Pensée Spirituelle
"Ma porte étroite, c’est l’appel du large et de l’autre"
(Sylvain TESSON)
Péricope Coranique
"Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le très Miséricordieux. La meilleure [fin] est pour ceux qui répondent à [l'appel] de leur Seigneur […] A ceux-là, la bonne demeure finale. Les jardins d'Eden, où ils entreront, ainsi que tous ceux de leurs ascendants, conjoints et descendants, qui ont été de bons croyants. De chaque porte, les Anges entreront auprès d'eux : « Paix sur vous, pour ce que vous avez enduré ! » - Comme est bonne votre demeure finale ! »"
Une porte, d’après vous, elle est faite pour être ouverte ? ou fermée ? Si l’on évoquait la même question au sujet d’une fenêtre, la réponse serait probablement plus aisée à trouver : la fenêtre, s’il fait froid ou humide, on la ferme. Mais dès qu’il fait beau et que les oiseaux chantent, alors, immédiatement, on fait comme dans la chanson : « laisse entrer le soleil ! ». Le seul risque, oh peut-être quelques moustiques, un peu trop de bruit et de vent ! Oui, mais alors, pour une porte ! à quoi sert-elle donc. Bon si on n’est pas là, rien ne sert de tenter le diable, déguisé parfois sous son accoutrement de cambrioleur, tout gentleman qu’il puisse être ! Mais lorsque nous sommes présents, que l’âtre réchauffe notre intérieur et que la douce lumière écologique de la bougie éclaire notre intérieur d’une teinte chaleureuse, pourquoi donc fermons-nous immédiatement et systématiquement notre porte à clé ? Cette porte, est-elle franchissable dans un sens … mais pas dans l’autre ? et par qui ? « ouvrons tous ces verrous fermés », dit une autre chanson … Bien-sûr, l’étranger, le méchant, le râleur, l’opportun c’est toujours l’autre ! Mais l’autre serait-il lui-aussi en droit de se faire la même réflexion que nous ? Car finalement, c’est bien comme pour un auto-stoppeur qui nous sollicite, depuis son bord du chemin ? Il peut nous laisser l’impression de quelqu’un qui va nous attaquer ? Alors pourquoi donc lui-aussi n’aurait-il pas l’impression qu’il puisse être attaqué par l’automobiliste qui le prend en charge ? Vous l’avez compris, qu’un habitacle soit dynamique ou statique, il y a autant de danger à ce qu’un routard-pérégrin-sans domicile fixe-habitant du monde attaque de braves résidents, que vice-versa !!! Eh bien voilà, pour certains, cette question ne se pose pas. Ainsi, Yalçin, jeune retraité de soixante ans, qui vit seul depuis que son couple s’est ouvert comme les deux coques d’une noix, ses enfants – une institutrice et un journaliste – volant de leurs propres ailes sur Istanbul … Yalçin, il a été professeur de littérature turque dans un lycée d’Istanbul, et, le temps de la grande liberté étant venu, il s’est installé ici, dans sa petite maison sympa comme tout, au milieu d’autres toutes pareilles, sur le bord de la route ! Son ex-femme est sur Strasbourg, il s’y rend régulièrement, il a ses activités, mais il n’aime pas trop la foule … Et chez lui, sa porte est toujours ouverte à celui ou à celle qui passe, que ce soient deux voisines d’origine bosniaque qui viennent prendre le thé, un frère qui lui amène des kebabs … Ou des pérégrins qui passent par là ! Ce qui le motive aussi, Yalçin, c’est qu’il adore la langue française, alors, s’il peut progresser, s’il se présente un « professeur » quel que soit son statut, ce sera encore mieux ! Et tant pis si la maison est en cours de réparations (et elle en a quelque peu besoin), ce n’est pas cela qui arrêtera la bonne humeur et l’ambiance chaleureuse, et tant pis si Yalçin a envie de faire une petite sieste justement à l’heure du repas, car le pérégrin, il n’a qu’à se mettre au turbin et préparer le plat collectif ! Yalçin, il n’est vraiment pas compliqué, à croire qu’il ne dira jamais non !
Finalement cette longue marche vire au championnat de backgammon ! Enfant, j'y jouais avec mon cousin. Cela s'appelait le jacquet. Et comment appele-t-on un pélerin en route pour Compostelle ? Un jaquet. Voilà, cher Benoît, c'était "la preuve par l'étymologie". Bonne continuation.
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