Oui parce que finalement, à force de faire des allers-et-retours entre un départ et une arrivée d’étape et un autre point de dodo, si ça devient compliqué à suivre pour le commun des mortels, pour moi c’est pratique : je retrouve mes pénates, mon lit, mes habitudes et … mes économies … A propos d’économies, ce soir, Tansu, il a sorti un grand sac de noisettes, issu de sa production familiale … Ce qu’il ne savait pas, c’est que si je n’ai pas franchement la tête d’un écureuil, Ben-le-Béage, il les connaît bien, lui, les noisettes, et il le connaît bien, lui, l’écureuil, tout Caisse d’Epargne qu’il est !!! Alors, on n’a pas été dépaysé, Ben il en a même pris pour les replanter en Normandie, peut-être même qu’ainsi va sortir de terre une nouvelle succursale, sait-on jamais ? Moi, en tout cas, j’ai pu jouer tranquillement avec ces quasi-billes sur le tapis du salon pendant que les garçons, ils devisaient à voix ténue sur le fameux balcon. Pas de Juliette en vue – il y a longtemps qu’on a quitté Verona – mais ils ont encore refait le monde. Faudra pas s’étonner si la terre tourne dans l’autre sens un de ces jours … Bon, notre logeur, il est de repos, alors la soirée s’éternise, faut espérer qu’il va se montrer raisonnable … Et alors on pourra dire une fois encore à notre copain rencontré aujourd'hui : merci Emmanuel !
Ils / Elles m'ont fait l'immense plaisir de m'accueillir le temps d'une nuitée :
Emmanuel de Şekerköy
Emmanuel, avec sa belle frimousse d’ange, il nous a subjugué. Ne pas mettre en pratique ses études scientifiques, préférer ramasser des fruits comme saisonnier, partir si longtemps, s’arrêter en Bosnie quelques mois pour tester le « catho » en servant les pauvres », rester au même point un an en Bulgarie en heureuse compagnie, repartir pour s’arrêter ensuite dès que l’occasion se présente de rencontrer du monde, se donner le projet à long terme d’aller voir si les pyramides n’ont pas changé de place ou n’ont pas été volées, se faire avoir par la Syrie et ne pas pouvoir y entrer par manque de visa qui va l’obliger peut-être à un plan B consistant à passer par Chypre, et toujours remettre sans souci au lendemain ce qu’il aurait pu faire hier ! Tout cela, c’est bien de la sérénité et de l’aventure moderne, non ? Alors peut-être que les anciens du Moyen-Âge ne s’y retrouveraient pas dans ce pèlerinage new-look, en tout cas si c’est une croisade, ce n’est pas pour reconquérir la Terre Promise volée par des infidèles, c’est bien pour renouer le contact dans un « nouveau monde » peut-être trop médiatique et bien zappeur. Et pour tout cela, Emmanuel, il va falloir que nous restions en contact. Bon moi, il y a aura longtemps que j’aurai repris le turbin quand tu seras encore à boire ton chaï sur les routes du Moyen-Orient, alors ce sera à mon tour de rêver de tes aventures. Continue bien et je te souhaite une belle vie, Manu, Masalama ! ...
A LIRE ABSOLUMENT !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C'est pas tous les jours Dimanche, c'est pas tous les jours qu'on rencontre un semblable, francais en terre étrangere et de surcroît en train de marcher vers la même direction, la dite-Jérusalem ! Nous nous sommes croisés donc avec Benoit à la terasse d'un café super-chic d'Ankara. Cela faisait deux jours que j'accumulais la malchance en ce qui concerne l'hospitalite à Ankara ... il faut d'abord préciser que je serais du genre "pèlerin" de la vieille école, j'avance presque sans dépenser d'argent et je confie ma destinée à ce que d'aucuns appellent la bonne étoile, qui dans mon cas brille vraiment très fort je dois l'avouer, dormir sous les ponts, dans les bergeries ou dans des maisons de passage, au bon vouloir de l'hospitalité des contrées traversées est mon sésame, la rencontre de l'autre, mon chapelet et l'abandon à la Providence mon ivresse quotidienne. Deux ans jour pour jour apres mon départ des Hautes-Alpes je rencontre un Normand en Turquie ! Drole de hasard ma foi ... nous devisons gaiement, tous content de parler un peu francais, d'échanger les expériences de route, et être pieton ici aujourd'hui peut paraître tout bonnement comme sorti d'un film de science-fiction, tant les turcs sont accrocs à leur sacro-sainte voiture et sont vraiment surpris voire incrédules quelquefois lorsque, le plus calmement du monde et pour la ènieme fois, nous leur répétons les mêmes réponses aux questions qui fusent à tout contact humain : oui, tout a pied, pas moyen de monter dans ta voiture ; si si, il y a du travail en France mais là,tu vois, je suis en train de me rendre en Israël a pied, on peut pas faire deux choses à la fois ; non ça va merci, j'ai pas mal au pieds, oui je reveux bien un thé, merci beaucoup ... et je me rend compte au fil de la conversation que, si les moyens diffèrent, l'esprit est le même, et c'est peut-etre ça qui est en fait le pèlerinage, pour répondre à la question de Benoît. Comme Benoît, j'ai nomadisé un peu aussi en Aubrac sur les chemins Jacquaires et j'ai rencontré bon nombre de jeunes gens avec ce même esprit de partage, rencontre, abandon ( plus ou moins ) à ce qui arrive, par là j'entends passer un cap et, un matin, ne plus se torturer l'esprit de ne pas savoir où et quoi manger, ou / et en compagnie de qui dormir, quelle route emprunter, où se laver, etc ... C'est peut-être ce que la marche au long cours, ou le pèlerinage, au sens étymologique du terme, procure à qui sait regarder et chercher la Joie où elle se trouve, c'est-à-dire sous nos pieds, c'est peut-être pour cela d'ailleurs que l'on marche, pour pouvoir voir ce qu'il y avait sous les semelles un pas auparavant ? Dans ce que Benoît me raconte et dans l'élan qu'il apporte à ses petites anecdotes de rencontres, la binouze aidant de plus en plus, je retrouve ce que j'ai découvert avec le temps de ce vagabondage en Europe de l'Est puis ici où c'est encore plus visible : la confiance créée par la certitude qu'il va y avoir, peut-être au detour de ce virage, une rencontre fabuleuse avec, au choix, une même dame assise sur ses jarrets au Montenegro qui partage en deux pain et patates pour t'en offrir alors que tu commencais à vraiment avoir l'estomac dans les talons; ou bien un jeune gars en Albanie en train de charger du foin sur son petit âne, et qui au bout de cinq minutes t'invite en Italien à regarder la finale du mondial de foute (!); ou encore des policiers en Turquie qui se font une joie d'avoir un misafir, te pressent de dormir sous les pommiers et t'offrent un delicieux dîner, aussi frugal soit-il ( tout cela est tiré de mon expérience personnelle, bien évidemment ) ... ainsi malgré le dépaysement procuré par le pèlerinage, la soif de grands espaces, le vent sur les crêtes, le désir de se perdre loin et ailleurs, d'être dépouillé de tout, étranger, esseulé, affamé des fois aussi évidemment, ce qui resterait dans les souvenirs serait principalement LES RENCONTRES et la quête de l'homme il me semble. J'ai été et je vais encore être, je le sais malheureusement, profondément attristé de voir combien l'homme est limité, matérialiste (combien de fois, avant MÊME de me demander mon prénom, on me demande si j'ai de l'argent ! triste miroir télévisé du luxe occidental ...), jaloux, coupé de ses racines d'avec la Nature et absolument occupé à satisfaire les trois uniques besoins modernes de l'animal-homme, j'ai nommé : manger, se reproduire et se connecter à Facebook. Mais j'ai aussi rencontré le revers de la médaille, des êtres fantastiques qui peupleront mon paysage interieur pour le restant de mes jours, comme se desaltérer à une source inespérée après de longues heures à peiner à marcher sous un soleil de plomb, la gorge desséchée de sel ... c'est l'incompréhension et le mépris qui assèchent, le partage et l'intimité automatique qui remplissent de félicité et de lumiere. Et ca existe, c'est le cadeau que (seuls ?) les pèlerins peuvent avoir la chance de recevoir sur le chemin qui les séparent d'eux-mêmes, toujours encore plus proche à mesure que le chemin se déroule sous leurs pas brûleé par la poussière des frontières ...
Benoît m'avait demandé un petit texte pour illustrer son propos et me revoilà dans mes envolées ! Juste alors la place de dire bonne chance : Benoit, mon cochon, toi tu l'as, ce foutu visa avec le drapeau de la Syrie, moi j'espère encore que le peuple syrien va faire dégager le potentat El-Assad, ouvrir ses frontières et vivre en paix entre frères d'ici mon approchée des frontières au Sud, l'espoir fait vivre comme on dit ... (Manu)
Emmanuel, avec sa belle frimousse d’ange, il nous a subjugué. Ne pas mettre en pratique ses études scientifiques, préférer ramasser des fruits comme saisonnier, partir si longtemps, s’arrêter en Bosnie quelques mois pour tester le « catho » en servant les pauvres », rester au même point un an en Bulgarie en heureuse compagnie, repartir pour s’arrêter ensuite dès que l’occasion se présente de rencontrer du monde, se donner le projet à long terme d’aller voir si les pyramides n’ont pas changé de place ou n’ont pas été volées, se faire avoir par la Syrie et ne pas pouvoir y entrer par manque de visa qui va l’obliger peut-être à un plan B consistant à passer par Chypre, et toujours remettre sans souci au lendemain ce qu’il aurait pu faire hier ! Tout cela, c’est bien de la sérénité et de l’aventure moderne, non ? Alors peut-être que les anciens du Moyen-Âge ne s’y retrouveraient pas dans ce pèlerinage new-look, en tout cas si c’est une croisade, ce n’est pas pour reconquérir la Terre Promise volée par des infidèles, c’est bien pour renouer le contact dans un « nouveau monde » peut-être trop médiatique et bien zappeur. Et pour tout cela, Emmanuel, il va falloir que nous restions en contact. Bon moi, il y a aura longtemps que j’aurai repris le turbin quand tu seras encore à boire ton chaï sur les routes du Moyen-Orient, alors ce sera à mon tour de rêver de tes aventures. Continue bien et je te souhaite une belle vie, Manu, Masalama ! ...
A LIRE ABSOLUMENT !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C'est pas tous les jours Dimanche, c'est pas tous les jours qu'on rencontre un semblable, francais en terre étrangere et de surcroît en train de marcher vers la même direction, la dite-Jérusalem ! Nous nous sommes croisés donc avec Benoit à la terasse d'un café super-chic d'Ankara. Cela faisait deux jours que j'accumulais la malchance en ce qui concerne l'hospitalite à Ankara ... il faut d'abord préciser que je serais du genre "pèlerin" de la vieille école, j'avance presque sans dépenser d'argent et je confie ma destinée à ce que d'aucuns appellent la bonne étoile, qui dans mon cas brille vraiment très fort je dois l'avouer, dormir sous les ponts, dans les bergeries ou dans des maisons de passage, au bon vouloir de l'hospitalité des contrées traversées est mon sésame, la rencontre de l'autre, mon chapelet et l'abandon à la Providence mon ivresse quotidienne. Deux ans jour pour jour apres mon départ des Hautes-Alpes je rencontre un Normand en Turquie ! Drole de hasard ma foi ... nous devisons gaiement, tous content de parler un peu francais, d'échanger les expériences de route, et être pieton ici aujourd'hui peut paraître tout bonnement comme sorti d'un film de science-fiction, tant les turcs sont accrocs à leur sacro-sainte voiture et sont vraiment surpris voire incrédules quelquefois lorsque, le plus calmement du monde et pour la ènieme fois, nous leur répétons les mêmes réponses aux questions qui fusent à tout contact humain : oui, tout a pied, pas moyen de monter dans ta voiture ; si si, il y a du travail en France mais là,tu vois, je suis en train de me rendre en Israël a pied, on peut pas faire deux choses à la fois ; non ça va merci, j'ai pas mal au pieds, oui je reveux bien un thé, merci beaucoup ... et je me rend compte au fil de la conversation que, si les moyens diffèrent, l'esprit est le même, et c'est peut-etre ça qui est en fait le pèlerinage, pour répondre à la question de Benoît. Comme Benoît, j'ai nomadisé un peu aussi en Aubrac sur les chemins Jacquaires et j'ai rencontré bon nombre de jeunes gens avec ce même esprit de partage, rencontre, abandon ( plus ou moins ) à ce qui arrive, par là j'entends passer un cap et, un matin, ne plus se torturer l'esprit de ne pas savoir où et quoi manger, ou / et en compagnie de qui dormir, quelle route emprunter, où se laver, etc ... C'est peut-être ce que la marche au long cours, ou le pèlerinage, au sens étymologique du terme, procure à qui sait regarder et chercher la Joie où elle se trouve, c'est-à-dire sous nos pieds, c'est peut-être pour cela d'ailleurs que l'on marche, pour pouvoir voir ce qu'il y avait sous les semelles un pas auparavant ? Dans ce que Benoît me raconte et dans l'élan qu'il apporte à ses petites anecdotes de rencontres, la binouze aidant de plus en plus, je retrouve ce que j'ai découvert avec le temps de ce vagabondage en Europe de l'Est puis ici où c'est encore plus visible : la confiance créée par la certitude qu'il va y avoir, peut-être au detour de ce virage, une rencontre fabuleuse avec, au choix, une même dame assise sur ses jarrets au Montenegro qui partage en deux pain et patates pour t'en offrir alors que tu commencais à vraiment avoir l'estomac dans les talons; ou bien un jeune gars en Albanie en train de charger du foin sur son petit âne, et qui au bout de cinq minutes t'invite en Italien à regarder la finale du mondial de foute (!); ou encore des policiers en Turquie qui se font une joie d'avoir un misafir, te pressent de dormir sous les pommiers et t'offrent un delicieux dîner, aussi frugal soit-il ( tout cela est tiré de mon expérience personnelle, bien évidemment ) ... ainsi malgré le dépaysement procuré par le pèlerinage, la soif de grands espaces, le vent sur les crêtes, le désir de se perdre loin et ailleurs, d'être dépouillé de tout, étranger, esseulé, affamé des fois aussi évidemment, ce qui resterait dans les souvenirs serait principalement LES RENCONTRES et la quête de l'homme il me semble. J'ai été et je vais encore être, je le sais malheureusement, profondément attristé de voir combien l'homme est limité, matérialiste (combien de fois, avant MÊME de me demander mon prénom, on me demande si j'ai de l'argent ! triste miroir télévisé du luxe occidental ...), jaloux, coupé de ses racines d'avec la Nature et absolument occupé à satisfaire les trois uniques besoins modernes de l'animal-homme, j'ai nommé : manger, se reproduire et se connecter à Facebook. Mais j'ai aussi rencontré le revers de la médaille, des êtres fantastiques qui peupleront mon paysage interieur pour le restant de mes jours, comme se desaltérer à une source inespérée après de longues heures à peiner à marcher sous un soleil de plomb, la gorge desséchée de sel ... c'est l'incompréhension et le mépris qui assèchent, le partage et l'intimité automatique qui remplissent de félicité et de lumiere. Et ca existe, c'est le cadeau que (seuls ?) les pèlerins peuvent avoir la chance de recevoir sur le chemin qui les séparent d'eux-mêmes, toujours encore plus proche à mesure que le chemin se déroule sous leurs pas brûleé par la poussière des frontières ...
Benoît m'avait demandé un petit texte pour illustrer son propos et me revoilà dans mes envolées ! Juste alors la place de dire bonne chance : Benoit, mon cochon, toi tu l'as, ce foutu visa avec le drapeau de la Syrie, moi j'espère encore que le peuple syrien va faire dégager le potentat El-Assad, ouvrir ses frontières et vivre en paix entre frères d'ici mon approchée des frontières au Sud, l'espoir fait vivre comme on dit ... (Manu)
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