Pensée Spirituelle
"Demain, qui gouvernera le monde ? Personne, sans doute. Et c’est là le pire. Aucun pays n’aura plus le moyen de maîtriser les richesses et les problèmes de la planète. Et personne ne voudra d’un gouvernement mondial …"
(Jacques ATTALI)
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. La course aux richesses vous distrait, jusqu'à ce que vous visitiez les tombes. Mais non ! Vous saurez bientôt ! Vous saurez bientôt ! Sûrement ! Si vous saviez de science certaine. Vous verrez, certes, la Fournaise. Puis, vous la verrez certes, avec l'œil de certitude. Puis, assurément, vous serez interrogés, ce jour-là, sur les délices."
(Sourate 102 [La Course aux richesses], 8 Versets)
Trop, c’est trop ! Vous deviez bien vous douter, après la séance du « rien » d’avant-hier et après la séance des « limites » à dépasser ou pas d’hier, il fallait bien qu’on en arrive à la fin du tryptique : le « trop » … car, par exemple, concernant mon voyage, faut-il aller jusqu’au bout, ou bien dois-je considérer que c’est trop et dans ce cas on arrête. Je vous rassure (ou je vous inquiète) tout de suite : on continue – grâce à qui, à Amédée, à mes chaussures, à mon bâton, à vous … –, De même, et c’est là où je souhaite en venir, dans notre société actuelle, ou devrais-je plutôt dire dans nos sociétés actuelles, ne pousse-t’on pas le bouchon trop loin ? Ainsi par exemple, le buffet du petit déjeuner à l’hôtel ce matin, sympa, non ? mais alors, quel gachis fort probablement (surtout si tous les clients sont comme moi, à ne pas trop apprécier le salé …) ? De même les musulmans, ne poussent-ils pas le bouchon trop loin, avec leur Ramazan qui les épuise, eux-mêmes et leur pays, économie et dynamisme ? De même, cette abondance de moyens, de tentations, de constructions, d’acquisitions ? A-t-on besoin de tout cela ? Pour prendre un autre exemple au hasard : Moi ! rien (ou pas grand-chose) dans le sac à dos … Seulement le nécessaire, mais est-ce encore trop ? ou pas assez ? Aïe, il y avait longtemps que je m’étais posé des questions existentielles de ce type ! autre exemple, sur le trajet d’aujourd’hui, ces quatre dizaines de kilomètres entièrement sur la bande d’arrêt d’urgence de la voie rapide, n’est-ce pas un peu trop ? Et n’est-il pas regrettable que les turcs aient rayé de la carte la petite route bien tranquille qui devait bien exister auparavant ? Et cette pollution et ces voitures, n’est-ce pas un peu trop, le tout étant un peu lié … Eh bien, j’ai eu la réponse, enfin une réponse : celle du « juste milieu », celle du compromis … A trouver : celle de la sagesse, voilà voilà …en arrivant à Marmara Ereglisi, je prends un pot au premier troquet venu (j’en pouvais plus, ah ces derniers kilomètres …), et je suis servi par Ines et Achoub, pas bien vieux mais déjà bien marqués semble-t-il par la vie. Ils habitent dans cette ville depuis toujours, ils n’en sont jamais sortis, ils n’ont rien (ou vraiment pas grand-chose, d’autant plus qu’ils n’ont pas d’enfants et que leur famille vit très loin). Alors pour améliorer un peu leur existence, ils ont ouvert un petit café, dans les jardins entourant la place. Bon, le trop, c’est qu’il n‘était pas forcément nécessaire de leur part de jouer aux attrape-touristes en revêtant leurs plus beaux couvre-chefs (à moins que ce ne soit pas des déguisements, mais – peut-être suis-je mauvaise langue – que ce soit peut-être dans leurs traditions d’honorer ainsi leurs clients ?), mais les gens doivent aimer cela, la preuve, c’est chez eux que je vais … je « discute » avec eux (Achoub, il a un peu vécu en son temps … en France), et même ils « discutent » avec moi ; ils sont sympas, je dois paraître sympa, ils paraissent fatigués. Enfin à l’heure de la rupture du jeûne, eh bien, ils vont rentrer chez eux dans leur petit appartement, et ils fêteront alors (enfin ?)… la fin du Ramazan, peut-être un peu esseulés … me feraient-ils signe, me poseraient-ils « la » question ? mais ils n’osent pas trop me le demander, poussant les limites de leur réserves de pauvres … Alors, c’est peut-être un signe, quand je leur dis que je cherche un lieu d’hébergement pour ce soir, ils me disent, sans trop se concerter et sans trop réfléchir : ben chez nous, c’est petit, c’est pauvre, mais si voulez … et voilà une bonne expérience : la fête de la fin du Ramazan, avec eux, autour d’un repas frugal (complété par ce que j’ai pu trouver, et finalement, on en a eu … beaucoup). Pas trop de discussions, ou tout au moins sur des sujets divers et variés mais quelle importance ? En tout cas, rien que le fait d’être contents ensemble, dans nos limites, entre le rien et le trop, ça a été un bel exemple de vie, un épiphénomène certainement bien plus adapté que l’abondance surfaite du buffet de ce matin, et que je souhaitais tout simplement partager avec vous !
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