Pensée Spirituelle
"Je rêve qu’un jour, toute vallée sera élevée, toute colline et toute montagne seront abaissées. Les endroits raboteux seront aplanis, et les chemins tortueux redressés. Et la gloire du Seigneur sera révélée et toute chair la verra."
(Martin LUTHER KING)
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Puis, lorsqu'il y arriva, il fut interpellé : « Moïse ! Je suis ton Seigneur. Enlève tes sandales : car tu es dans la vallée sacrée Tuwa. Moi, Je t'ai choisi. Écoute donc ce qui va être révélé ..."
(Sourate 20 [Ta-Ha], Versets 11 – 13)
C’est une vallée extraordinaire, digne de Moïse. Je vous dois bien un petit cours d’histoire sainte (mais aussi d’eau ?), non ? … Voilà-t-il pas que le Ben (si vous prenez la peine de lire la péricope coranique, chers lecteurs adeptes de la pensée interreligieuse, et là, vous verrez que le Coran, il ne rejette pas notre Bible …), donc le Ben, il se prend pour Moïse ! C’est vrai que comme ce prophète reconnu par les musulmans, je frappe à chaque pas mon bâton sur le rocher (même si je ne sais pas encore en faire jaillir de l’eau. Tout comme je ne suis pas comme Jésus, lui-aussi prophète coranique, je ne sais pas – encore – marcher sur les eaux … serais-je moi-aussi prophète en mon pays ?). A propos d’eau, pas la peine de la chercher en creusant, aujourd’hui, car ça y est, les statistiques doivent être mises à jour, j’en ai qui tombe du ciel pendant un quart d’heure aujourd’hui, de ce petit crachin qui me fait penser que ma Normandie qui m’a donné le jour, je la reverrai sous peu, Inch’Allah. Voilà qui double la quantité collectée dans le pluviomètre fictif depuis mon grand départ ! oh, je ne suis pas Ben-pharaon :
- - ni sauvé des eaux (je n’ai pas, à ma connaissance, été recueilli dans un panier d’osier au pied d’un papyrus – mais au fait, j’aime tellement les papyrus que peut-être que je vais découvrir les secrets de ma naissance, hein Mamie Dette, lol ! –),
- - on ne m’a pas encore présenté la fille de Pharaon,
- - je n’ai pas été voir si la mer Rouge, je sais la traverser,
- - et puis– pour l’instant, car ce sera probablement une prochaine pérégrination – la montée du Sinaï (une petite pensée pour sœur Marie-Pierre, tu comprendras pourquoi !), elle se limite à la montée de mon jardin … ,
- - enfin, ni fermier ni juriste pour deux sous, je n’ai pas récolté les Tables de la Loi …
Bref, mon cher Moïse, si je puis me permettre de t’appeler ainsi, je ne suis pas toi, mais ta vallée, je l’ai retrouvée : celle d’Ihlara. Serais-je un aventurier de la vallée perdue ? Bon, me voilà donc à trois cent pieds sous la falaise du plateau, dans ce Canyon réputé entre tous, plus petit que celui du Colorado, mais bien plus fertile et vert dans le bas. Normal, une eau limpide y coule, ici ce sont des abricotiers et des pommiers qui y font foison, rien d’étonnant à ce que de nombreuses populations y aient trouvé refuge, tant la région a subi de multiples invasions (mais on y reviendra … demain) … En tout cas, c’est un vrai refuge de bonheur pour moi aussi, après ces quarante kilomètres dans le désert (tiens, le même nombre que d’années dans le désert de Moïse et de ses joyeux drilles, tour à tour heureux comme Ben et grincheux comme Amédée, Na ! mais au fait, il n’allait pas bien vite, le Moïse, avec ses Hébreux : un kilomètre par an ?).
Mais avant de plonger dans les eaux vives de cette rivière (si, si), j’ai traversé comme d’hab des petits villages sans grand caractère sur le bord de la route, assortis du traditionnel chaï et du traditionnel « where are you come from ? » – décidément, la Turquie est un grand pays mais y règne une certaine unité de l’approche de la rencontre !. Puis, arrivé dans cette vallée, par ces dix-sept kilomètres de petits chemins serpentant au gré de la rivière, j’ai pu comme tout un chacun (dont moi, quelle chance que le Créateur ait pensé à la mettre sur mon chemin) trouver la sérénité, celle de la vie qui s’écoule peu à peu tel le fleuve (sans aucun papyrus, préciserai-je). Mais de la vie humaine, il n’y en a pas trop, la vallée est protégée, et c’est tant mieux ! mais c’est aussi tant pis, car il commence à se faire tard, je n’ai pas avancé trop vite, arrêté à chaque détour de sentier par la contemplation du reflet des différents éléments naturels … Seul se présente presque au bout des gorges, un petit hôtel sans grand luxe, avec des chambres … de trois lits. Il faut vous dire qu’ « on » m’avait prévenu qu’il fallait mieux réserver, et c’est merci ! car pourquoi le chiffre « trois » a-t-il tout son intérêt dans cette histoire ? eh bien parce qu’il ne reste qu’une chambre non occupée à ce stade, la « mienne ». Je la prends, les autres sont déjà envahies par des touristes qui semblent piailler comme leurs ancêtres marchant vers leur terre Promise et qui comme eux devaient avoir faim dans le désert car il ne recevaient pas assez de leur manne quotidienne qu’ils avaient payé par avance auprès de leur agence de voyage préférée ! Et là, moi, une fois installé et buvant un coup de … soda (eh oui !) sur la terrasse face à la rivière qui allait accueillir mes pieds quelque peu endoloris (mais pas que les pieds), arrivent deux jeunes blondes, en vérité argentines … et assez désargentées il est vrai. Elles n’ont pas réservé, où vont-elles coucher, plus de place (comme Joseph et Marie – et presque-Jésus ! – à Bethléem (décidément ces prophète interreligieux, quand ils nous tiennent !) ?. Alors moi, en bon Samaritain, je propose à ces deux américaines, peut-être qui sait un peu samaritaines, de partager ma chambre, et ce sera en tout bien tout honneur, promis-juré-craché ! Bonne humeur et franches rigolades, la Turquie sera bien une fois de plus un lieu de passage et de rencontre, cette fois-ci entre l’Ancien-vieux (nominés : Ben et Amédée)-monde et le Nouveau-jeune (nominées : Anna et Barbara)-monde. Qu’on se le dise : tous les chemins mènent à Ihlara !