Pensée Spirituelle
"Les peines d’un départ sont pour celui qui reste. Tout rappelle à ses yeux le bien qu’il a perdu."
(Lucien-Emile ARNAULT)
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Et Je suis Grand Pardonneur à celui qui se repent, croit, fait bonne œuvre, puis se met sur le bon chemin : « pourquoi Moïse as-tu pris le départ et t'es-tu hâté de quitter ton peuple ? ». « Ils ont aussi pris le départ, ils sont là sur mes traces », dit Moïse ; « j’ai pris le départ et je me suis hâté vers Toi, Seigneur, afin que Tu sois satisfait."
(Sourate 20 [Ta-Ha], Versets 82 – 84)
Et voilà, une fois de plus, c’est le départ du matin … Comme tous les jours bien-sûr, mais ce matin, je quitte – définitivement ? au moins pour cette pérégrination – Ankara … Tansu aussi, mais les amitiés qui se tissent ne s’effilochent pas si facilement ! Oui, car il faut bien maintenant retrouver le rythme des logements inattendus, après l’effort (mais est-ce un effort ?) … Alors le départ, chaque jour, est-ce facile ? ou difficile à vivre ? Pas de réponse une fois de plus, mais la vie en elle-même n’est-elle pas faite de départs continuels, chaque matin, chaque évènement n’en sont-ils pas l’occasion ? la cause ? ou … la chance ? Encore une sacrée route aujourd’hui, me voilà à taper du caillou, mais les chaussures tiennent le coup ! Où cela va-t’il me mener ce soir ? à un endroit surprenant, certainement … Que de questions aujourd’hui, que de questions ce matin, déjà dans le bus qui me mène d’Ankara à Sekerköy … Mais finalement, ce sont ces questions qui me permettent de profiter de la chance … de ces nouveaux départs. Ce n’est pas un voyage organisé que je fais, rien n’est prévu d’avance, ni le trajet, ni les arrêts-pipi, ni les repas soi-disant « chez l’habitant, ni les démonstrations pré-programmées et assurées de bakchich de tissage de tapis-turcs dans des arrière-boutiques des magasins qui apparaissent de plus en plus souvent (signe que la Cappadoce approche !). C’est encore moins le scénario selon lequel un soit-disant voyageur reste une semaine dans un hôtel les-pieds-dans-l’eau, ponctuée par les repas et les apéros ! Non, c’est la découverte et l’apprentissage de l’inconnu à chaque moment, quelle chance finalement, même si les remises en question ne manquent pas … Ainsi, c’est pourquoi j’ai décidé de ne pas continuer ces allers-et-venues du soir via un transport en commun pour retourner chez Tansu, même si son domicile s’éloigne peu à peu, puis via le même moyen de locomotion mécanique en sens inverse le lendemain matin … Ce serait « si simple » ! mais peut-être vais-je le reprendre lorsque je serai proche de Göreme, la prochaine ville au cœur de la Cappadoce, où je vais sûrement trouver un point de chute. Je ferai alors de même, mais vers un autre visage à découvrir ! car il faut respecter le plus souvent possible ces surprises, cet inattendu ! Ainsi, aujourd’hui, j’ai encore fait le plein de rencontres, informelles, le long de la route (plus d’une trentaine de véhicules s’arrêtant pour prendre en stop un pèlerin qui ne le fait pas, ce stop. Ou bien les terrasses des cafés, avec la question habituelle. Ou bien les paysans du coin qui proposent une bouteille d’eau neuve et un peu de fromage) … A l’arrivée, dans l’après-midi, l’étape du jour sera assurée par Mohamed, en toute simplicité, dans la pièce des invités de sa petite maison … Moment de chaleur malgré le barrage des langues, simplicité du regard, respect du silence (pas très causant, l’ami turc), absence de trace de cette rencontre (il ne souhaite pas de photo), rencontre éphémère donc … me voilà donc prêt demain matin pour un … nouveau départ !