débarqué, corps et biens devant un hôpital local à l’entrée d’Alepo… Saïd me rejoint peu de temps après, nous gagnons assez rapidement (pour une ville de trois millions d’habitants) son quartier bien tranquille en pierres de tailles. On se croirait – presque – en Europe ! Accueil dans la famille, présentation de Saïd (dentiste), de sa femme (professeur dans un établissement scolaire public) et de leurs trois jeunes filles (13, 11 et 6 ans) qui étudient dans le collège privé jouxtant la cathédrale catholique qu’ils fréquentent assidument … Merci les amis pour ce bon déjeuner typiquement syrien, pour votre accueil et la visite de votre appartement ! Encore un peu de discussions et nous gagnons l’appartement des parents de Saïd (absents en ce moment car ils résident dans leur maison estivale du côté d’Ohms – haut lieu actuel de la rébellion anti-gouvernementale). C’est là que je vais poser mon sac, dans un appartement bien tranquille, pas trop moderne mais typique d’ici. Il est quatre heures, Saïd part travailler, et moi, je pars à la conquête de cette ville, bien jolie dans ce coin chrétien. Plus de quatre heures de marche, pas de plan, un vrai labyrinthe, et pour m’y retrouver sans plan, c’est pas coton. J’ai plusieurs fois l’impression que je ne vais pas y arriver mais … vive le feeling ! et vers 21 heures, Abu me rejoint, nous partons rejoindre Abu, un syrien musulman retraité qui nous ballade lui-aussi dans les rues, petit kawa dans le jardin public bien colonial, puis dîner d’une pizza et retour … Finalement rien de bien spécial aujourd’hui, non ? si ce n’est … la découverte d’un nouveau pays, de nouveaux autochtones, d’une nouvelle vie, mais pourtant une chose n’a pas changé, malgré la violence latente à quelques pas : la caravane de la gentillesse et le sourire. Ah, que les frontières sont bien artificielles ….