Pensée Spirituelle
"Nous sommes l’Arc-en-terre,
Signe aussi pur que l’Arc-en-ciel."
(Guillaume APOLLINAIRE)
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Rien, vraiment, ne se cache de Dieu de ce qui existe sur la terre ou dans le ciel."
(Sourate 3 [La famille d’imran], Verset 5)
Encore une fois aujourd’hui, des paysages à perte de vue, comme on n’en voit nulle part dans notre petit hexagone. Les montagnes de chaque côté de la route, à une bonne distance, une vraie haie d’honneur encadrant le tapis rouge mais pas très rouge et plutôt gris qui nous sert de chemin vers le plus loin ! Et par ci-par là, ponctuant notre route un peu comme les sphinx honorant le pèlerin vers le mausolée du grand-père Atatürk – rappelez-vous donc, à Ankara, femmes et hommes de peu de mémoire, à défaut de peu de Foi !. Ici ce sont les petits villages, disséminés sur leur parterre couleur de paille. Tout ressemble ici à une toile de ce cher Vincent Van Gogh qui avait dû venir ici lui-aussi ! Eh oui, je vous parle encore couleurs aujourd’hui, tant le paysage est merveilleux, un peu frisquette peut-être ce matin mais le bonheur n’est-il pas à ceux qui se lèvent tôt ? Et ce soleil omniprésent (tiens, Râ n’est pas qu’au bord du Nil ?) ! et ces nuages à la Boudin, ne sont-ils pas impressionnistes au possible ? Et ces paysans ramassant leurs pommes de terre comme dans un tableau de Millet, pourraient-ils être encore plus naturalistes? Et ces tout cela dans des délimitations de champs rappelant du Braque cubiste, qui finalement n’a rien inventé ! E ce sourire sur le bord de la route de ces femmes trimant sans compter l’effort, laissant découvrir par moments sous leurs foulards (appelés « turbans ») vu leur réserve, une possible parenté avec un des modèles de ce cher Léonard, vous savez, cette Mona-Lisa énigmatique ? et quand on arrive à l’approche de la ville, les poteaux électriques d’habitude si laids dans le paysage ne se prennent-ils pas soudain pour des stabiles (ben oui, des mobiles immobiles et stables, quoi !) de Calder ? … Oui, je pourrais aller plus loin, rechercher d’autres adeptes du nuancier de la palette, je suis tellement pris par cette douce harmonie champêtre que j’en oublie carrément … de sortir l’appareil photo du sac ! Tant pis, je garde tout cela de cette vision magique pour moi seul, je ne cherche finalement qu’à vous faire envie, devant autant de beauté naturelle. Vous êtes invités à cette union sacrée du ciel et de la terre ! et pour le vin d’honneur de cette réjouissance, devinez ce qu’ils vous proposent, nos amis autochtones : pas le champagne à sabrer, trop vulgaire … pas notre cidre fermier cauchois, trop saoulant sous le soleil de plomb, non … un petit chaï ! et vous en reprendrez bien un autre … et encore un … et encore un … Ah, du moment que la vessie tient le coup ! Ca y est, nous voilà suffisamment réhydratés pour atteindre la prochaine ville (pas dur à la trouver, c’est la première depuis ce matin, et pourtant les kilomètres ont bien défilé – ah, si jamais je poursuis le tour de la Méditerranée, je tenterais peut-être des étapes de 60 kms !), et c’est là que je vais pouvoir passer dans le « Nouveau monde », de celui de la sueur sur le front à celui de la cellule grise, de celui des gens, accueillants, intelligents et chaleureux à celui des gens « instruits » (quel gros mot !) et tout-aussi accueillants, tout-aussi intelligents et tout-aussi chaleureux, Suna et Lokman : eux qui sont finalement … tout-aussi turcs (et si après, vous ne savez pas définir ce qu’est un turc ou une turque, j’en perds les quelques mots que j’ai appris, moi !), tout-aussi pros du chaï et du bakgammon !