Omar, il est touchant, par moment, on aurait pu penser qu’il cherche un pont, même scabreux et rouillé, pour franchir le fleuve qui le sépare de son avenir … C’est en passant par le marché pour acheter un peu de fruits (mais samedi après-midi, y’a plus de fruits au marché, y’a juste des cageots vides), qu’on est arrivés, Ben et moi sur le bord du fleuve … Omar, il était tout triste, il était comme devant un mur, on espère que s’il ne trouvait pas le pont qui enjamberait son fleuve, il ne tomberait pas dedans … On a pas voulu le déranger, on s’est mis sur un banc, mais c’est lui qui est venu et qui a cherché à converser. Et ça a duré au moins une heure, on a failli pas manger ce soir, on aurait aimé partager le repas avec lui, mais Omar, il se méfie, il voulait rentrer chez lui, mais sans qu’on sache où il habite … On pouvait pas savoir qu’il était pas chrétien, en Croatie. En voilà encore un, un paumé de la vie, et pas – nécessairement – de sa faute ! Pourvu qu’il la trouve la paix, sa paix … En tout cas, par rapport aux autres gens croisés aujourd’hui, on peut dire que dans cette ville sans caractère (ou avec un peu trop vis-à-vis de lui), notre hôte du pèlerin, c’est bien lui : merci, Omar !
Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :
Omar de Metkovic
Omar, il n’a même pas voulu me dire son prénom (seulement voilà, il a été trahi, son portable a sonné et il s’est présenté (lol). Tout comme il n’a pas trop voulu être pris en photo, alors le téléobjectif, c’est peut-être lourd dans le sac à dos, seulement ça sert de temps en temps ! Donc Omar, il est serbe, il vit depuis toujours ici, ses parents sont morts, sa femme est partie, et Omar … Il est musulman ! alors dans un pays, la Croatie, qui insiste fortement sur le fait que les croates sont catholiques, Omar (avec un pareil prénom), il ne peut bien se sentir ici … mais il y a sa maison … Et il n’a plus de boulot, parce qu’il est musulman (et qu’une fois il a demandé à pratiquer le Ramadan). Alors Omar, quand je le rencontre sur le quai du fleuve, au coucher du soleil, il sort un peu de sa torpeur et il est content de parler un peu en anglais, car il pas bête, Omar … seulement, Omar est d’origine serbe et il est musulman, et ça, l’un comme l’autre, ça lui colle à la peau et ça ne peut être changé …
"Le monde n’est pas en paix et ne sera jamais en paix, tant que les hommes ne seront pas en paix, tant qu’ils ne laisseront pas tomber les peintures stupides qui les recouvrent, et qu’ils ne comprendront pas que ce qui compte, c’est seulement ce qu’ils ont en leur cœur … je vous envie d’aller à Jérusalem, Jérusalem, pour vous chrétiens, c’est quelque chose, Jérusalem, pour nous musulmans, c’est quelque chose aussi, et pourtant ce sont certainement les mêmes choses !" (Omar)
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