Pensée Spirituelle
"La vallée des larmes entoure la montagne du bonheur."
(Daniel DESBIENS)
Péricope Biblique
Péricope Biblique
"Même si je marche dans la vallée de l'ombre profonde, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. Ta baguette et ton bâton, voilà ce qui me console."
(Ps 23, 4)
Péricope Coranique
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Le récit de Moïse t'est-il parvenu ? Quand son Seigneur l'appela, dans Touwa, la vallée sanctifiée : «Va vers Pharaon. Vraiment, il s'est rebellé !. Puis dis-lui : «Voudrais-tu te purifier ? et que je te guide vers ton Seigneur afin que tu Le craignes ? ». Il lui fit voir le très grand miracle."
(Sourate 79 [Les anges qui arrachent les âmes], Versets 15 - 20)
Le silence du désert … Aujourd’hui, découverte du Liban de l’intérieur, de la montagne accidentée, de la végétation luxuriante et de la vie séculaire chrétienne : direction la vallée de la Qadisha ! Christiane me dépose à la gare routière idoine, je suis trop heureux de ne pas avoir à conduire, c’est tellement dangereux ici, presque pire qu’en Syrie ! Et puis ça bouchonne de partout, c’est très mal indiqué, ah ce que mes hôtes ne font décidément pas pour moi, depuis le début de mon périple ! Ca y est, un bus pour longer la côte vers le Nord, qui me dépose à une sortie d’autoroute, je poireaute à attendre un taxi qui me mène plus loin à l’intérieur des terres, surtout, une consigne : ne pas stresser de ne pas connaître plus de trois mots d’arabe, il y aura toujours une solution pour aller plus loin, El’Amdoulah ! allez, je redescends du monstre roulant, jamais deux sans trois, maintenant c’est au tour d’un minibus de me faire poursuivre mon chemin, et pas grave si le départ n’est pas pour tout de suite, la population locale est si entreprenante dans sa gentillesse, à croire qu’elle n’est pas habituée à voir passer du pèlerin … et pourtant … et pourtant une fois déposé au haut de la falaise rocheuse, à quelques pas de l’entrée de B’charé, de nombreux panneaux m’indiquent que la route que je vais emprunter recèle de tellement de monastères, d’ermitages et de constructions religieuses diverses que ce canyon de 17 kms de long, en pleine montagne sauvage pas loin d’un forêt de cèdres va bien démontrer que son surnom de « vallée sainte », emprunté de tous temps par des marcheurs à la recherche de vie et de spiritualité n’est pas usurpé. Il fait frisquette, on est à plus de 1.500 mètres en cette mi-Octobre, le soleil éclaire la roche, la route descend en lacets pas âme qui vive, on se croirait dans le silence du Sahara, les dunes en moins et la montagne en plus, le sable en moins et la végétation en plus. C’est bien cela, sous d’autres clichés, le « désert » que nos ancêtres gagnaient pour se retirer du monde ! Allez, un premier monastère, celui de Saint-Elisée, adossé au rocher et en utilisant toutes les anfractuosités, labyrinthe anarchiquement troglodyte, magnifiquement restauré, mais … sans moines (le seul qui tient une permanence quotidienne est parti se restaurer dans son monastère moderne au cœur de B’charé, quel ermite à temps partiel !). Bon, la seule âme qui vive est la gardienne du magasin de souvenirs, c’est vrai que j’aurais pu acheter et vous ramener quelque souvenir, fidèles lecteurs, il y en a pour tous les goûts, mais à mon goût : il y a trop de mauvais goût !!! Même pas de quoi boire, c’est un comble avec toutes ces cascades et ces ruisseaux, tant pis, je vais me taper la cloche … en silence, au seul troquet ouvert du coin où je serai le seul pérégrin ! Allez, je repars, la route devient chemin, le chemin devient sentier, je croise tout un groupe de jeunes qui revient d’un pèlerinage semble-t-il très détendu, mais ils sont sympas, pas trop bruyants les potaches ! je vous passe la journée, c’est le désert de paroles dans un désert de faune au fond de la vallée à pic, seulement troublé tout d’un coup par … le tintement de cloches qui se met en route automatiquement (vivent dame lumière et la fée électricité qui ont déclenché cette douce mélodie) pour m’annoncer la prochaine arrivée au bercail nocturne, encore quelques pas, quelques taxis qui sont là pour transporter les rares pèlerins en charentaises qui auraient pu me tenir compagnie, des lumières qui s’allument du haut de leurs poteaux en plein jour sur le chemin, de la musique religieuse syriaque et des consignes trilingues pour accueillir en pleine nature et protéger … Vive la modernité inattendue, mais est-ce bien nécessaire (j’apprendrais que les sœurs disposent de tout un système avec sept caméras et des écrans vidéo pour contrôler sur tous les chemins d’accès le marcheur qui est alors en train de montrer sa fraise sur le chemin d’arrivée vers le monastère) … Allez, on retrouve un peu de silence, voilà le monastère, deux sœurs qui présentent les peintures de l’église à un groupe italien, sœur Hyam me prend littéralement sous sa coupe, elle veut tout savoir et tout noter quand je lui explique ce que je fais ici … Le temps de poser mon sac, de me restaurer (faut manger, qu’elle me dit, et ça, elle va y pourvoir !), je laisse mon sac et je continue par le sentier qui se poursuit à flanc de vallée pour gagner le tombeau des patriarches maronites, le sanctuaire de sainte Marine et divers ermitages … Toujours tout seul, c’est beauté, c’est nature, c’est vie … Allez, il est temps de regagner le monastère, probablement je serai seul ce soir, il est annoncé un groupe de quelques femmes qui viendront avec un prêtre pour prier en adoration toute la nuit, le confort est assez spartiate ici, une salle d’accueil du pèlerin qui veut s’auto-restaurer, l’appartement du patriarche qui sera pour le curé de ce soir, moi, j’hérite d’un matelas et d’une couverture … dans l’église sainte-Marine, ancienne grotte aménagée, me voilà en odeur de sainteté … Sainteté relative (lol !) renforcée par la diffusion à tue-tête de musique enregistrée légèrement pop pour l’Angélus dans tout ce coin de la vallée et par la prière des Vêpres dans un petit sanctuaire troglodyte avec les deux sœurs, où nous alternons chants en syriaque (c’est beau !) et lectures de textes tirés de l’Apocalypse (assortis à la grande fresque du Christ Pandokrátor dans l’abside de l’église. Pourquoi ce choix, est-ce un signe pour cette nuit pacifique ou apocalyptique ?) en tout cas, après une discussion à bâton rompu autour d’une bien curieuse infusion avec sœur Hyam et le prêtre carmo-maronite qui débarque depuis B’charé vers les dix heures du soir, je vais me coucher … Mais quel est donc ce barouf qui gagne ma grotte d’ermite, sont-ce les âmes des moines-momies qui dorment dans leurs cercueils vitrés dans la pièce d’à-côté (je sens que cela commence à vous intéresser), ou bien les statues de l’église qui ont-elles-aussi été équipées de matériel sonore dernier cri … Le mystère plane, alors que je songe à cette belle vallée qu’on ne peut considérer que selon la maxime affichée au monastère de Saint-Elisé : « Si tu es athée, admire ! Si tu es croyant, prie ! Si tu es stupide, écris ton nom sur le mur (ou – j’ajouterai – jette des papiers, abîme la végétation, fais du bruit, …) », car ici, au monastère Notre-Dame de Qannoubine, j’ai bien trouvé (décidément tout est écrit / éclairé / sonorisé ici) : « Tout est mariage de noblesse, de dignité et de propreté » !
Salut, Salam, Shalom: ton expérience s'enrichit et nous enrichi de jour en jour. Par tes rencontres, tu prouves que la Paix est possible.
RépondreSupprimerContinue, ça fait du bien de te suivre pas après pas. Bisous du fond du brouillard jarvillois mais surtout du fond du coeur.
Bonjour Benoit, un coucou de Normandie
RépondreSupprimerJe vois que tu es ravi de l'expérience humaine que tu es en train de vivre !! (géniale et enrichissante) même si les douleurs physiques sont là tout de même.
Les rencontres ne compensent pas l'éloignement et le manque de tes proches mais au moins elles te réchauffent le cœur et contribuent aux petits bonheurs de la vie (c’est le but !).
J'ai lu que tu avais quitté la Syrie et que tu étais maintenant entre de bonnes mains au Liban.
Repos et visites , c’est cool.
La repression qui sévit sur le peuple Syrien (pas prévue dans le programme) a du assombrir ton périple mais relativisons, car le pire est surtout vécu par la population locale.
Pour tout ce voyage plein d’embuches et de surprises, BRAVO Benoit !
Je te souhaite bon courage pour la suite de ton parcours.
Profite au maximum de ces instants, surtout des bons moments !
Amicalement - Christine