Pensée Spirituelle
"Ce sont les moments difficiles que nous tolérons en toute conscience qui, en nous traversant, nous purifient"
(Guy FINLEY)
Péricope Biblique
"La justice garde la voix honnête, la méchanceté cause la ruine du pêcheur. Tel joue au riche qui n’a rien, tel fait le pauvre qui a de grands biens"
(Pr 13, 6 – 7)
(Pr 13, 6 – 7)
Deux développements pour ce jour, en lien avec le thème :
« La vie et le Fric » - ça vous dit ?
Nous commencerons cette séquence par une partie culturelle. Vous connaissez – peut-être – mon goût pour tout ce qui est classé patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Comme tout classement selon des normes, il est à la fois « objectif » et « subjectif », mais il permet au moins de se rendre compte que dans certains cas particuliers, l’union entre l’homme et la nature peut atteindre le « presque-parfait » … La dernière fois que nous l’avions évoqué ensemble, il s‘agissait de la ville de Vicenza et des fameuses réalisations architecturales de Palladio. Vous vous en souvenez, on était encore en Italie ! c’était de la pierre, du massif, du matériel. Cette fois-ci, à Sinj, le classement est d’une toute autre dimension, celle de l’immatériel. Comme évoqué hier, il se déroule dans la ville de Sinj (nous sommes bien dans la région de Cetinska krajina) un tournoi de chevaliers, appelé « Le Sinjska alka », tous les ans depuis 1717. Pendant la compétition, les chevaliers lancent leurs chevaux au galop dans la rue principale de la ville en visant de leur lance un anneau de fer suspendu à une corde. Le nom du tournoi vient de l’alka ou anneau, un mot dont les origines turques reflètent la co-existence historique et les échanges culturels entre les deux civilisations. N’est-il pas intéressant que l’UNESCO ait pu reconnaître et inscrire cette pratique sans aucun aspect pécunier (en même temps que celles de l'art de pain d'épice du nord de la Croatie et de la pratique du chant Ojkanje !) sur la liste du patrimoine immatériel. Cela ne mange pas de pain, non, comme dirait l’autre !
Bon, je passerai sous silence le déroulement de cette journée, bitume, cagna, et de moins en moins de trafic, pour en venir à l’anecdote du jour. Nous voilà arrivés dans cette charmante « petite ville » (moins de 1000 habitants) de Cista Provo. Sur la carte, c’est écrit en gras, mais cela ne veut rien dire ! En effet, deux pizzerias, neuf cafés, et … ni hôtel ni chambres. Je sens que cela ne donne pas grand-chose de tenter de se faire héberger chez les croates, alors j’interroge les gens à la terrasse des cafés. Eh bien, pour la première fois depuis mon arrivée en ce doux pays touristique, trois jeunes me proposent un hébergement chez l’habitant ! mauvaise langue que je suis … Enfin, c’est dans un appartement indépendant de la maison du-dit café, seul souci, il n’y a pas d’eau, mais me disent-ils, ils vont m’en amener, de l’eau à boire (avec des glaçons, s’il vous plaît) et pour me laver ! sympa, non, à deux jours de quitter le pays ! Pas question d’argent me disent-ils, ainsi que les parents, ça fait plaisir de loger un français … On me montre les lieux, un vrai taudis-bazar, mais il y a bien un lit, alors ça ira parfaitement ! Je m’installe, on m’amène de l’eau, et un des jeunes, ami du fils de la maison, me glisse que la patronne « aimerait bien que je la paie, de l’ordre de 20 Euros (équivalents à 155 Kn – couronnes croates –, somme astronomique ici, quand on sait que le salaire mensuel moyen d’un employé est de 300 à 500 Kn). Je lui dis que non, que je veux bien donner 50 Kn (le double de la chambre à Knin, car il ne faut pas pousser trop loin le bouchon), tout est d’accord … Et pour être sympa, je vais même jusqu’à proposer aux trois jeunes qui ont eu une initiative d’adultes, de leur payer une pizza … RV à 20 heures ! Sieste ! Je me rends dans le café, histoire que tout soit clair entre nous (soupçons ?) … Tout va bien, je trouve le patron et l’un des trois jeunes. L’après-midi se passe … sans le moindre client. Et oui, de là vient certainement le souci. Cette ville était située à un carrefour routier stratégique, et Drazen possède un grand café à l’aménagement maintenant un peu kitsch, mais depuis que l’autoroute a été construite à proximité, la clientèle a chuté … Au point que cet après-midi et ce soir, pas un seul client, non, pas un seul. Evidemment pour Drazen, c’est démoralisant : l’œuvre de 27 ans d’un David-barman contre un Goliath-autoroute, mais cette fois-ci l’issue est fatale ! et Drazen me montre les photos de son chalet-résidence secondaire en Bosnie, et tous ses voyages à l’étranger, le tout en me martelant de « money-shit ! » (on évitera la traduction …). Seulement dans la famille, la mère ne travaille pas, les deux aînés non plus, et tout le monde sauf le père est à la mer cet après-midi, et ça roule en 4x4 et en scooters … Mais pas de rentrées d’argent ! on commande la pizza, que je paie bien-sûr, on discute (je ne serai jamais resté aussi longtemps de ma vie à glander dans un bar) en anglais approximatif … Drazen me propose même de prendre une douche dans leur salle de bains (même capharnaüm) dans leur maison que dans « mon » appartement, … On me demande sans arrêt si je veux aller ou non me coucher, Drazen me dit d’attendre si je veux bien le retour de la famille et des amis de la mer pour faire la fête … Les voilà qui rentrent, s’installent à l’autre bout du bar, puis Drazen me propose de « me joindre à la soirée familiale ». Mais voilà, ils passent leur temps avec leur téléphone portable (deux à trois en moyenne par personne), ou à hurler (quelle voix, Suzanna !) avec de grands gestes. Sympa, non … Puis cela se calme un peu, je commence à ne plus passer inaperçu, on parle de moi … On me demande ce que je veux boire, et si je paie la tournée (si, si), on m’offre même des casquettes et des objets religieux (un chapelet en olivier venant de Jérusalem, moi qui y vais) … Et puis le temps passe … Je vais me coucher, accompagné du père et du fils, qui me ramènent de l’eau. Et c’est là qu’on me demande si je veux bien payer … de l’ordre de 50 Euros (et en Euros). Bon, je comprends mieux la manœuvre : la famille sans fric trop contente de tomber sur un français pour réparer les canalisations d’eau pétées par le gel l’hiver dernier … Je donne 50 Kn, l’au-revoir est aussi glacial que les glaçons apportés, mais on se donne RV promis demain matin dans la salle de café pour … un café ! on verra bien …
La morale de cette histoire, c’est que j’aurais peut-être dû ouvrir mon compte pour ces « pauvres gens » qui, comme la plupart des Croates selon la remarque de Drazen lui-même cet après-midi, ne demandent qu’à entrer dans l’Europe (en 2013 ?) pour toucher de l’argent, mais qui chez eux attendent que le temps passe (souvent à la terrasse des cafés) et s’ils travaillent, ils souhaitent que cela ne dépasse pas tout au plus trois mois par an … Ah, le monde sera en paix quand le fric (« money shit ! ») ne pourrira plus autant les existences et les relations ! suite au prochain numéro !!!
Bon, je passerai sous silence le déroulement de cette journée, bitume, cagna, et de moins en moins de trafic, pour en venir à l’anecdote du jour. Nous voilà arrivés dans cette charmante « petite ville » (moins de 1000 habitants) de Cista Provo. Sur la carte, c’est écrit en gras, mais cela ne veut rien dire ! En effet, deux pizzerias, neuf cafés, et … ni hôtel ni chambres. Je sens que cela ne donne pas grand-chose de tenter de se faire héberger chez les croates, alors j’interroge les gens à la terrasse des cafés. Eh bien, pour la première fois depuis mon arrivée en ce doux pays touristique, trois jeunes me proposent un hébergement chez l’habitant ! mauvaise langue que je suis … Enfin, c’est dans un appartement indépendant de la maison du-dit café, seul souci, il n’y a pas d’eau, mais me disent-ils, ils vont m’en amener, de l’eau à boire (avec des glaçons, s’il vous plaît) et pour me laver ! sympa, non, à deux jours de quitter le pays ! Pas question d’argent me disent-ils, ainsi que les parents, ça fait plaisir de loger un français … On me montre les lieux, un vrai taudis-bazar, mais il y a bien un lit, alors ça ira parfaitement ! Je m’installe, on m’amène de l’eau, et un des jeunes, ami du fils de la maison, me glisse que la patronne « aimerait bien que je la paie, de l’ordre de 20 Euros (équivalents à 155 Kn – couronnes croates –, somme astronomique ici, quand on sait que le salaire mensuel moyen d’un employé est de 300 à 500 Kn). Je lui dis que non, que je veux bien donner 50 Kn (le double de la chambre à Knin, car il ne faut pas pousser trop loin le bouchon), tout est d’accord … Et pour être sympa, je vais même jusqu’à proposer aux trois jeunes qui ont eu une initiative d’adultes, de leur payer une pizza … RV à 20 heures ! Sieste ! Je me rends dans le café, histoire que tout soit clair entre nous (soupçons ?) … Tout va bien, je trouve le patron et l’un des trois jeunes. L’après-midi se passe … sans le moindre client. Et oui, de là vient certainement le souci. Cette ville était située à un carrefour routier stratégique, et Drazen possède un grand café à l’aménagement maintenant un peu kitsch, mais depuis que l’autoroute a été construite à proximité, la clientèle a chuté … Au point que cet après-midi et ce soir, pas un seul client, non, pas un seul. Evidemment pour Drazen, c’est démoralisant : l’œuvre de 27 ans d’un David-barman contre un Goliath-autoroute, mais cette fois-ci l’issue est fatale ! et Drazen me montre les photos de son chalet-résidence secondaire en Bosnie, et tous ses voyages à l’étranger, le tout en me martelant de « money-shit ! » (on évitera la traduction …). Seulement dans la famille, la mère ne travaille pas, les deux aînés non plus, et tout le monde sauf le père est à la mer cet après-midi, et ça roule en 4x4 et en scooters … Mais pas de rentrées d’argent ! on commande la pizza, que je paie bien-sûr, on discute (je ne serai jamais resté aussi longtemps de ma vie à glander dans un bar) en anglais approximatif … Drazen me propose même de prendre une douche dans leur salle de bains (même capharnaüm) dans leur maison que dans « mon » appartement, … On me demande sans arrêt si je veux aller ou non me coucher, Drazen me dit d’attendre si je veux bien le retour de la famille et des amis de la mer pour faire la fête … Les voilà qui rentrent, s’installent à l’autre bout du bar, puis Drazen me propose de « me joindre à la soirée familiale ». Mais voilà, ils passent leur temps avec leur téléphone portable (deux à trois en moyenne par personne), ou à hurler (quelle voix, Suzanna !) avec de grands gestes. Sympa, non … Puis cela se calme un peu, je commence à ne plus passer inaperçu, on parle de moi … On me demande ce que je veux boire, et si je paie la tournée (si, si), on m’offre même des casquettes et des objets religieux (un chapelet en olivier venant de Jérusalem, moi qui y vais) … Et puis le temps passe … Je vais me coucher, accompagné du père et du fils, qui me ramènent de l’eau. Et c’est là qu’on me demande si je veux bien payer … de l’ordre de 50 Euros (et en Euros). Bon, je comprends mieux la manœuvre : la famille sans fric trop contente de tomber sur un français pour réparer les canalisations d’eau pétées par le gel l’hiver dernier … Je donne 50 Kn, l’au-revoir est aussi glacial que les glaçons apportés, mais on se donne RV promis demain matin dans la salle de café pour … un café ! on verra bien …
La morale de cette histoire, c’est que j’aurais peut-être dû ouvrir mon compte pour ces « pauvres gens » qui, comme la plupart des Croates selon la remarque de Drazen lui-même cet après-midi, ne demandent qu’à entrer dans l’Europe (en 2013 ?) pour toucher de l’argent, mais qui chez eux attendent que le temps passe (souvent à la terrasse des cafés) et s’ils travaillent, ils souhaitent que cela ne dépasse pas tout au plus trois mois par an … Ah, le monde sera en paix quand le fric (« money shit ! ») ne pourrira plus autant les existences et les relations ! suite au prochain numéro !!!
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