Moi, j’aime bien l’odeur des souks, les parfums des épices, les échoppes de tout et de rien, les propositions de babioles, les gens qui passent et qui vous regardent avec étonnement, les alepiens et les alepiennes qui vous sourient et qui vous parlent sans se rendre compte que vous avez été fainéants et que vous auriez quand-même pu apprendre quelques mots d’arabe de plus (hein Ben, même si tu en retrouves, quelques reliques de mots au fond de ta mémoire, c’est quand même bien loin, tes études d’arabe à Sfisef en Algérie, tu aurais pu passer le cap du troisième millénaire !). Heureusement, Abu, il est là pour tout nous expliquer, pour nous faire tout découvrir, mais aussi … pour aborder tous ceux qu’il trouve sur son chemin … Et là, faut peut-être mieux pas trop connaître l’arabe, car notre copain Abu, il dit beaucoup ce qu’il pense ! finalement, cela me fait penser à ces petits boulots qu’on voit partout ici, à ces gens qui restent accroupis toute la journée sur un trottoir avec devant eux un pèse-personne électronique (ah, Teraillon !), leur seule occupation étant de recueillir les quelques livres syriaques que leur donnera un client qui se mettra dessus pour connaître instantanément et avec précision son poids … Bref, cela me fait penser qu’ici, tout est affaire de dose, de donner le bon poids aux choses, à soi et à sa vie (voilà que je deviens Amédée-le-philosophe …), et ça me donne bien envie moi-aussi de monter sur une balance (mécanique, je suis de l’Ancien-Régime, moi), seulement pour vérifier que je n’ai pas trop abusé du foul d’Abu et que je n’ai pas besoin de me mettre au régime –le nouveau ! Parce qu’ici, tout est à la fois partage entre les deux plateaux de la balance : la juste dose et le – peut-être – excès. Pour cette leçon, merci Abu !
Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :
Abu d' Alepo
Abu, c’est l’ami de Saïd. On ne peut pas dire qu’ils se ressemblent sur tous les points, mais c’est peut-être cela qui les attire, tous les deux. Abu, à 67 ans, il est à la retraite de sa fonction au sein de l’Etat (armée ? finances ? c’est comme vous voulez !). Il habite un petit appartement haut perché dans une rue animée au cœur de l’Alepo chrétienne, son salon, il est décoré tel une caverne d’Ali Baba, sa femme je ne ferai que l’entre-apercevoir, il adore se balader à pied dans « sa » ville et le / la faire partager, et puis … Abu il est musulman, mais pas vraiment dans l’âme, et il ne le cache pas quand il échange avec toutes les personnes qu’il peut, connues ou non ! Bref, Abu, c’est un peu une grande gueule, quelqu’un qui dépasse le poids autorisé par la balance, mais quand il vous ballade dans Alep ancienne, il est puits de science … Et quand il vous invite chez lui à manger un foul, vous savez ce plat – soupe à base d’énormes haricots blancs et que vous trouvez par ici, plat de tous les jours mais aussi plat de fête, Abu il est plein de délicatesse ! Il voudrait bien que je reste plus longtemps, que je fasse la sieste sur son canapé, que je profite de son salon-oasis, mais voilà … une pérégrination, c’est un peu sans arrêts. Alors après avoir arpenté les souks et la Medina, après s’être restauré sous la – presque – tente – de bédouin, eh bien, il me faut le quitter ce bon Abu, à regret mais avec le souvenir de quelqu’un bien d’ici, avec toutes ses richesses et ses imprévus ! :
"My love Benoît, you must be the only one to do that: walk, see, meet, speak, write, hope : continue for you, continue for us, continue for the world - Peace !" (Abu)
(Mon cher Benoît, tu dois être le seul à faire cela: marcher, voir, rencontrer, échanger, écrire, espérer : continue pour toi, continue pour le monde : Paix !)
Abu, c’est l’ami de Saïd. On ne peut pas dire qu’ils se ressemblent sur tous les points, mais c’est peut-être cela qui les attire, tous les deux. Abu, à 67 ans, il est à la retraite de sa fonction au sein de l’Etat (armée ? finances ? c’est comme vous voulez !). Il habite un petit appartement haut perché dans une rue animée au cœur de l’Alepo chrétienne, son salon, il est décoré tel une caverne d’Ali Baba, sa femme je ne ferai que l’entre-apercevoir, il adore se balader à pied dans « sa » ville et le / la faire partager, et puis … Abu il est musulman, mais pas vraiment dans l’âme, et il ne le cache pas quand il échange avec toutes les personnes qu’il peut, connues ou non ! Bref, Abu, c’est un peu une grande gueule, quelqu’un qui dépasse le poids autorisé par la balance, mais quand il vous ballade dans Alep ancienne, il est puits de science … Et quand il vous invite chez lui à manger un foul, vous savez ce plat – soupe à base d’énormes haricots blancs et que vous trouvez par ici, plat de tous les jours mais aussi plat de fête, Abu il est plein de délicatesse ! Il voudrait bien que je reste plus longtemps, que je fasse la sieste sur son canapé, que je profite de son salon-oasis, mais voilà … une pérégrination, c’est un peu sans arrêts. Alors après avoir arpenté les souks et la Medina, après s’être restauré sous la – presque – tente – de bédouin, eh bien, il me faut le quitter ce bon Abu, à regret mais avec le souvenir de quelqu’un bien d’ici, avec toutes ses richesses et ses imprévus ! :
"My love Benoît, you must be the only one to do that: walk, see, meet, speak, write, hope : continue for you, continue for us, continue for the world - Peace !" (Abu)
(Mon cher Benoît, tu dois être le seul à faire cela: marcher, voir, rencontrer, échanger, écrire, espérer : continue pour toi, continue pour le monde : Paix !)
Salut Benoit,
RépondreSupprimerEn fait c'est génial, quand on est quelque part sur cette planète, qu'on y vit, qu'on y rencontre les gens, qu'on y mange leurs repas, qu'on lève les yeux vers leur ciel... On se rend compte (c'est du moins l'impression que ça donne en te lisant) que la lunette déformante de la toute-puissance "information" a tout autant un pouvoir de désinformation. C'est vraiment bien de voir ces visages de syriens, d'entendre leurs mots (même en anglais - j'adore ce "my love Benoit"!), de se rendre compte de leur "délicatesse", même pour un plat de haricots blancs, bref, toutes ces petites et grandes choses de la vie que le rouleau compresseur de la télé écrase sous prétexte de sacro-sainte sécurité! La paix est dans toute cette vie simple et quotidienne. Allez, continue ta route, tu tiens le bon bout! (Tu vas commencer à souhaiter pouvoir aller moins vite, qui sait?)
biz
yves